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Libération des otages : la joie d’être libre, l’émotion des retrouvailles

Après six mois de captivité pour le chef de file de l’opposition, et quatre ans pour l’otage française, les deux otages enlevés par le GSIM (Groupe de Soutien à l’islam et aux Musulmans), dirigé par le chef terroriste touareg Iyad Ag Ghali, sont arrivés jeudi soir, aux environs de 22 heures, à Bamako où, ils ont été accueillis au Palais de Koulouba par les nouvelles autorités maliennes. Avec eux, deux autres otages italiens ont été libérés. Une nuit longue, très longue à Bamako.

 

Jeudi 08 octobre 2020, 19h03mn, aérodrome de Tessalit. Il fait, déjà, nuit. Ou presque. Il fait froid. Le vent souffle, soulevant un nuage de poussière rouge. Sur le tarmac de l’aérodrome, une poignée de personnes enturbannées, lampes-torches en main.
Soudain, pluie tombe. L’avion militaire, à bord duquel les, désormais, ex-otages avaient été embarqués quelques minutes plutôt, se lance dans les airs.
Le chef de file de l’opposition, l’humanitaire française et leurs codétenus italiens viennent d’esquisser leurs premiers pas vers la liberté. C’est la fin d’une interminable attente, pour leur famille, dont certaines avaient perdu tout espoir de les retrouver vivant.
Destination : Bamako, la capitale malienne. Sans escale.
Leader du parti URD (Union pour la République et la Démocratie), arrivé deux fois en seconde position aux présidentielles de 2013 et de 2018, Soumaïla Cissé a été kidnappé, le 25 mars dernier, alors qu’il était en compagne à Koumaïra, petite bourgade de son fief de Niafunké, dans la région de Niafunké ; tandis que Sophie Pétronin, l’humanitaire française a été enlevée, en décembre 2016, à Gao où, il dirige une ONG suisse. Ils ont, tous deux, été transférés à Tessalit, dans l’extrême nord du pays, non loin de la frontière algérienne où, ils retrouveront deux autres otages italiens.

Libération de 204 djihadistes du GSIM

L’attente aura été longue, interminable. Du moins, jusqu’à la diffusion de la première vidéo de l’otage française. S’en suit, il y a quelques semaines, de lettres de Soumaïla Cissé, transmises à sa famille par l’entremise du CICR.
Après l’échec des négociations entamées, avec les ravisseurs, par des notables de Tombouctou, Hamada Ag Bibi, un ex-député de Kidal, propose ses services. La suite, on la connaît.
Contre la libération de ces quatre otages, l’émir du GSIM, Iyad Ag Ghali exige la libération de 206 djihadistes, croupissant dans les prisons maliennes ; mais aussi, une rançon, dont le montant n’a pas été encore précisé.
Prévue, mardi 07 octobre, l’arrivée des ex-otages a été retardée, le temps pour les ravisseurs de mettre les 206 djihadistes à l’abris. Avant de procéder à la libération des otages.

Emotion des retrouvailles

22h15 mn : piloté par un colonel de l’armée malienne, l’avion militaire, à bord duquel se trouvent les otages, s’immobilise sur le tarmac de l’Aéroport international Modibo Keïta, déjà, pris d’assaut par les familles et proches. Emue jusqu’aux larmes, la foule tente de forcer la barrière de sécurité. Les forces de sécurité, elles, tentent de les maintenir sur place. Impossible.
« Salut, toi ! », lance Soumaïla Cissé, souriant, à son épouse, en la prenant dans ses bras.
Voyant sa mère rejoindre, à pas mesurés, le salon d’accueil, Sébastien Chadaud-Pétronin, fils de Sophie Pétronin, se jette dans les bras de sa mère. Le visage inondé de larmes, il crie : « Maman ! Maman ! ».
Tout de blanc vêtus, enturbannés, amaigris et, visiblement, fatigués par plusieurs mois de captivité et, pire, dans des conditions climatiques infrahumaines, les otages se portent, apparemment, bien.
Embarqués dans les véhicules de la présidence de la République, les quatre ex-otages sont conduits au Palais de Koulouba où, ils ont été accueillis par Bah N’Daw, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition, Moctar Ouane, Premier ministre…

Aucune maltraitance, physique ou verbale

« Je n’ai subi aucune maltraitance, ni physique, ni verbale, de la part des ravisseurs », indique Soumaïla Cissé. Avant d’adresser ses remerciements aux autorités maliennes ; mais aussi, aux pays de la CEDEAO et à toutes les personnes de bonne volonté, qui se sont investies pour leur libération.
Aussi, le chef de file de l’opposition malienne n’a pas manqué l’occasion d’attirer l’attention des atorités maliennes sur le cas de plusieurs autres maliens – civils comme militaires – encore en captivité au nord du pays.
Aux environs de 23 heures, Sophie Pétronin, l’ex-otage française est conduite à l’ambassade de France où, ils passeront la nuit. Avant d’embarquer, le lendemain, à bord d’un avion spécial, dépêché depuis Paris, jeudi après-midi.
Le chef de file de l’opposition malienne rentre à son domicile, entouré de son épouse, de ses enfants et ses petits-enfants.
Devant son domicile, l’heure est à la fête. Par centaines, ses amis, parents et proches manifestent, toute la nuit, leur joie.
Un nouveau jour s’élève sur Bamako. Avec ses espoirs et ses incertitudes.

 

Oumar Babi

Canard Déchaîné

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