C’est un nouveau coup dur pour le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, déjà empêtré dans un vaste scandale de corruption mouillant trois de ses ministres, ce qui l’a poussé la semaine dernière à remanier son gouvernement. Jeudi 2 janvier, c’est l’état-major de l’armée turque, que l’on croyait pourtant soumis, qui a demandé la révision des procès dans lesquels des hauts gradés avaient été lourdement condamnés, parfois à la prison à vie, pour tentative de putsch contre le gouvernement de M. Erdogan.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
En évoquant les pièges tendus dans différentes affaires contre des institutions telles que l’armée, le conseiller politique du Premier ministre Yalçin Akdogan a ouvert une brèche dans laquelle l’état-major s’est empressé de s’engouffrer. « Si la justice a manipulé des dossiers à des fins politiques, elle doit rouvrir les procès Ergenekon et Balyoz, basés sur des accusations fabriquées à partir de preuves manipulées », explique l’armée turque dans sa requête.
Il n’est pas surprenant que la hiérarchie militaire tente de sauver la tête de ses officiers, parfois jusqu’au grade de chef d’état-major en retraite, dont la condamnation avait donné déjà lieu à un communiqué de grande désapprobation.
Mais alors que le gouvernement est déjà attaqué de front par l’appareil judiciaire, largement inspiré par la confrérie Gülen, et presque lâché par la police qui prête main forte aux juges et procureurs, la décision de contester ce que Tayyip Erdogan considère comme sa plus grande réussite personnelle, à savoir de mettre les militaires au pas, sonne comme le glas de son pouvoir déjà fragilisé.
L’instruction ne fait que commencer, rien ne dit qu’elle aboutira, mais cet acte de défiance, un de plus, est de mauvais augure pour lui.
RFI