La partie est cette fois-ci bien engagée, après plus de quinze mois de bouderie qui ont été autant de rendez-vous manqués entre la classe politique démocratique, républicaine et légaliste. Des mois précédents ou succédant les Assises nationales de la Refondation, auxquelles ils n’avaient pas tous participées, aux mois qui viennent de s’écouler, entre mars, avril, mai et juin, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Des incidents de rien du tout qui ont vu des hommes politiques s’exiler et d’autres arpenter les couloirs des tribunaux pour des procès qui ne leur ont pas été du tout favorables. Des chroniqueurs et hommes de médias qui ont fait entorse à l’orthodoxie en matière de droits humains ou de liberté d’expression ont eu à faire à la police cybercriminalité.
C’est arrivé comme ça aussi avec les dix à onze hommes politiques arrêtés en juin, en pleine réunion secrète à Bako Djikoroni chez un des leurs, Moustapha Dicko, appelé à devenir Dougoutiggi dans sa localité d’origine, alors qu’il a maille à partir avec la justice de son pays.
Dans ces mystérieuses conditions, le gouvernement vient de prendre la décision, ce mercredi 10 juillet en réunion du Conseil des ministres, d’autoriser la levée de la suspension des activités des Partis politiques et des activités des associations à caractère politique.
Et le président de l’AIGE (autorité indépendante de gestion des élections), Moustapha Cissé, les invite dans la foulée, à une rencontre ce lundi 15 juillet, au Centre international de conférence de Bamako, selon le communiqué parvenu à la rédaction. L’autorité Indépendante de la gestion des élections (AIGE) leur a adressé une correspondance, apprend-t-on, dans laquelle elle invite les partis politiques à une prime réunion de contact et d’échange dans le cadre de la décrispation et de l’apaisement des tensions politiques entre autorités de la Transition et classe politique malienne.
Conformément à sa mission l’AIGE est appelée à régulièrement se concerter avec les acteurs dans le cadre des activités du cadre de concertation AIGE-Organisation de la société civile.
C’est suite à la levée de la suspension des activités politiques en Conseil de ministres que le président de l’instance de régulation des élections, Moustapha Cissé, a jugé nécessaire illico presto de les convier à une réunion qui a lieu ce lundi 15 juillet à partir de 15 heures dans la salle des banquiers du Centre international de conférences de Bamako (CICB). Le communiqué informe que «l’ordre du jour comporte les points suivants : la relance des activités du cadre et les questions diverses».
Pour rappel, le gouvernement avait subitement interrompu toutes activités politiques dans l’espace public jusqu’à nouvel ordre, afin de mettre à profit cette période de stand-by pour conclure le Dialogue Inter-Maliens en beauté.
D’aucuns diront qu’il s’est agi d’en profiter pour écarter et enfermer toutes les voix discordantes, quand ce n’est pas d’autres acteurs qui ont pris la poudre d’escampette pour trouver asile ailleurs. Avec cette levée de suspension des activités des partis politiques et associations à caractère politique, le discours va changer et la rhétorique devrait être consacrée à la préparation des conditions de déroulement d’une élection transparente, fiable et régulière. À l’occasion de cette rencontre du jour entre l’AIGE et les acteurs concernés et futurs ou virtuels candidats candidatables à des élections, cette levée de suspension va peser dans la balance pour offrir aux formations politiques des argumentaires en béton, afin de se repositionner ou de gagner en crédibilité devant une partie de l’opinion malienne très révulsée contre beaucoup parmi leurs collègues en fuite ou en exil.
Ils ne vont pas manquer aussi de réclamer la libération des prisonniers politiques, comme ils le disent dans les discussions de grins ou sur les réseaux sociaux et les groupes whatsapp qu’ils animent. Mais, ce qui est certain et évident pour nombre d’observateurs, c’est le volontarisme des autorités actuelles d’aller vers des élections sincères sans exclusive, hors les dispositions du Code électoral et du texte constitutionnel.
Sous cet angle, le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Conseil des Ministres a déjà posé un acte significatif avec le décret portant levée de la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Par annulation du décret n°2024-0230/PT-RM du 10 avril 2024, qui avait permis de suspendre les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations.
Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a un ouf de soulagement pour tous les démocrates qui n’étaient pas sûrs ni rassurés que ce soit une mesure préventive et provisoire. Car la mesure était motivée par «le besoin de sauvegarde de l’ordre public, au regard des multiples défis auxquels le pays faisait face, tant sur le plan sécuritaire que sur le plan du climat politique et social, en vue de l’organisation sereine du Dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale sur toute l’étendue du territoire national», dixit.
