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Leadership des femmes au Mali : Appel à l’unité politique, économique et sociale

Au Mali, les femmes jouent un rôle crucial dans le développement politique, économique et social du pays. Malgré les obstacles et les défis auxquels elles sont confrontées, les Maliennes se distinguent par leur leadership remarquable et leur capacité à soutenir leur communauté. Le renforcement du leadership des femmes au Mali nécessite une approche holistique qui intègre les dimensions politique, économique et sociale. En s’unissant et en se soutenant mutuellement, les femmes maliennes peuvent surmonter les obstacles qui entravent leur progression et jouer un rôle essentiel dans la construction d’une société plus équitable et inclusive. Il est temps de reconnaître et de valoriser le leadership des femmes au Mali pour un avenir meilleur et plus prospère pour tous.

Selon Mme Djingarey Ibrahim Maïga, chargée de mission au ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, 86 % des unités économiques du Mali sont dirigées par des hommes, contre 14 % par des femmes. Il n’y a que 11 femmes mairesses sur les 703. Lors d’une conférence organisée à l’occasion du 8 mars 2024, journée internationale de la femme, Mme Djingarey Ibrahim Maïga a affirmé que « 20 % des postes nominatifs sont occupés par les femmes dans la haute sphère de l’administration dont 17 % proviennent des décrets, 20 % des arrêtés et un peu plus de 21 % qui sont du fait des décisions ».

Le regroupement de femmes à titre lucratif ou politique est un phénomène très récent dans le cadre de l’expression des femmes face à une situation sociale donnée, selon un sociologue.

Des efforts supplémentaires sont nécessaires, malgré tout, pour garantir une participation équitable des femmes à tous les niveaux de la prise de décision politique. Les Maliennes pourraient se soutenir mutuellement en créant des réseaux de femmes leaders, en s’engageant dans des programmes de mentorat et en plaidant pour des politiques inclusives qui promeuvent l’égalité des sexes.

Cependant, Aminata Diakité, mère de foyer, pense que les femmes ne sont pas assez solidaires entre elles. « Cela s’explique plus dans le milieu professionnel, social et même politique. Déjà, au sein d’un groupe de femmes, dès qu’une d’entre elles entreprend quelque chose soit commence un nouveau travail, rarement, tu trouveras d’autres femmes qui l’encouragent. Il y’a cette réalité qui existe entre les femmes depuis bien longtemps. Par contre, dans notre pays, la question de solidarité féminine est de plus en plus complexe d’autant plus qu’ils y’a toujours ce manque de soutien mutuel ».

Pour elle, « c’est principalement dans le milieu professionnel que le problème se pose. Naturellement, nous vivons les mêmes problèmes au quotidien. Je suis mère de famille et je suis une salariée. Dans la société déjà, il y a un fort manque de solidarité mais au service c’est encore pire car là-bas, les femmes généralement, créent une sorte de rivalité entre elles ».

Sur le plan économique, les femmes au Mali font face à des obstacles tels que l’accès limité aux ressources financières, à la formation professionnelle et aux opportunités d’emploi. Pour renforcer leur leadership économique, les Maliennes pourraient se soutenir en développant des coopératives et des entreprises collectives, en accédant à des programmes de microfinance et en bénéficiant de formations entrepreneuriales. Il est également crucial de promouvoir l’autonomisation économique des femmes à travers des politiques de soutien et des initiatives de développement économique inclusives.

Awa Diarra, aide-ménagère, trouve que les patronnes ne soutiennent toujours pas les aide-ménagères et ne se montrent pas compréhensives. « On ne nous donne pas la parole, on n’est pas toujours occupé, l’on considère que nous devons juste exécuter les tâches qui nous sont assignées. Mais la vérité est que nous ne sommes pas soutenues dans notre travail ».

