L’Assemblée Nationale devait se réunir en séance plénière de délibération, hier jeudi 27 novembre 2014, pour aborder un ordre du jour bien précis : des questions orales adressées à deux membres du Gouvernement et des questions d’actualité, avant d’aborder l’examen de plusieurs projets de loi déposés sur la table. Mais très vite cette séance s’est transformée en une tribune de protestation contre l’interpellation du député Bourama Tidiane Traoré dit “Bananzolé Bourama” au motif qu’il a agressé le juge de paix de Ouélessébougou, le mardi en fin d’après-midi.
Nous relations les faits dans notre édition d’hier. Selon les explications du Juge Amadou Touré dit Diadié, c’est aux environs de 18 heures que l’honorable député a fait son entrée dans son bureau, au tribunal de Ouélessébougou le mardi 25 novembre 2014 dans l’après-midi, pour l’interpeller sur un dossier en instruction qui porte sur un champ. D’après le juge, ses explications n’auraient pas satisfait le député, qui se serait jeté sur lui pour lui donner des coups de poings. C’est ainsi, aux dires du Juge, qu’il s’est retrouvé dans l’obligation de se défendre contre le député-agresseur.
Le député du cercle de Kati, l’honorable Bourama Tidiane Traoré dit “Bananzolé Bourama” aurait, dans sa version des faits devant le Camp I de la gendarmerie où il a été convoqué avant-hier, affirmé que c’est plutôt le juge qui lui a donné le premier un coup de poing dans le visage. Le député reconnaît s’être rendu au tribunal de la localité où il a rencontré le juge. D’après ses explications, c’est le comportement du juge qui voulait le traiter comme un vulguaire malpropre, en lui cachant des choses, qui expliquerait l’affrontement physique.
Donc hier jeudi dans la matinée, Bourama Tidiane Traoré dit “Bananzolé Bourama” a été trainé devant le tribunal de la Commune VI pour être jugé.
Informés de la nouvelle, les députés qui devaient se réunir en session plénière ont d’abord rechigné à regagner la salle de délibération en protestation contre l’arrestation et la poursuite judiciaire engagée contre l’un des leurs. Très conscients des risques que leur collègue encourt, les députés ont manifesté leur solidarité à son endroit en transformant, séance tenante, la session d’hier en un examen de la procédure désormais ouverte contre “Bananzolé Bourama”.
Compte tenu de l’urgence de la situation, le parlement a décidé d’agir vite avant qu’il ne soit trop tard. À l’ouverture de la séance plénière par le président Issiaka Sidibé, ce fut une valse de contestations qui a plongé la salle dans une cacophonie indescriptible. L’un après l’autre, les députés se sont succédés au pupitre pour dénoncer le sort réservé au député élu dans le cercle de Kati. Le président Sidibé a eu beaucoup de mal à contenir la colère des députés. “Si un député est malmené, c’est moi qui suis malmené”, a déclaré l’honorable Issiaka Sidibé.
Selon les informations distillées ça et là au sein de l’Assemblée Nationale, le député “Bananzolé Bourama” aurait passé deux nuits au Camp I de la Gendarmerie avant d’être trimbalé devant le tribunal de la Commune VI pour être jugé.
Après moult condamnations et propos récriminatoires, les députés ont voté hier, à l’unanimité, une motion exigeant la libération immédiate du député Bourama Tidiane Traoré et la suspension de la poursuite judiciaire engagée contre lui.
Selon nos informations, l’audience devant le tribunal de la Commune VI d’hier a été renvoyée au 3 décembre 2014. Sursis pour le député-agresseur? Sommes-nous en face du début d’un bras de fer entre l’institution judiciaire et celle législative? Attendons voir.
Laya DIARRA