À cet égard, le gouvernement malien a tôt fait de revenir dans les rails d’une gouvernance ouverte, volontaire, sociale, apaisée et consensuelle, comme l’ont laissé engendre les conclusions du Dialogue dont le plan d’action et le comité de rédaction de la Charte nationale sont déjà en place, pour accompagner le processus électoral dans des termes mieux indiqués que les seuls textes du Code électoral ne pouvait garantir à tous les acteurs. En ce sens, la levée de la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractères politiques des associations, arrive à son heure.
Aussi bien le ministre lui-même que les préfets, gouverneurs et sous-préfets, autant que les hommes politiques et leurs soutiens locaux et étrangers, tout le monde doit pouvoir se réjouir de cette décision. Surtout qu’elle intervient au lendemain du lancement de la Confédération AES, un projet dont les acteurs politiques ont, bien sûr, leurs mots à dire.
Mais, si l’on se réfère à arrestation le 20 juin de la bande à Moustapha Dicko signataires du M31, cette mesure a pu «contenir toutes les menaces de troubles à l’ordre public qui planaient» et dont certains craignaient et que d’autres appelaient de leurs vœux pour voir la Transition échouée et le bateau Mali coulé. Dieu n’ayant pas exaucé leurs vœux, la réalité est toute autre en ce moment. Car l’organisation du Dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale va déboucher naturellement sur la rédaction de la Chatte nationale pour la paix et la réconciliation dont l’équipe est déjà en place.
Il est donc impérieux que les dix à onze responsables de l’alliance de l’opposition malienne (le douzième réfugié dans les toilettes ayant réussi à s’extirper du lot) appelée «Plateforme de la déclaration commune du 31 mars» qui sont entre les mains de la justice, reviennent à la raison pour savoir que ce régime n’est opposé à personne sinon qu’il fait l’objet de critiques et d’oppositions vaines et inutiles et sans fondement. Au vu des importants enjeux de tous ordres qui nous attendent échéances désormais. S’ils avaient un peu de jugeote, kils auraient compris que l’on ne fait pas dans la clandestinité avec les services de renseignements très près de nos réalités quotidiennes, et où que nous nous trouvions. Ce qui ne transforme pas l’État central sous la transition avec Assimi en un État policier arbitraire et dictatorial. Que nenni ! Il est plutôt bon et sage de s’armer de courage et d’idées neuves pour aller à la rencontre des populations, siège de toute légitimité dont eux les politiciens ont besoin pour arriver au pouvoir et qu’il leur faudra expliquer les pour et les contre de leur opposition au régime en place. Aussi bien dans les localités libérées de l’insécurité que dans celles encore en proie au banditisme organisé de criminels et autres énergumènes.
En ce moment placés sous mandat de dépôt, ils doivent prier du fond de leurs cellules dans les différentes maisons d’arrêts où ils se trouvent incarcérés que le procureur du tribunal de la commune V de Bamako ait un avis clément les concernant. Ceci prouve et dépend bien évidemment aussi de l’indépendance de la justice qui n’est plus à tester. Car quand le parquet les poursuit pour «tentative de déstabilisation, d’atteinte à la sûreté de l’État et de troubles à l’ordre public», ce n’est plus l’affaire d’Assimi ou d’Abdoulaye Maïga. Nous sommes tous des justiciables et des contribuables astreints et assignés à s’en remettre à la justice de notre pays. En attendant une suite heureuse ou un procès démocratique aux normes des critères posés par la réglementation Cedeao et Uemoa en matière de défense de l’accusé.
Pour terminer, sachons garder raison, pour avancer dans la mise en œuvre des recommandations du Dialogue, dans un climat de maîtrise de la situation sécuritaire, politique et sociale. C’est le souhait du Gouvernement et du Pm Choguel Maïga. Quant à Assimi, ce n’est pas lui qui va décider de lever la mesure de suspension qui frappait les partis politiques et les activités à caractère politique des associations, ni faire libérer tel ou tel citoyen des griffes de la justice, quel que fût ses liens de parenté avec cette personne. Il l’a dit et redit. Mais ici, parfois, des vérités simples et audibles ont du mal à passer. Que faire ? C’est encore nous Maliens dans nous et chez qui on se dit tout et où tout se dit. C’est cela une vraie LIBERTÉ D’EXPRESSION…. Auquel le Peuple debout et alerte tient beaucoup.
KML
Source: L’Aube