« Il vous reste encore une chance, une seule, de rester éternellement dans les annales et les livres d’or de l’histoire du grand Mali »
Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Cher Président, Cher oncle,
C’est avec peine, amertume et espoir que je vous écris ces mots.
De la peine pour tout ce qui arrive à notre beau pays, le Mali.
De l’amertume face à mon impuissance de sortir mon pays de cet effroyable cauchemar qui est, hélas, une pire réalité.
De l’espoir, beaucoup d’espoir, en pensant que ces petits mots trouveront un écho favorable auprès de votre haute bienveillance.
Excellence, Monsieur le Président,
Je ne vous apprends rien en vous disant que le pays va mal ! Le Mali va mal, très mal !
Nous assistons impuissamment à la désintégration de notre bien-aimé pays et de ses valeurs.
Le pays dans son ensemble, dans tous ses secteurs, est paralysé par des mouvements sociaux sans précédent.
La violence nous gagne. Elle devient notre quotidien. La misère nous tue, la mauvaise gouvernance aussi.
Les dignes fils du pays tombent de jour en jour, un à un, deux à deux, cent par cent. Koulougnon ! Dioura ! Ogossagou ! J’en passe. Monsieur le Président, nous avons atteint la ligne rouge.
Souvenez-vous de vos 77% en 2013. C’était plus qu’un chiffre, plus qu’un score électoral : c’était la somme de la confiance que le vaillant peuple malien a placée en vous !
Souvenez-vous, Monsieur le Président, de ce peuple qui avait foi en votre personne, IBK ou rien !
Souvenez-vous, Monsieur le Président,
de votre slogan « Pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens » ou encore « Dieu, le Mali, ma conscience »
Monsieur le Président,
Il vous reste encore une chance, une seule, de rester éternellement dans les annales et les livres d’or de l’histoire du grand Mali. Cette chance c’est le dialogue.
Malgré la casse, le peuple du Mali n’est pas et n’a jamais été rancunier. Nous avons pardonné à pire dans bien d’autres contextes.
Monsieur le Président,
tous ceux qui vous disent leurs vérités ne sont pas vos ennemis. Bien au contraire !
Cher oncle, le Mali a besoin d’un nouveau souffle, d’une nouvelle classe politique.
Ne laissez pas ce pays aux mains des politiciens de votre génération ! De grâce, emportez-la avec vous en 2023 !
Organisez des larges consultations nationales pour le débat sur un nouveau Mali, un Mali fondé sur ses valeurs d’antan. Un Mali juste où l’injustice, la corruption, bref, la mauvaise gouvernance n’a aucune place !
Un nouveau Mali, où toutes ses filles et fils, du sud, du centre, du nord se retrouvent tous ensemble pour hisser haut, plus haut ce pays qui nous est si cher. Monsieur le Président, je sais qu’au fond de vous, tel est votre souhait le plus ardent.
Créez les conditions pour un dialogue politique national, pas celui d’une transition politique ou d’un gouvernement d’union, mais celui d’une transition générationnelle. Monsieur le Président,
vous n’avez plus rien à perdre.
Monsieur le Président, vous avez consenti plusieurs efforts, votre tableau n’est pas totalement sombre, vous avez fait ce que vous avez pu dans un contexte, certes difficile, mais une bonne partie du peuple trouve que ça ne suffit pas, il en veut plus.
Notre pays a besoin de l’instauration d’un vrai dialogue inter- malien:
Un vrai dialogue avec les leaders religieux !
Un vrai dialogue avec nos frères des mouvements armés !
Un vrai dialogue avec les autres extrémistes maliens !
Un vrai dialogue entre les syndicats et le gouvernement !
Un vrai dialogue entre l’opposition et le pouvoir !
Et, tous ensemble, un vrai dialogue avec les Maliens pour une nouvelle République !
Revenir en arrière, reconnaître ses erreurs, demander pardon, ne sont pas des actes de lâcheté, mais bien au contraire, une marque des grands hommes, une marque de ceux qui ont bâti ce beau pays.
Monsieur le président, sachez que 18 millions de Maliens aiment votre personne, même si beaucoup ont des raisons légitimes de ne pas le faire.
Vous êtes, aujourd’hui, à la croisée des chemins : soit vous poursuivez celui sans issue qui vous mènera dans les abysses des oubliés de l’histoire, soit vous revenez en arrière en prenant des décisions ambitieuses pour garder à jamais votre nom, inscrit en lettres de platine, dans la glorieuse histoire du Mali. C’est le chemin du vrai et sincère dialogue entre tous les fils de ce pays.
Enfin, Monsieur le Président, loin de moi l’idée de vous tenir intégralement responsable de tout ce qui se passe dans le pays, mais vous avez prêté serment de sauver le Mali et l’histoire vous en donne l’occasion ce 26 mars 2019.
Toutes les grandes nations de ce monde ont connu des heures sombres avant la gloire. Espérons, espérons, espérons que celles que nous vivons nous servent de déclic.
Patriotiquement vôtre !
, citoyen malien.
Mohamed Ag ASSORY
Le Challenger