La traversée des frontières doit être plus sûre et plus sécurisée pour les personnes détenant des documents de voyage valides dont les droits et la santé seront protégés dans leurs pays de résidence
Le projet « solution à la libre circulation des personnes et à la migration en Afrique de l’ouest » (FMM West Africa) a entamé, hier à l’hôtel Radisson Blu, un séminaire de sensibilisation sur le mécanisme national de suivi de la libre circulation des véhicules de transport, des personnes et des biens. L’ouverture de cette rencontre de 3 jours était présidée par Nfaly Sanoh, directeur de la libre circulation et du tourisme à la Commission de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Elle s’est déroulée en présence de Cédric Merel, chef section infrastructure de la délégation de l’Union européenne, Marco Bordignon, représentant du FMM West Africa et des représentants de la police, de la gendarmerie, de la douane, des eaux et forêts et des transporteurs.
L’Afrique de l’ouest est un espace de flux migratoires importants. Environ 6 millions de migrants s’y déplacent quotidiennement. C’est un capital humain qui nécessite une réelle attention afin de maximiser les gains de la migration et prendre des mesures pour réguler et réduire ses effets pervers, tels que le trafic des personnes, la criminalité transfrontière, le trafic de drogue et le blanchiment d’argent.
La Commission de la CEDEAO entend opérer une mutation par une structuration de ses prestations sur le terrain autour de la problématique de la circulation des personnes, de la migration et de la sécurité des États membres. La communauté entend doter l’Afrique de l’ouest de mécanismes opérationnels de suivi de la libre circulation des personnes et de la migration qui permettront de faciliter le passage aux frontières terrestres des personnes détenant des documents de voyage valides. La traversée des frontières doit être plus sûre et plus sécurisée pour les migrants dont les droits et la santé seront protégés dans leurs pays de résidence. Ces mécanismes doivent identifier et prioriser des actions fortes à mettre en œuvre à court et moyen termes pour lever les entraves à la libre circulation des personnes et disposer d’informations sur le mouvement des migrants.
Ce mécanisme repose sur un document de contrôle informatisé et sécurisé, a expliqué Nfaly Sanoh. Il contient le manifeste électronique des passagers, les fiches de fouille de la police, de la douane, des eaux et forêts et de la gendarmerie qui officient désormais dans les gares routières inter-Etats. Le document offre des avantages économiques et sécuritaires grâce à la suppression des faux prêts, la réduction des charges d’exploitation et au gain de temps, a-t-il assuré. La CEDEAO s’est attelée, depuis plus d’une décennie, à créer les conditions d’une plus grande mobilité bénéfique aux populations, a-t-il rappelé. Des résultats tangibles ont été obtenus, avec notamment la suppression du visa d’entrée, la possibilité de résider et de s’établir, la création d’un carnet de voyage, la confection du passeport CEDEAO et de la carte d’identité biométrique CEDEAO, a cité Nfaly. Ces résultats sont aujourd’hui une source d’inspiration pour de nombreuses organisations africaines et il est indispensable de consolider les acquis en matière de libre circulation. « La liberté d’aller et venir promise aux populations est en train de prendre un coup sérieux. Avec la question des rackets et autres formes de tracasseries qui sont devenus quotidiens, les nombreuses initiatives prises par la CEDEAO ont montré des limites », a constaté Sanoh. La CEDEAO qui a procédé au lancement du même projet en Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina Faso, au Benin et au Togo va le faire dans les autres États membres dans les mois à venir, a assuré Sanoh.
Cédric Merel a, lui, jugé que la libre circulation des personnes et des biens était une des valeurs communautaires fondamentales pour le développement économique et social de l’Afrique de l’ouest. Il existe déjà au Mali un certain nombre de dispositions visant à faciliter le transit des biens et des personnes, a-t-il souligné en estimant à ce propos que le projet de soutien à la libre circulation des personnes et à la migration viendra contribuer à ces dispositions.
Sur la question de l’entretien routier, un cofinancement du fonds d’entretien routier et du fonds européen de développement prévoit des travaux à haute intensité de main d’œuvre, a annoncé le chef de la section infrastructure de la délégation de l’Union européenne. Une partie de ce fonds permettra de créer des emplois nécessitant peu de qualifications à travers le pays, a-t-il précisé. Cédric Merel a déploré la surcharge des poids lourds qui détruit le patrimoine routier existant. Avec une moyenne de 60% et un coût de 37 milliards Fcfa par an, cette question reste centrale dans toutes les discussions en lien avec la facilitation des transports, a noté le représentant de l’UE.
Les actions du projet « soutien de la libre circulation des personnes et les migrations en Afrique de l’ouest » sont financées par l’Union européenne et la Commission de la CEDEAO, a rappelé Marco Bordignon. Le projet a pour but d’assister techniquement et d’apporter de nouveaux progrès dans l’agenda de CEDEAO sur la libre circulation. Les actions du projet concernent les huit pays membres de la CEDEAO, a confirmé Marco Bordignon.
Mamoudou KANAMBAYE
Source : L’ Essor