Le maire de Tripoli a été libéré jeudi soir après plusieurs heures de détention dans des circonstances confuses, a annoncé le Conseil municipal dans un bref communiqué.
“Libération du maire de Tripoli Abdelraouf Hassan Beitelmal”, a-t-on indiqué sans autre détail.
Le Conseil municipal a annoncé dans la matinée que Abdelraouf Hassan Beitelmal, maire de la capitale libyenne depuis août 2015, avait été “enlevé” chez lui dans la nuit de mercredi à jeudi par un groupe armé inconnu.
Des hommes armés ont pris d’assaut la maison du maire et l’ont emmené “par la force des armes” vers une destination inconnue, selon ce texte.
Le bureau du procureur général a toutefois indiqué plus tard que le maire était en état d’arrestation et interrogé par la police.
Il est “soumis à des procédures légales”, a indiqué à l’AFP le chef des investigations au bureau du procureur général, Seddik al-Sour.
Il est “actuellement interrogé par la direction générale des investigations sous l’autorité du procureur général”, a-t-il ajouté, affirmant que le maire pourrait être “relâché à tout moment”.
M. Sour n’a pas donné de détails sur les accusations qui pèsent sur le maire ni sur les circonstances de son arrestation, mais une source des services de sécurité a précisé à l’AFP qu’il avait été “arrêté” dans le cadre d’une “affaire de corruption”.
Le Conseil municipal a dénoncé dans un deuxième communiqué une “tentative de brouiller la vérité sur l’enlèvement et tromper l’opinion publique”. Il a affirmé que le maire ainsi que deux de ses enfants avaient été “agressés” lors de l'”enlèvement”.
– “Crime organisé” –
Le Conseil municipal avait appelé le gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, à “prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour libérer” le maire.
Il a par ailleurs annoncé la suspension de toutes ses activités pour protester contre cet “enlèvement”.
Un membre du Conseil municipal a indiqué à l’AFP que le maire n’avait pas reçu de convocation pour comparaître devant la justice.
La mission de l’ONU en Libye a condamné un “enlèvement” et a “mis en garde contre la multiplication des cas d’enlèvement dans la ville de Tripoli”, appelant toutes les parties “à dénoncer clairement cette tendance inquiétante à Tripoli et ailleurs en Libye”.
De son côté, l’ambassadeur britannique, Frank Baker, a dit être “très préoccupé par l’enlèvement”, soulignant que “le crime organisé est une grande menace pour la sécurité de la population en Libye”.
La Libye est sous la coupe de milices depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. En outre, deux autorités politiques se disputent le pouvoir: d’un côté, le GNA qui siège à Tripoli, et de l’autre, une autorité exerçant son pouvoir dans l’est du pays avec le soutien du maréchal Khalifa Haftar.
La sécurité s’est toutefois améliorée à Tripoli depuis l’été, des groupes loyaux au GNA étant parvenus à chasser de la capitale des formations rivales, au prix de combats meurtriers. Les enlèvements restent toutefois fréquents.
Slate afrique