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Les jihadistes toujours présents dans le nord du Mali

Dans Appels sur l’actualité, Moussa, un auditeur de Gao, revient sur la « sécurité au Sahel ». Il a appris sur des radios libres que la plupart des jihadistes présents lors de l’occupation du nord du Mali sont à nouveau visibles ces derniers temps.

aqmi nord-mali

 

 

 

Des roquettes ont encore été lancées la semaine dernière sur les villes de Gao et de Tombouctou.

Moussa : Compte tenu de la forte présence des forces internationales sur le territoire malien, par quels moyens les jihadistes ont-ils réussi à retourner dans le nord du pays?
D’abord, il faut rappeler quelles sont les forces internationales actuellement présentes au Mali. Il y a la Minusmaou Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali – qui est une Opération de maintien de la paix qui compte moins de 6 000 hommes, soit la moitié des effectifs prévus, à savoir 11 000 soldats. Il reste aussi un peu plus de 1 000 militaires français. Cet effectif de 6 000 hommes peut paraître important. Néanmoins, il n’est pas suffisant pour couvrir tout le territoire malien. Ces contingents déployés dans le nord du pays permettent de patrouiller en ville à Tombouctou, Gao ou Kidal, et de sécuriser les lieux stratégiques : check-points, aéroports, bâtiments administratifs. Mais c’est tout. Il n’y a pas de patrouilles à l’extérieur, très peu de mission « militaire » en brousse.

Autre problème, le matériel. La Minusma ne dispose pas de moyens techniques, par exemple des hélicoptères, des systèmes d’écoute, en quantité suffisante pour être efficace. Enfin, la majorité de ses soldats africains, sauf les Tchadiens appelés en RCA et les Nigérians repartis chez eux se battre contre Boko Haram – ne sont pas formés pour les dures conditions du nord du Mali. Et le constat est le même pour l’armée malienne : une armée en plein reconstruction, qui dispose de moyens limités et dont les hommes ne sont pas aguerris dans ces zones arides…

Qu’en est-il des jihadistes ?

Au contraire, les jihadistes connaissent le nord du Mali. Les hommes d’AQMI sont dans la région depuis 2003-2004. Adaptés, habitués à vivre dans les massifs montagneux, comme la vallée d’Amettetaï qu’ils ont eux-mêmes aménagée, protégée. Les combattants touaregs d’AQMI et d’Ansar Dine, le mouvement d’Iyad Ag Ghali, sont originaires de la zone. Ils sont dans leur fief et ils ont la faculté de se fondre dans la population, de passer inaperçus.

Une anecdote. Lorsque les militaires français ont attaqué la vallée d’amététaï située dans le massif du Tigharghar (au nord de Kidal), ils ont utilisé des caméras thermiques, de nuit, depuis des avions, pour voir les déplacements humains. Mais les jihadistes avaient compris que la nuit, les rochers rejetaient la chaleur du jour et rendaient inefficaces ces caméras.

Autre histoire. Les otages français enlevés à Arlit au Niger racontent que lorsqu’ils ont été exfiltrés du même massif en janvier 2013 par des jihadistes, ils sont passés au cœur de combats, déguisés en nomades… Tout près, parfois, des soldats français. Cela montre la connaissance du terrain de ces combattants. Mais le plus intéressant, quelques mois plus tard, c’est quand les otages ont été ramenés – c’est ce que raconte Daniel Larribe – exactement au même endroit…. Les Français n’étaient plus là. Et les jihadistes avaient repris leurs quartiers. Donc, aujourd’hui, et pas seulement au Mali – leur zone d’action s’étend jusqu’au sud de la Libye -, ces mouvements armés ont la faculté, les compétences et les moyens de se déplacer dans toute la zone.

Quelles sont les mesures prises par la communauté internationale pour assurer la sécurité au Sahel ?
Vaste question… Un an après le début de l’opération Serval, les régions de Tombouctou, Gao et Kidal sont loin d’être sécurisées. Il y a un soutien international pour que les Etats africains créent cette force d’intervention rapide proposée au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, mais il faudra du temps, des moyens financiers importants pour que celle-ci voit le jour et soit active sur le continent. En attendant, la France et les Etats-Unis sont les pays les plus actifs dans ce dossier sur la « sécurité au Sahel » et leur collaboration paraît de plus en plus importante. Le sujet a été abordé lors des récentes visites à Washington du président François Hollande et du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Sur le terrain, les deux pays sont en train de se déployer à Niamey au Niger.

Une présence qui n’est pas nouvelle mais qui se développe en vue de lutter contre le terrorisme. Les Américains possèdent d’importants moyens d’écoute, les Français une base pour leurs forces spéciales. Récemment, ils ont acheté deux drones aux Américains, drones, ce n’est pas un hasard, qui ont été basés à Niamey. Mais si le nord du Mali est scruté de près, la zone qui intéresse ces deux pays est le sud de la Libye, une région présentée par différentes autorités comme un incubateur des groupes jihadistes. Le Niger a clairement demandé à la France et aux USA d’intervenir dans la zone pour assurer le service après vente de l’opération militaire contre Mouammar Kadhafi.

Au niveau régional, pour s’atteler à ce dossier sécuritaire, les présidents du Burkina, du Niger, de la Mauritanie, du Mali et du Tchad ont annoncé récemment la création du G5. La communauté internationale a promis 8 milliards d’euros d’investissements dans ces 5 pays dans le domaine du développement et de la sécurité. L’idée, c’est de travailler dans des zones à l’abandon… La création de cette nouvelle instance doit aussi permettre d’accroître les collaborations entre les armés de ces pays, les échanges d’informations sécuritaires, etc. Certains se sont félicités car les relations entre ces Etats ont toujours été compliquées… D’autres regrettent déjà que le Maroc et l’Algérie ne soient pas également dans cette structure. A suivre.

source : rfi

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