En ce qui concerne le leadership social, les femmes maliennes jouent un rôle central dans la promotion du bien-être de leur communauté et dans la protection des droits des femmes et des enfants. Pour renforcer leur leadership social, les Maliennes pourraient se soutenir en s’impliquant dans des initiatives de sensibilisation et d’éducation, en luttant contre la violence basée sur le genre et en promouvant l’inclusion sociale et la diversité. Il est essentiel de créer des espaces sûrs et inclusifs où les femmes peuvent s’exprimer et agir pour le bien de leur communauté.

« Il faut savoir que le regroupement des femmes en fédérations n’est pas un phénomène nouveau. C’est le résultat d’un long processus de l’évolution des sociétés et des activités féminines. En milieu traditionnel, les femmes n’ont jamais été isolées les unes des autres : elles se retrouvaient au marigot ou devant le grand puits du village pour faire la lessive ; elles étaient ensemble dans les airs de pilage sous les grands mortiers pour piler le mil ; elles s’organisaient toujours lors des grandes cérémonies pour promouvoir leurs activités…. Par la suite, les femmes se sont réunies en coopératives dans certains villages afin de se soutenir financièrement dans la gestion de leurs familles respectives car généralement ce sont elles qui prennent la plupart des dépenses familiales en charge surtout en ce qui concerne les enfants et les condiments », explique Penou Mounkoro, sociologue.

Les causes qui fédèrent

Pour Penou, les raisons qui peuvent fédérer les femmes sont multiples et varient selon les milieux et les réalités sociales. « Par exemple, les femmes urbaines et les femmes rurales ne vivent pas les mêmes réalités sociales. En tout cas ces causes tournent autour de 2 objectifs majeurs à savoir valoriser la place de la femme dans les prises de décisions et l’autonomisation des femmes sur le plan financier surtout ».

Au Mali, à chaque fois que les femmes se sentent agressées dans leur état physique ou par rapport à leur position sociale, ou même si elles se sentent vulnérables face à une situation sociale qui les dépasse, elles sont toujours capables de se lever ensemble, de façon spontanée, pour dénoncer ou pour revendiquer… Elles sont capables de créer un mouvement spontané ou un regroupement précaire pour se défendre. Mais ces genres de mouvements ne durent jamais dans le temps car généralement les femmes n’ont pas de leaders qui puissent prendre la responsabilité de l’éveil de conscience ou de la révolte des femmes. Car cette dernière serait mal vue dans la société et sera très mal appréciée par certains leaders religieux. Au-delà de tout ça, il est à noter que toutes les femmes ne vivent pas les mêmes réalités sociales, donc il serait difficile qu’elles puissent former un seul bloc pour défendre un même intérêt pour un même objectif ».

Dr. Fatoumata Fofana, experte genre et communication pense que dans la globalité, très généralement, les femmes sont fédérées surtout autour des questions d’inégalité. « Mais de façon spécifique, les femmes sont surtout fédérées autour des projets de lutte contre les violences basées sur le genre, des projets génératrices de revenus. Pour ces causes-là, les femmes peuvent fédérer ».

« Par ailleurs, poursuit-elle, au-delà de la fortune et du rang social, les femmes sont capables de regarder dans la même direction. Les femmes sont capables vraiment de regarder dans la même direction en ce qui concerne toutes les luttes qui sont orientées vers les violences basées sur le genre. Au-delà de ça, les femmes ont pratiquement les mêmes problèmes. Que ce soit en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique et pratiquement dans tous les continents, il peut y avoir une différentiation de problèmes. Mais souvent, il y a beaucoup de similitudes de problèmes auxquels les femmes font face ».

Pour Aïchata Sidibé, fonctionnaire, plusieurs causes peuvent fédérer les femmes, parmi lesquelles, les activités génératrices de revenus. « Les femmes peuvent toutes regarder dans la même direction parce que peu importe notre fortune et notre rang social, on a toujours des besoins communs. Alors nous pouvons belle et bien regarder dans le même sens. L’une des besoins comme je le disais tantôt, c’est le travail »

Aminata Agaly Yattara

 

Source : Mali Tribune
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