La compétition dans la lecture du saint coran est une vieille tradition entre talibés de différentes écoles coraniques. A Sevaré, dans la région de Mopti, elle a lieu chaque année en août. L’édition de 2014 qui avait lieu le 20 août dernier s’est terminée dans un bain de sang comme c’est d’ailleurs le cas très souvent avec un mort et dix sept blessés. Motif des affrontements, Fatayani de Sokoura a reproché à Bodouna autre école de Sokoura, initiatrice de la compétition de l’avoir ignorée pour inviter Safaragou, une école de Medina coura, un quartier de Mopti.
Dans certaines grandes villes, on voit déambuler entre les véhicules le long des artères, de petits enfants, torse et pieds nus, abandonnés par leurs parents aux intempéries, tenant en main un récipient. Il parait que ce sont des talibés, théoriquement sous la garde d’un maître coranique qui leur apprend tout sauf le coran.
Et s’ils échappent à se faire écraser par un véhicule dans la circulation, nombreux sont ceux qui versent dans la déviance et se retrouvent entre les quatre murs sans maîtriser la moindre sourate de prière. Ceci n’est pas une bonne image que l’on donne du talibé. Dans la région de Mopti, les talibés apprennent le saint coran sous la conduite d’un maître digne de ce nom. Chaque année, ces élèves coraniques donnent la preuve de leur érudition devant un auditoire connaisseur à travers une compétition de lecture du saint coran. Cela ne date pas d’aujourd’hui, mais Satan comme c’est le cas très souvent hélas, s’est invité à l’édition de cette année. Celle-ci avait lieu dans l’après midi le mercredi 20 août dernier à l’initiative de Seydou Ba, un élève de l’école de Badouna de Sokoura(Sevaré) dont on dit qu’il a un niveau au dessus de la moyenne. Il avait invité ses homologues de Safaragou, une école coranique du quartier de Medina coura de Mopti à venir mesurer leur niveau au leur.
Cette invitation a fait des jaloux, en l’occurrence les voisins de l’école de Fatayani de Sokoura, emmenés par Mahamadou Cissé. Ils reprochent à Seydou Ba et à ses camarades d’avoir invité des élèves qui viennent de loin alors qu’eux sont plus proches. Ismaël Dicko, 17 ans, autre pensionnaire de Fatayani était particulièrement virulent et a déversé peu après 17H, des insanités sur les élèves de Badouna. Ce fut l’étincelle qui allait mettre le feu aux poudres. Les camarades de Seydou Ba ont été mal inspirés de se ruer sur Ismaël pour le rouer de coups car, les camarades de celui-ci étaient armés de coupe-coupe, de couteaux, de barres d’acier, etc. La bataille a été sanglante et le pire se serait produit si le Commissaire Principal de Police Karamoko Diané, patron du Commissariat de Sevaré et son adjoint, le Commissaire de Police Mamby Traoré et leurs éléments alertés par téléphone, n’avaient pas été prompts à se déployer. Ils mirent fin aux affrontements en désarmant les protagonistes. Mais le mal était fait. Dans les deux camps, il y avait des blessés à peu près une vingtaine. Ils furent évacués au centre de santé de référence de Sevaré.
L’un d’eux, Ismaël Dicko, âgé de 17 ans, originaire d’Ouro-Sadio dans le cercle de Diré, grièvement blessé fut évacué à l’hôpital Somino Dolo. Malgré des réanimations, il a succombé à ses blessures vers 19 H. Le procureur de la République a ordonné une autopsie. Après les soins, les dix sept autres ont été conduits au Commissariat de Police, entendus sur procès- verbal et déférés devant le Procureur. L’initiative des compétitions est certes heureuse, mais l’objectif est détourné et chaque année, on assiste à des affrontements cycliques. Pourtant, c’est bien prévisible s’il y a une autorité.
Autre presse