Les combats, féroces, durent depuis six mois. Mardi, les forces irakiennes ont enregistré une victoire significative en reprenant une large partie de la ville de Ramadi aux jihadistes de l’Etat islamique (EI). Elles contrôlent désormais le quartier de Tamim, au sud, et tentent de progresser vers le centre. La ville est encerclée depuis quelques semaines.
Située sur l’Euphrate, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Bagdad, Ramadi était tombée en mai. Le gouvernement irakien a fait de sa reconquête une priorité, devant celle de Mossoul, deuxième ville du pays, elle aussi contrôlée par l’EI. A première vue, le rapport de force était clairement en sa faveur : plusieurs milliers de soldats irakiens, aidés par les bombardements de la coalition, contre 600 à 1 000 jihadistes, selon les estimations américaines.
Mais les hommes de l’EI ont eu le temps de fortifier leurs défenses. Ils ont posé des mines artisanales et positionné des snipers. Quand les forces irakiennes s’approchent, ils n’hésitent pas à lancer des voitures piégées. «Ce n’est pas Stalingrad mais on s’en approche. Les combats sont incroyablement durs, c’est une bataille urbaine, dans les pires conditions. Les soldats irakiens sont épuisés», explique un diplomate occidental en poste en Irak.
Pas de milices chiites
L’avancée de mardi reste à consolider. Les forces de Bagdad ont perdu plusieurs fois des positions qu’elles venaient de reprendre à l’EI, notamment dans l’ouest de la ville. Et il a fallu des bombardements massifs de la coalition pour qu’elles puissent prendre le contrôle, fin novembre, du pont Palestine, qui enjambe l’Euphrate.
La reconquête de Ramadi est essentielle pour le pouvoir irakien et son Premier ministre, Haïdar al-Abadi. Elle démontrerait que l’armée irakienne peut infliger, seule, un sérieux revers à l’EI. A la différence des opérations visant à reprendre Fallouja, la bataille de Ramadi n’inclut pas les milices chiites regroupées au sein des forces de «mobilisation populaire», soutenues par l’Iran. «Un succès (à Ramadi) est également important pour les Etats-Unis, pour montrer qu’ils sont le partenaire indispensable de l’Etat irakien», note l’Institute For the Study of War (ISW).