Après plus de cinq mois de crainte, de projets avortés, les chemins de l’école se réaniment au seuil de cette saison pluvieuse. De chaque rue, ruelle et coin de la vile sortaient des groupes d’enfants, sacs au dos. On aurait dit que les vacances scolaires de cette année ont vachement duré pour atteindre un tel nombre de mois.
La nostalgie des classes fait place à la nostalgie des rues. Comme au premier jour de la rentrée des classes, les uns et les autres se racontent. D’un côté, l’on admire ce dénouement heureux entre le gouvernement et les syndicats qui leur permettra d’examiner et d’avoir une attestation et non un véritable niveau pour la classe supérieur. D’un autre côté, on est plus paranoïaque parce que ne sachant pas ce que l’avenir nous réserve avec une telle attestation. D’un autre côté encore, on ne cesse de se lamenter parce que ce dénouement tardif vient interrompre les petits business qu’on avait mis en place pour nous faire un peu de somme d’argent. Enfin, dans les zones rizicoles, la crainte de marier étude et agriculture constitue pour nous un casse-tête.
À l’antipode de tous ceux-ci, ceux de la région de Koulikoro restés à la maison pour des questions de non-restitution des retenues effectuées sur leurs professeurs se trouvent encore dans leur case de départ.
Cette semaine a quand même été le lieu des retrouvailles. Chacun se racontant son aventure pendant cette longue désolation. Mais contrairement au premier jour de la rentrée, chacun exprimait ses inquiétudes par rapport aux examens, au destin de leur attestation.
Comme la réussite soudaine de ces négociations a été assez miraculeuse ! La magie des choses qui a empêché qu’elles donnent un fruit mûr au début du drame a fait qu’à la dernière minute, les deux bouts de la file ont pu se joindre. Néanmoins on trouve des citoyens de l’entre-deux-mondes pour applaudir cette décision. L’école malienne a été sauvée ! Est-il alors possible de réveiller un mort.
L’école dont vous parlez avait fini son agonie. Elle venait de mourir. Son corps était encore chaud. Mais le bâton magique du nouveau gouvernement vient de la sauver. A-t-elle été réellement sauvée ? C’est de la poudre à perlimpinpin.
Admettons le grand sacrifice générationnel qui a été commis. S’il est vrai que la connaissance ne s’acquiert que dans la patience et constitue un travail de longue haleine, alors il serait difficile de croire à ce simulacre. Ceux qui se vantent d’avoir sauvé l’école malienne se sont juste sauvé la peau. La légitimité du nouveau gouvernement dépendait en grande partie de la réussite de cette mission, qu’il pleuve ou qu’il neige.
Serait-on en train de revivre une ancienne histoire scolaire ? Non ! Nous ne sommes pas en 2008 puisqu’aucune perturbation dans les cours n’avait été observée bien vrais qu’une seule évaluation ait eu lieu cette année-là. Toutefois, on a parlé de « Bac promo ». Une dénomination dénigrante. Alors, après dix ans, le tour se rejouerait-il ?
Fousseni TOGOLA
Le Pays