IBK fera-t-il pire que le président déchu ATT ? Cette question revient ces derniers temps sur nombre de lèvres des Maliennes et des Maliens, au regard d’un début de gestion des affaires de l’Etat par le nouveau locataire de Koulouba, jugé catastrophique.
Aussitôt plébiscité à la Magistrature suprême de notre pays, puisque nos compatriotes pensaient qu’il est «l’homme de la situation, l’homme de poigne ayant une grande carrure de chef d’Etat», IBK aurait-il commencé à déraper ? En tout cas d’aucuns parlent déjà de «bévues» ou d’erreurs d’appréciation de la nouvelle impulsion qu’il veut inculquer au Mali pour le remettre sur de bons rails. Et selon un observateur de la scène politique malienne, «le premier gouvernement d’IBK a toutes les tares des précédentes équipes d’ATT, notamment la pléthore pour satisfaire tout le monde : alliés politiques, clan familial, fidèles serviteurs, opportunistes de la 22ème heure… Bref, un dosage inquiétant de méritants et de ceux qui semblent être surpris de se retrouver à un tel niveau de responsabilités». Mais, poursuit-il, là où Ladji Bourama (IBK) a réellement dribblé ses partisans, c’est l’élargissement des élus apatrides du Mnla qui, il y a quelques mois seulement, ont versé le sang des Maliens, piétiné les symboles de la République en s’alliant avec le Diable, pardon avec des Jihadistes… Et partout où ces renégats avaient droit à la parole, l’image du Mali a été piétinée dans la boue».
Chose paradoxale, alors que tous les Maliens qui ont voté massivement pour IBK afin qu’il vienne «botter et mater» ces irrédentistes rebelles armés aux comportements anti-nationalistes, le voilà qui choisit une alternative incompréhensible. Pire qu’ATT qu’on considérait comme «trop complaisant, amorphe et non intransigeant» avec ces rebelles armés, IBK, lui, a une nouvelle trouvaille assez bizarre : leur libération sans passer par les rouages de la justice malienne dont il est d’ailleurs le premier garant. Complicité, laxisme ou impuissance à gérer le dossier sous la pression de certains pays occidentaux, notamment la France ?
Or, c’est cette justice malienne qui avait lancé des mandats d’arrêt, le 8 février dernier, contre plusieurs responsables de ces groupes armés, dont le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), à l’origine de l’offensive ayant pour conséquence la prise de contrôle du Nord-Mali par les jihadistes. «Des poursuites ont été engagées contre plusieurs responsables des mouvements criminels suivants : Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion touareg), Ançar Dine (islamiste), Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), des narco-trafiquants, et tous font l’objet de mandats d’arrêt à exécuter tant sur le plan national qu’international», avait précisé Daniel Tessougué, Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, dans un communiqué lu à la télévision nationale (Ortm).
Avant de poursuivre : «Les faits qui leur sont reprochés sont, entre autres: terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sûreté de l’Etat, à l’intégrité du territoire national par la guerre, emploi illégal de la force armée, dévastation et pillage publics, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux, trafic international de drogue».
Il est important de rappeler qu’au total, ce sont 26 personnes qui sont concernées par ces mandats d’arrêt, dont Bilal Ag Achérif, Secrétaire général du Mnla ; Iyad Ag Ghaly, chef d’Ançar Dine ; Oumar Ould Hamaha et Sidi Mohamed Ould Boumama, d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ainsi que Chérif Ould Attaher, membre du Mujao. Et dans cette liste, figure également Alghabasse Ag Intalla, cité comme appartenant à Ançar Dine. Or, ce dernier est devenu, depuis 24 janvier dernier, le chef du Mouvement islamique de l’Azawad (Mia), né d’une scission avec le groupe jihadiste dirigé par Iyad Ag Ghaly.
Au regard de ce qui précède, cette double décision d’IBK (libération des 23 terroristes et levée des mandats d’arrêts des membres des groupes armés) est une véritable insulte à la Nation malienne.
Source: Le Flambeau