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Les Etats africains parties à la CPI : Partira ? Partira pas ?

Le sujet le plus récurrent ces derniers temps dans les plus hautes sphères de la représentation continentale, c’est la problématique de la sortie ou pas des Etats africains du Statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale (CPI). Il est de notoriété publique que les chefs d’Etats et intellectuels africains affichent de plus en plus clairement une certaine hostilité à l’endroit du CPI. La raison principale serait la tendance manifeste de la Cour à poursuivre quasi-exclusivement des Africains.

Fatou Bensouda procureure generale CPI

L’Afrique fournit le plus grand bloc régional (34 Etats africains ont ratifié le Statut de Rome) au sein de la CPI. Depuis sa création, la CPI connaît une trentaine d’inculpations et détient actuellement une dizaine d’accusés ou de jugés. Là où le bas blesse, c’est que tous ces inculpés et jugés sont des Africains. Même si plusieurs de ces affaires ont été confiées à la CPI par des autorités africaines, est-ce à dire que rien ne se passe ailleurs ? L’auto-saisine de la CPI ne serait-elle pas une réalité ?

Pour résumer l’état d’esprit des Africains anti-CPI, nous vous proposons ces propos de Jean PING, ancien Président de l’Union Africaine, sur les ondes de RFI : « On a l’impression que la Cour pénale internationale ne vise que les Africains. Cela signifie-t-il que rien ne se passe par exemple au Pakistan, en Afghanistan, à Gaza, en Tchétchénie ? Ce n’est pas seulement en Afrique qu’il y a des problèmes. Alors pourquoi n’y a-t-il que des Africains qui sont jugés par cette Cour ? »

Richard Goldstone, ancien procureur pour les Tribunaux Internationaux pour le Rwanda et la Yougoslavie, a admis dans un article publié par l’Association internationale du barreau que la CPI semblait accorder une attention démesurée à l’instruction des crimes commis en Afrique, aux dépens de situations semblables ailleurs dans le monde.

Le dernier événement en date et qui met l’Afrique du Sud dans une situation diplomatique intenable est la demande de la CPI à cette dernière d’exécuter son mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar El-Béchir pendant que ce dernier participait au denier sommet de l’UA en terre sud-africaine les 14 et 15 juin 2015. Contre l’avis de sa justice qui voulait instruire la demande de le CPI, Jacob Zuma a permis au président soudanais de regagner son pays avant même que la justice sud-africaine n’ait fini son travail. Il faut rappeler qu’en amont à ce somment, l’Afrique du Sud a accordé l’immunité diplomatique à tous les participants ; ce qui justifierait l’attitude de Jacob Zuma.

Les deux cas qui ont davantage suscité la virulence des critiques des officiels africains contre la CPI sont ceux concernant les présidents soudanais et kényans, qui sont en exercice. Officiellement, nombre de chefs d’Etats africains militent pour la sortie de l’Afrique du Statut de Rome et la création d’une Cour pénale africaine.
Même si les critiques susmentionnées semblent légitimes, surtout si nous nous référions à la partialité aveuglante et méprisante dont fait preuve la CPI dans le cas de la RCI, ne nous laissons pas avoir par cette posture hypocrite des chefs d’Etat africains. Le même Jean Ping, sur un autre registre, critiquant l’inexistence de réel pouvoir d’action au niveau de la Commission de l’UA, déclarait que l’UA est un syndicat de chefs d’Etats et de gouvernements africains qui n’a d’intérêt que les intérêts particuliers de ces derniers.

Pendant que ces « syndicalistes » font leur tapage médiatique contre la CPI, lors de la 13ème Assemblée des Etats parties au Statut de Rome à New York en décembre dernier (2014), leurs Etats ont tous voté le nouveau budget de la CPI et ont tous exprimé fortement leur soutien à l’endroit de l’institution.

Ils sont combien dans ce fameux « syndicat » à parler de leurs pays respectifs comme des Etats de droit ? Nous voudrions bien que des intellectuels et autres organisations de la société civiles du continent noir portent les critiques évoquées plus haut. Mais que ce soient ces Messieurs, qui constituent une organisation (UA) dont le budget est financé à hauteur de 97% par les occidentaux (UE en particulier), qui créent un certain entre-soi malsain pour se serrer les coudes dans des crimes abominables et l’avidité absolue du pouvoir, dont certains comme Omar El-Béchir, Robert Mugabe, Faure Gnanssingbé, Yahya Jammeh, Joseph Kabila, Uhuru Kenyatta mériteraient réellement de susciter l’intérêt de la CPI, se permettent de crier au loup alors qu’ils sont les pires loups pour leurs propres populations, cela a de quoi répugner l’Africain lambda qui aspire encore à satisfaire ses besoins fondamentaux.

Avant d’ôter la poussière – oh combien inquiétante malgré tout – des yeux de la CPI, qu’ils commencent par débarrasser les leurs propres de la gigantesque poutre que constituent l’inexistence à dessein de systèmes solides de justice dans leurs pays et la mise sous ordre de ce qui peut y exister comme justice. Tout porte à croire que leurs critiques à l’encontre de la CPI portent plus sur des considérations fallacieusement politiques que sur une réelle volonté de justice et d’une justice impartiale. En attendant qu’eux souhaitent que la CPI dirige ses actions vers d’autres régions, quel est le sort réservé à leurs victimes pendant ce temps ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité.

Aussi basique que puisse être cet adage, il faudrait que les chefs d’Etats et de gouvernements africains apprennent, pour plus de sérieux et de crédibilité, à s’appliquer « la charité bien ordonnée commence par soi-même ». On ne peut réclamer la justice impartiale pour soi et, en même temps mettre tout en œuvre pour qu’une justice moderne et indépendante n’existe chez soi. Créer une Cour pénale africaine pour transposer à l’échelle continentale les incongruités judiciaires nationales, non merci !

source : togoactualite

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