130 morts. Un bilan malheureusement provisoire. La plupart des femmes et des enfants. Des images insoutenables. L’Italie craque face à ce énième drame de l’immigration clandestine. Ce jeudi, l’île italienne de Lampedusa a vécu une véritable tragédie. Alors que les secours ont repris les recherches, il n’y a plus d’espoir de retrouvé des survivants alors que près de 200 personne sont toujours portées disparues.

Deuil national

La maire de Lampedusa, Guisi Nicolini, en pleurs. Cette image a fait le tour du monde. “C’est une horreur, une horreur; ils n’arrêtent pas d’apporter des corps”, n’arrêtait-elle pas de répéter, choquée par le spectacle des bâches recouvrant les dizaines de cadavres alignés sur un quai de l’île. Elle a envoyé un télégramme amer au Premier ministre Enrico Letta lui demandant de venir lui aussi “compter les morts” et a accusé l’Europe de “détourner le regard[..] face à l’énième massacre d’innocents”.

Un des migrants sauvé de la noyade par les gardes-côtes italiens

Selon les autorités italiennes, l’embarcation qui a fait naufrage, venait de la Libye et transportait 450 à 500 migrants, en majorité des Somaliens et Érythréens. Seulement 150 d’entre eux ont pu être sauvés. Le skiper du bateau a lui été arrêté.

L’épave du bateau gît maintenant à 40 mètres de profondeur, et les recherches ont repris ce vendredi après avoir été arrêtées dans la nuit du jeudi. “Il y a encore plein de cadavres. On ne peut pas dire combien; ils sont tous serrés les uns contre les autres, on ne voit que les premiers”, a expliqué un des sauveteurs.

La présidence du Conseil des ministres en Italie, a annoncé qu’un “deuil national allait être proclamé”. Rome a confirmé l’annonce en décrétant un “deuil national” pour la journée de vendredi. Une minute de silence sera observée dans toutes les écoles ainsi qu’avant tous les matchs de football du championnat.

Drame humain

Selon les premiers témoignages, ce sont les migrants eux-mêmes qui auraient mis le feu au bateau, en voulant attirer l’attention sur l’embarcation qui prenait l’eau. “De peur qu’il ne coule, les migrants ont enflammé une couverture mais cela a provoqué un incendie, puis le navire a chaviré”, a rapporté un journaliste sur place.

Une jeune Érythréenne encore en vie a été retrouvée parmi les cadavres déposés dans un hangar, après qu’un sauveteur eut remarqué qu’elle respirait encore. La jeune femme a été placée en réanimation à l’hôpital de Palerme, en Sicile, où elle se trouve dans un état grave, déshydratée, en hypothermie, atteinte d’une pneumonie après avoir ingéré, comme les autres victimes, du gazole échappé du bateau.

Le pape, qui s’était rendu pour son tout premier voyage hors de Rome à Lampedusa début juillet – pendant lequel il avait déjà attiré l’attention sur les drames de l’immigration – a parlé de “honte” face aux “nombreuses victimes de cet énième naufrage”.