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Les épouses de chefs d’Etats africains dénoncent les viols « armes de guerre »

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Les épouses d’une vingtaine de chefs d’Etats africains ont dénoncé vendredi à Paris les viols systématiques, « armes de guerre » dans les zones en conflits comme en République démocratique du Congo (RDC) et réclamé des poursuites contre les auteurs de ces violences sexuelles.

« Nous (…) dénonçons la persistance intolérable de violences sexuelles dans les conflits et refusons qu’elles soient considérées comme des conséquences inévitables, voire acceptables des guerres », ont-elles déclaré lors d’une « conférence de mobilisation » organisée en marge du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique.

Longtemps ignorés, les viols et autres violences sexuelles commises en temps de guerre ont fait l’objet de nombreux appels ces dernières années et même de plusieurs résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont l’une appelle les Etats membres à prendre des mesures spécifiques pour la protection des femmes dans la résolution des conflits.

Mais sur le terrain, la situation est loin d’avoir changé, comme l’ont rappelé les participantes à la conférence, organisée à l’initiative de Valérie Trierweiler, la compagne du président François Hollande.

« La violence sexuelle a toujours été utilisée à travers les âges », a souligné Zainab Hawa Bangura, la représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies, chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.

Rien qu’en Afrique, des centaines de milliers de femmes ont été violées pendant le génocide rwandais de 1994, tandis que jusqu’à 60% de la population féminine aurait, selon certaines estimations, été victime de violences sexuelles au Libéria lors de la guerre civile entre 1989 et 2003.

Au Sierra Leone, pays voisin également touché par la guerre civile de 1991 à 2002, entre 5.000 et 10.000 femmes et enfants auraient été violés par les factions en présence selon des ONG de défense des victimes, qui estiment que le problème a perduré depuis, avec 250 cas répertoriés en 2012 et 290 depuis le début de 2013.

En Guinée, 109 femmes ont, selon un rapport de l’ONU, été violées dans la foulée du massacre de 157 opposants au stade de Conakry en septembre 2009.

Une arme qui « détruit la femme et la société »

 

Des cas sont désormais également signalés en Libye ou en République centrafricaine (RCA), mais le pays le plus fréquemment pointé du doigt aujourd’hui reste la République démocratique du Congo (RDC) où des groupes armés très violents contrôlent depuis une vingtaine d’année l’est du pays.

« Les femmes nous racontent qu’elles ont été violées en public, en présence de leur mari, de leurs enfants, elles arrivent à l’hôpital avec l’appareil génital brûlé, torturé », racontait le mois dernier à Stockholm le Dr Denis Mukwege, qui soigne les femmes violées en RDC, avant d’inviter la communauté internationale à tracer la même « ligne rouge » contre l’utilisation du viol comme « arme de guerre » que contre les armes chimiques.

Il n’hésite pas à dénoncer les « tergiversations », alors que le viol dans les zones de conflit est devenu « une arme qui détruit la femme et la société, qui crée des enfants qui n’ont pas de filiation » et « constitue un véritable génocide », puisque il n’y a plus de procréation possible quand l’appareil génital féminin a été détruit.

Mme Bangura a pour sa part rappelé vendredi que l’utilisation du viol comme une arme était « un crime » et dénoncé les répercussions à long terme sur ces femmes, très souvent marginalisées dans leur communauté et plus fréquemment malades.

« Je suis retournée à Bukavu (en RDC) dix ans après avoir tourné un premier film, la situation avait encore empiré, nous en sommes à trois générations de femmes de la même famille à avoir été violées » a souligné pour sa part Osvalde Lewat, co-réalisatrice d’un court-métrage sur les violences sexuelles en RDC.

Selon des chiffres gouvernementaux publiés en octobre, « au moins 40 femmes sont violées chaque jour », soit une projection de 14.600 viols par an. Mais selon une étude publiée aux Etats-Unis par l’American Journal of Public Health, de nombreux viols ne seraient pas déclarés pour cause de stigmatisation ou de honte et leur nombre réel atteindrait 400.000.

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