La pression monte depuis quelque temps et à partir de certains camps de réfugiés pour demander au gouvernement de reporter la date des élections législatives prévues initialement pour le 24 novembre prochain (1er tour). Le ton a été donné depuis M’Béra par le président d’une association. Celui-ci dénonçait l’organisation des législatives en l’absence des réfugiés qui souhaiteraient, à défaut de la présidentielle, prendre part à ces élections de proximité.
L’argument est solide, et c’est parce qu’il est convaincant qu’un certain écho y a été donné depuis. Plusieurs médias y ont fait cas. Sachant l’objectif de réconciliation et la ferveur des « sauveurs » français pour leurs « amis Touaregs », il ne serait pas étonnant de voir IBK repousser la date de la tenue des ces législatives.
Ce serait en tout cas un vrai casse-tête pour IBK qui espère parer la future Assemblée nationale à ses couleurs. A la faveur notamment de l’aura dont il semble bénéficier encore auprès d’une certaine population. Or, plus le temps passera, plus les espoirs pourraient être déçus, et plus ses sympathisants d’hier pourraient lui tourner le dos. Et il devrait, dans ces conditions, composer avec une Assemblée nationale pas à ses bottes. Mais l’AN est-elle vraiment un enjeu ? Pas vraiment, en tout cas au Mali. En effet, il est vrai que le Premier ministre déclare sa politique générale devant les députés, que ceux-ci peuvent faire chuter le gouvernement à travers une motion de censure. Mais l’expérience a prouvé que les élus maliens ne vont jamais à une telle extrémité. Et pour cause. Les députés savent que si le président se fâchait vraiment contre eux, il dissoudrait l’AN et eux seraient amenés à se présenter à nouveau devant les électeurs. Connaissant toutes les difficultés qu’ils ont surmontées et toutes les combines par lesquelles ils ont pu passer, rares sont les députés prêts à prendre le risque de demander à nouveau le suffrage des électeurs. Dont on connait la crise qui caractérise sa confiance envers les élus en général.
C’est donc pourquoi, les députés ont beau résister devant un projet de loi, ils finissent toujours par l’adopter. Surtout quand ils savent que c’est un projet de loi cher au président de la République. Qui plus est, à un président comme IBK, qui ne garde pas forcément de beaux souvenirs de Bagadadji, depuis qu’il n’était plus président de l’institution.