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Les partis de la majorité présidentielle à Koulouba : Le président ne comprend pas que le problème c’est lui-même qui a fait tous les choix qui sont à la base des difficultés qui bloquent le pays de nos jours

Face aux attaques de plus en plus acerbes de son opposition politique, le Président de la République entend faire recours à son aréopage de partis de l’attelage majoritaire pour la réplique. Pourtant on dirait qu’il y a un problème originel qui bloque l’intelligence et les capacités de cette majorité confinée entre le manque de leadership du RPM et la honte de l’ADEMA à s’assumer. Entre les deux poids lourds, la bande des menus fretins n’a pas de marge de manœuvre, en outre tous les acteurs se souviennent des débuts du régime où le président IBK disait clairement ne devoir son élection à aucun parti politique, alors qu’il ne soit pas surpris des réserves de sa majorité bloquée par ses propres réactions. En outre la force et la crédibilité actuelle de l’opposition sont tirées des faits et errements de l’équipe qui gère le pays avec des choix très contestables qui mettent à rudes épreuves la gouvernance d’une équipe sur laquelle toute une nation avait fondé un espoir très vite déçu.

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Au second tour de l’élection présidentielle de 2013, l’écrasante majorité des partis a appelé à voter pour le candidat du RPM, alors que la victoire de celui-ci se dessinait très nettement. On connait la suite, IBK est élu avec une majorité confortable. Très vite, on constate que le président IBK se barricade, il gère le pays selon ses seules convictions et se moque de ce que les autres pensent. Il a fallu le désastre de Kidal pour le voir mettre un peu d’eau dans son vin. Au bout d’un an de gestion tout va de travers, de sorte que les partisans sont déboussolés par l’ampleur de l’incapacité de la nouvelle équipe dirigeante, sur fond de faits avérés de corruption et de délinquance financière, avec l’implication de certains hommes clés du système IBK. Alors loin d’être des allégations ce sont les rapports du vérificateur général et de la cour des comptes qui épinglent ces personnalités, du coup d’énormes brèches sont ouvertes à l’opposition politique qui ne rate aucune occasion pour lancer ses flèches.

Le président IBK désabusé en appelle clairement à sa majorité, pour qu’elle réagisse à la hauteur des attaques de l’opposition qui gagne en crédibilité et en adhésion populaire. La tâche s’annonce énorme tant les arguments ne sont pas du coté de la majorité, en outre cette majorité hétéroclite est très mal structurée avec un grand nombre de ces partis qui ne font que de la figuration, d’autres sont en mode couverture pour se mettre à l’abri.

Il y a aussi le bémol du Premier ministre qui en tant que chef du gouvernement est un poids plume de la majorité avec tout ce que nous avons comme bruits de bottes derrière celui-ci et des rumeurs de départs et de clash avec le parti au pouvoir qui ne fait pas mystère de sa volonté de se débarrasser de Moussa Marra. Alors, on comprend aisément que tous les partis de la majorité ne peuvent pas avoir la même hargne à défendre le régime, tant certains sont véritablement à l’écart de la chose sensée être gérée par leur groupe.

En plus la gourmandise des cadres RPM est un autre frein, oui c’est une autre réalité, les cadres du parti au pouvoir s’accaparent de tout, même des situations insoupçonnées, ce qui agace aussi les autres partis. Le RPM réagit en fauve affamé qui vient de se procurer une proie toute fraiche, privilégiant l’appartenance politique à toute autre considération, de sorte que très souvent les hommes promus par le parti du tisserand ne sont pas à hauteur de mission. Malgré toute sa bonne volonté, le RPM n’offre que ce qu’il a, le parti est arrivé au pouvoir très affaibli, la grande majorité des cadres avait choisi d’autres horizons. Alors vouloir faire avec ceux qui sont considérés comme les militants, le RPM n’a pas beaucoup de potentiel pour les missions qui sont sensées être les siennes.

L’autre composante essentielle qu’est l’ADEMA n’est pas à l’aise, à cause de la manière avec laquelle ce parti a rejoint la majorité. En fait l’ADEMA a honte, ce parti ne sera jamais à la hauteur de cette mission que la majorité veut lui confier.

A part ces deux partis assez représentatifs, le reste de la soixantaine de partis est constitué de partis moyens et très petits dont la majorité n’a pas d’élus à l’assemblée nationale. Ceux-là en tant qu’alliés politiques ne peuvent donner la riposte tant espérée. On comprend aisément que la riposte que le président espère va être difficile à réaliser tant les fondements de l’arsenal de riposte sont mal scellés et biaisés.

En tout cas, il semble désormais clair que le président est en difficulté, il a besoin de l’ensemble de tous ceux qui peuvent lui apporter des réponses à ses préoccupations. Pourtant jusque-là, le président ne comprend pas que le problème c’est lui-même qui a fait tous les choix qui sont à la base des difficultés qui bloquent le pays de nos jours. Ainsi il ne rate aucune occasion pour revenir sur des questions que l’on estime close, il revient incessamment sur le passé pour tenter de se justifier notamment sur la question de l’avion et celle du contrat d’armement. Le président doit comprendre que tout ce qu’il peut dire à propos de ces  deux faits c’est de faire son mea culpa et de livrer les auteurs présumés à la justice, c’est à cette seule condition que l’on peut parler de nouveau départ, et peut être une chance de dépasser ces affaires. Mais tant que ses affaires resteront pendantes, elles vont obstruer l’horizon de tout espoir pour le régime. Le RPM et ses alliés doivent comprendre que l’opposition n’est nullement forte même si elle prend des points de plus en plus, mais que c’est plutôt la majorité qui est très faible, et le comble est qu’elle n’arrive toujours pas à comprendre ce qui lui arrive, à savoir que ce sont ses propres choix qui le pénalisent. Au lieu de chercher tout le temps des boucs émissaires, il est encore temps pour le président de redresser la barre en se remettant en cause et accepter qu’il y a eu trop d’erreurs au début et de tenter de les rectifier totalement et sans état d’âme. En tout cas en attendant un changement drastique des données, il est illusoire d’espérer quelque chose du côté de la majorité trop combinée pour décoller.

Ousmane COULIBALY

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