« Monographie de la famille Théra et affiliés » est un livre dont le lancement officiel vient d’avoir lieu à la Bibliothèque nationale en présence d’hommes politiques, d’historiens et de nombreux amis de l’Association de la famille Théra et affiliés, organisatrice de la cérémonie.
Le griot, conteur et traditionaliste, Guésséré Mama, a d’abord retracé la lignée des Théra. Ce maître de la parole a conté le parcours des ancêtres des Théra, évoquant les villes et villages où ils se sont installés depuis des siècles jusqu’à nos jours. Selon le griot, le nom de famille Théra tire son origine de Tiréra qui est un nom de famille soninké ou sarakolé. Avec l’évolution du temps et les changements de lieu de résidence, ces Tiréra qui se sont éparpillés un peu partout à travers le Sahel, ont donné naissance au nom de famille Théra.
A la suite du traditionaliste, Ousmane Théra, membre du bureau de l’Association de la famille Théra et affiliés, a expliqué que ce livre renseigne sur l’origine des Théra depuis des siècles. L’ouvrage de plus de 470 pages est, explique-t-il, le fruit de plusieurs dizaines d’années de recherches et de travaux effectués par un certain Sory Ibrahim Théra. Chacune des parties donne des éclairages beaucoup plus fouillés et plus détaillés les uns que les autres sur les Théra et leurs origines.
Selon Sory Ibrahim Théra, l’auteur du livre, est son père qui est à l’origine, depuis les années 1920, de l’initiative de ce travail de recherche en vue de la confection d’un monographie sur les Théra. A la mort du père, un de ses fils, le frère ainé de l’auteur, a repris le flambeau pour la suite jusqu’en 1940. A la mort de ce dernier, plusieurs années après, le tour de Sory Ibrahim Théra était venu de poursuivre le travail de recherche entamé par ses prédécesseurs. En somme, indiquera l’auteur, ce livre est une œuvre de toute une famille.
Revenant sur l’historique de l’origine de son nom de famille, l’auteur a expliqué que ce nom est difficilement dissociable des différentes localités du pays où les Théra se sont installés depuis des siècles. Cela a commencé par un certain Mama Dinga vers le 5ème siècle dans le Ouagadou. L’auteur a confirmé en partie les dires du conteur traditionaliste, en expliquant que le nom de famille Théra tire son origine de Téréna ou Tiréra (voyageur en langue Soninké) avant de devenir Théra à la suite des déformations de langage selon les localités.
L’auteur a ensuite expliqué la façon dont les descendants des famille Tiréra, à l’origine de Théra, se sont déplacés par vague durant le 9ème siècle jusqu’à se retrouver dans le « Bwatun » à San dans la région de Ségou. Avec une parfaite maîtrise de cette histoire, Sory Ibrahim Théra a expliqué dans les moindres détails la façon dont l’origine de son nom de famille a évolué dans le temps, à travers les mariages que leurs grands pères et arrières grands pères ont contracté avec d’autres noms de familles et d’autres ethnies de ce pays.
Sory Ibrahim Théra a précisé que le livre s’articulait autour de deux chapitres essentiels : les origines et la généalogie des Théra.
Plusieurs historiens et hommes de lettres se sont succédé à la tribune pour encourager nos compatriotes à imiter l’auteur de la « Monographie des Théra » afin de valoriser notre patrimoine immatériel et culturel. Ils ont insisté sur la nécessité pour la nouvelle génération de connaître ses origines. « Connais-toi, toi-même. Si tu ne connais pas qui tu es, les autres te diront qui tu es et d’où tu viens», ont ainsi rappelé certains intervenants.
Le représentant du ministre de la Culture, Almamy I. Koureichi, a regretté que nous soyons aujourd’hui dans un pays où l’on est en passe de perdre nos repères. Et surtout où, nombre de nos compatriotes ignorent, jusqu’à présent, qui ils sont en réalité.
Evoquant l’ouvrage, il assure l’avoir consulté avec enthousiasme. « En le feuilletant, je me suis rendu compte des liens que nous avons tissés entre nous dans ce pays depuis des siècles. C’est cela aussi le Mali », s’est-il réjoui en saluant la démarche de l’association qui, selon lui, est salutaire pour la promotion de la culture.
Mh. TRAORE
source : L’Essor