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Les vautours planent au dessus d’une République au bord du chaos

En janvier 2012, le ciel s’est soudainement assombri sur notre pays devenu comme un champ promettant de belles récoltes menacées par un essaim de criquets. Et maintenant, la peur au ven- tre, chacun se mis à scruter le ciel en se perdant dans des prières et dans des chi- mères espérant exorciser le mal qui pointait à l’horizon. Une soudaine préoccupa- tion qui doit faire sourire les lanceurs d’alerte qui, depuis des années ne cessaient de tirer sur la sonnette d’alerte. Au point qu’ils étaient traités d’oiseaux de mauvais augure.

 

Et pourtant la menace a fait et continue à faire autant de mal qu’un essaim de cri- quets. Ce fut une tempête du désert qui est partie du septentrion pour envelopper le pays du linceul d’un deuil infini. Ce nuage toxique était pourtant perceptible. Déjà, en 1950 (lors d’une conférence sur le thème : conférence : «Dieu ne change l’Etat d’un peuple que quand les individus changent eux-mêmes) le sage Amadou Hampâté Bâ avait sonné l’alerte en exhortant les Maliens à «une œuvre constructive, à une œuvre fraternelle, à la restauration des valeurs» ; à la nécessité de «restaurer l’amour» parce qu’il est «la matière essentielle de l’har- monie ; le seul élément ca- pable de nous cimenter entre nous et donner ainsi une base solide à notre existence» ! Aujourd’hui, le temps a donné raison à ce visionnaire dont les seuls écrits auraient suffit en par- tie à nous mettre à l’abri de la décadence (politique, so- ciale, économique et cultu- relle) actuelle !

Mais, chacun a fait sem- blant de ne rien voir venir avant que le tonnerre ne gronde sous forme de rébel- lion et que des présumés ji- hadistes ne fassent déchainer le volcan des atrocités. Tout le monde était alors contraint de se réveiller. Mais, trop tard pour sauver les promet- teuses récoltes englouties par l’essaim de criquets qui, comme d’habitude, n’ont laissé que désolation. Déjà au cœur des convoitises à causse de ses immenses ressources et ses points géostratégiques, les vau- tours se sont précipités sur le pays devenu un champ de ruines. Les rapaces et les carnivores ont surgi de tous les côtés pour nous im- poser le deuil de l’unité na- tionale.

La démocratie a ouvert la boîte de Pandore. Comme celle apportée par la Déesse et que Zeus lui a interdit d’ouvrir (car elle contenait tous les maux de l’humanité, notamment la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion, l’orgueil ainsi que l’espérance), notre dé- mocratie a accouché de tous les maux qu’elle était sensée combattre voire éra- diquer. Corruption, délin- quance financière, gabegie, misère, famine, insécurité, médiocratie Autant de maux auxquels la démocra- tie a servi de terreau fertile. Dieu sait combien de Ma- liens vivent depuis des an- nées dans la souffrance, la peur, la faim et l’insécurité. Et parce que de présumés leaders politiques gèrent le pays en partageant les rentes et les dividendes sans jamais réellement se soucier de son devenir ou des préoccupations de la majorité des citoyens.

Pis, elle nous a coûté non seulement ce qui nous res- tait comme valeurs (hon- neur, dignité, bravoure, patriotisme), mais aussi l’un des plus précieux héritages laissés par les pères de l’in- dépendance : l’unité natio- nale ! Subitement, le Malien ne réfléchit plus en termes de relations sociales ou so- cioprofessionnelles voire socioculturelles, mais en fonction des considérations ethniques et régionalistes. Brusquement être peuls, dogons, sonrhaïs, touaregs voire sudistes et nordistes est devenu plus important qu’être Maliens. Le mur de l’unité nationale n’a pas ré- sisté aux appels à la séces- sion et à la souveraineté ethnique. Aujourd’hui, c’est la République qui est sur le point de voler en éclats. Nos ennemis, les vrais tou- jours tapis dans l’ombre pour jalousement observer les avancées des pères de l’Indépendance, ne deman- daient pas mieux pour don- ner l’assaut final. Ils ont profité de notre complexe, de la naïveté du peuple ainsi que la cupidité et la mégalomanie d’une élite cleptomane pour détruire tout ce qu’ils nous enviaient comme valeurs .

Se nourrissant du sang des martyrs qui ont consenti le sacrifice suprême, les insa- tiables apôtres de cette «démoncratie» libérés de leur muselière par la démo- cratie continuent de planer majestueusement sur le pays comme des vautours sur un champ de guerre en quête de restes humains ou de charognes.

Aujourd’hui, Satan a ses suppôts déguisés en politi- ciens qui planent sur le pays comme des vautours en quête de pitance. Quand on éteint un foyer, ils se dé- brouillent pour en rallumer un autre. Et tout cela juste parce qu’ils ont été exclus du banquet pour diverses raisons. Ces vautours n’ont pas soif de changement, mais de revanche voire de vengeance. «Comme tu nous a exclu du partage du gâteau, nous allons aussi tout faire pour t’empêcher de gouverner dans la tran- quillité» ! Tel semble être leur leitmotiv. Pour mieux dissimiler leurs sinistres desseins, ils instrumentali- sent le peuple. Ils disent se battre au nom d’un peuple dont ils ne se souciaient pas pourtant quand ils étaient aux affaires. Le peuple a bon dos. Pauvre «peuple» dont la souffrance est as- cendante avec ces individus sans vergogne. Et, comme un web activiste le dénon- çait, lorsque certains d’entre eux expriment des ressenti- ments personnels, la pa- rade est généralement toute trouvée: «le peuple Le peuple, ce terme noble est devenu aujourd’hui l’épou- vantail des vendeurs d’illu- sions».

Tous ces vautours et croco- diles insatiables ne pensent qu’à eux-mêmes, aux dé- lices et aux honneurs dont ils ont été privés Ce sont eux qui, ces dernières an- nées, font du Centre un champ de ruines et désola- tion en créant et en armant des milices ensuite récupé- rées par les réseaux terroristes qui offraient plus à ces égarés de la Répu- blique. Ne vous méprenez jamais sur leurs vraies in- tentions. Autant IBK a déçu par sa gestion complexée et sa gouvernance scanda- leuse ; autant ceux qui s’agitent autour de l’Imam adulé (à quelques excep- tions près) n’ont aucune lé- gitimité à se porter porte-paroles du peuple parce qu’ils n’ont jamais et ils pourront difficilement in- carner le changement prôné. Ils sont juste en quête de revanche sur IBK. Peu importe que le pays vole en mille morceaux après la démission de ce dernier !

Par: Moussa Bolly

SOURCE: LE MATIN

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