Le RN écrase le premier tour, mais sa victoire va se jouer ces prochains jours. La volonté de changement l’emportera-t-elle sur la peur du changement?
La France va-t-elle passer sous un gouvernement du Rassemblement national, incarné par un jeune homme de 28 ans et sans aucune expérience d’Exécutif, Jordan Bardella? Les résultats du premier tour des législatives rendent cette perspective, sinon certaine, du moins possible. Certaines projections anticipent même une majorité absolue autour de 300 sièges pour le RN.
Quoi qu’il en soit des résultats finaux, cette date du 30 juin marque d’ores et déjà une rupture définitive dans l’épopée du président Emmanuel Macron. L’homme qui avait forcé les portes du pouvoir en 2017, l’homme qui avait réussi cinq ans plus tard l’exploit sans précédent sous la Ve République d’être réélu hors cohabitation, s’est infligé à lui-même une défaite humiliante. Elle ne le laisse pas sans pouvoir – il lui reste les prérogatives de la Constitution, même en cas de cohabitation – mais elle le place dans une situation de président affaibli, isolé et sans postérité. Jusque dans son propre camp, la succession est désormais ouverte, il n’est plus le patron de ce qui était la majorité présidentielle, la page du macronisme se tourne.
Le résultat des urnes n’est pourtant pas encore joué. Désormais, l’enjeu est de savoir si le Rassemblement national décrochera une majorité de sièges suffisamment forte pour gagner le pouvoir. Au premier tour, une énorme volonté de changement s’est exprimée, qui balayait tous les calculs, tous les scrupules. Ces six prochains jours, la question sera de savoir si la peur du changement viendra contrarier la volonté de changement.
L’enjeu dépasse la France. Le RN au pouvoir, c’est un gouvernement xénophobe et à forte tendance illibérale qui s’installerait à la tête du deuxième pays le plus puissant du continent. Ce n’est pas anodin.