Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Le radicalisme islamique angoisse les Etats africains

REPROTAGE – Au 2e forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, parrainé par le ministère français de la défense, les responsables africains viennent d’échanger pendant deux jours sur les risques et les menaces qui planent sur leur continent. Le JDD était sur place.*

2e forum international Dakar paix securite Afrique

Le terrorisme, c’est le combat d’aujourd’hui. Mais le radicalisme religieux, c’est une menace dont les Africains ont peur pour le long terme. Voici résumé le thème essentiel des discussions que l’un des officiels français présents à Dakar vient d’avoir, à tour de rôle, avec une vingtaine de ses collègues africains. Bien sûr, les ministres, chefs d’état-major et responsables des services de sécurité africains ont profité de cette 2e édition de ce Forum pour échanger avec leurs partenaires français et régionaux sur les batailles en cours : Sahel, Libye, Sinaï, Somalie, Nigéria, piraterie dans le Golfe de Guinée, trafics de toutes sortes, ce sont bien les terroristes les premiers visés par l’effort militaire. En coulisses des séances plénières et des ateliers qui réunissent experts et acteurs de la lutte contre le djihadisme, les responsables militaires ont poursuivi leurs discussions pour accentuer ou accélérer leur coopération sur le terrain.

Mais cela n’a pas empêché certains dignitaires d’afficher publiquement leur angoisse à plus long terme face au radicalisme islamique qui traverse leur société. C’est ainsi que le président du Sénégal, Macky Sall, dont les services ont arrêté très récemment plusieurs imams pour des activités “terroristes”, a évoqué la nécessité d’une meilleure formation des prédicateurs religieux en Afrique. “On n’a pas  à nous imposer une autre forme de religion, le port du voile intégral ne fait pas partie de notre culture et de nos traditions”, a-t-il lancé depuis la tribune du Forum, en étant très applaudi par le public. “Il ne s’agit pas que d’un débat religieux, c’est une question de sécurité nationale”, a-t-il martelé.

La France doit-elle s’impliquer dans le débat africain?

Le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian a profité de cette séance pour donner son sentiment : “il va falloir à un moment donné qu’on se concerte pour qu’on mette en place une synergie de médiatisation de l’islam modéré, car il n’y a qu’un islam et il est modéré”, a-t-il avancé. Contrairement à certains de ses pairs qui voyaient croitre le terrorisme sur le “terreau de la pauvreté et de l’exclusion sociale”, le ministre français a indiqué que le terrorisme ne recrutait pas uniquement chez les pauvres. Autrement dit, les Africains, comme leurs frères du Proche et du Moyen Orient et des communautés musulmanes implantées en Europe, doivent aussi affronter une réalité plus sophistiquée.

“Est-ce à la France de se mêler à ce débat sur le radicalisme islamique en Afrique? Ce n’est pas sûr”, ajoute un autre officiel français qui ne nie pas pourtant la qualité des échanges de renseignement dans ce domaine. Difficile, selon lui, de parler d’une “vague de fond” de l’islamisme radical en Afrique, même si certains services ont noté la présence de plus en plus remarquée de ressortissants pakistanais qui se présentent aux frontières du Mali ou de la Côte d’Ivoire, ou de tentatives d’infiltrations de la secte terroriste Boko Haram au Togo.

“Les Africains ont des défis bien plus immenses que le terrorisme”

Islamisme radical, terrorisme, la frontière entre les deux est parfois floue. Mais les services de renseignement français et africains notent en tout cas une internationalisation de la cause djihadiste en Afrique. C’était déjà le cas dans les rangs d’Aqmi au Mali, ce serait le cas avec Daech en Libye où des cadres syriens, irakiens et yéménites ont été repérés. Quant à l’organisation Boko Haram, dont certains responsables à Dakar ont noté qu’elle avait cédé du terrain depuis quelques mois, elle inquiéterait par sa capacité à se disséminer. Un officier de renseignement présent à Dakar signale la crainte de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Burkina Faso de voir Boko Haram installer des cellules dormantes dans ces pays. Même l’Algérie aurait fait part à la France de son angoisse de voir la secte terroriste remonter vers le nord et le Maghreb via le Sénégal et la Mauritanie.

“Le terrorisme, le terrorisme… ce n’est pas ça l’Afrique d’aujourd’hui”, reprend un diplomate bien introduit dans la communauté du renseignement. “Les Africains ont des défis bien plus immenses que cela : la bonne gouvernance, la démographie, la croissance économique, l’intégrité des frontières, les opérations de maintien de la paix dans les pays qui sortent d’une crise violente”, poursuit-il. “Mais le radicalisme religieux est mêlé à toutes ces questions”, ajoute-t-il.

François Clemenceau, envoyé spécial à Dakar (Sénégal) –

Source: leJDD.fr

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance