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Les violences au Burundi inquiètent

Guerre civile, génocide, atrocités de masse: les pronostics varient, pour le Burundi, mais ils témoignent tous d’une inquiétude grandissante. Alors que les morts s’accumulent, que le pouvoir durcit la répression et que la médiation fait du surplace, le Conseil de sécurité des Nations unies [s’est penché sur le dossier burundais], hier.

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Le Burundi s’enfonce dans un cul-de-sac, au grand dam de la communauté internationale, dont les appels au dialogue entre le pouvoir et l’opposition sont restés vains jusqu’à maintenant.

Le président Pierre Nkurunziza semble plutôt vouloir en finir avec ses détracteurs. Une vaste opération visant à désarmer les «quartiers contestataires» a été lancée, dimanche, après l’expiration de l’ultimatum lancé à ses opposants, les enjoignant à déposer les armes en échange d’une amnistie.

Deux personnes ont été tuées hier matin lors d’un accrochage avec des policiers dans la capitale, Bujumbura, portant à au moins 12 le nombre de morts enregistrées en 72 heures.

Vendredi, c’est l’un des fils de l’éminent défenseur burundais des droits de la personne Pierre Claver Mbonimpa qui avait été retrouvé sans vie, quelques heures après avoir été arrêté par la police, ont rapporté ses proches.

Depuis le début de la répression de la contestation à un troisième mandat du président burundais, finalement réélu en juillet lors d’un scrutin contesté, plus de 200 personnes ont été tuées et 200 000 autres ont pris la route de l’exil vers les pays voisins.

«Les scénarios qui sont sur la table, c’est soit une tentative de coup d’État, soit la constitution d’une guérilla quelque part en province, soit un bain de sang à Bujumbura.»

Thierry Vircoulon
Le directeur pour l’Afrique centrale de l’ICG

Risque de «violences à grande échelle»

L’organisation International Crisis Group (ICG), spécialisée dans la prévention des conflits, craint des «atrocités de masse et une guerre civile» au Burundi, a-t-elle prévenu dans une «alerte de crise», jeudi dernier.

Certains, dont l’ambassadeur du Royaume-Uni aux Nations unies (ONU), Matthew Rycroft, évoquent même un risque de génocide, comme celui du Rwanda, en 1994.

«Nous ne devons pas laisser l’histoire se répéter», a-t-il indiqué.

Le directeur pour l’Afrique centrale de l’ICG, Thierry Vircoulon, se garde toutefois d’aller aussi loin, estimant que «le régime n’a pas la capacité de faire ça, mais il en a la mentalité».

Car si le pouvoir hutu tente de donner une dimension ethnique à la crise, affirmant que la contestation émane essentiellement des quartiers tutsis, «la population n’est pas du tout entrée dans cette rhétorique», estime le chercheur, joint par La Presse hier, au Kenya.

Le ton monte

Souvent taxée d’inaction dans la crise burundaise, la communauté internationale ne reste pourtant pas les bras croisés, affirme Thierry Vircoulon, soulignant que «les Occidentaux sont passés à la phase des sanctions face à l’absence de progrès sur le plan diplomatique».

Il y a une dizaine de jours, les États-Unis ont effectivement annoncé que le Burundi serait privé dès janvier des tarifs douaniers préférentiels accordés en vertu du programme Africa Growth and Opportunity Act.

Hier, la France a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de sanctionner les auteurs des violences ou ceux qui empêchent tout dialogue entre le gouvernement et l’opposition. [Le texte de la résolution faisait toujours l’objet de discussion au moment d’écrire ces lignes.]

Le président craint pour sa vie

«Le problème, c’est qu’on ne trouve toujours pas la façon de faire changer d’opinion les gens qui dirigent à Bujumbura», ajoute Thierry Vircoulon, qui craint que cet entêtement du pouvoir en place ne débouche sur «une escalade de la violence».

«Les scénarios qui sont sur la table, c’est soit une tentative de coup d’État, soit la constitution d’une guérilla quelque part en province, soit un bain de sang à Bujumbura», poursuit-il.

Le président burundais semble d’ailleurs lui aussi craindre une nouvelle tentative de coup d’État à son endroit, lui qui aurait quitté la capitale pour un endroit inconnu.

«Personne ne sait où il se cache», a d’ailleurs lancé le président rwandais Paul Kagame, vendredi soir, dans une déclaration très critique envers les autorités burundaises, qui «massacrent leur population du matin au soir».

-Avec l’Agence France-Presse

Source: Ma Presse

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