François Hollande s’est exprimé sur TF1 jeudi 6 novembre pour s’adresser directement aux Français. Une prestation décriée et moquée. Tour d’horizon de ces personnes influentes, positives ou négatives, qui par leurs actes et leurs discours nous en apprennent plus sur l’état de la France et du monde. Ainsi que de notre futur.
Nicolas Goetzmann : Depuis son entrée en fonction à la Banque centrale européenne, l’action de Mario Draghi a été décisive pour le continent. En Juillet 2012, il annonce avec succès qu’il fera tout pour soutenir la monnaie unique, (« Whatever it takes »). En 2014, il va défier les membres les plus stricts du conseil des gouverneurs de la BCE pour tenter de soutenir plus largement l’économie européenne. Malgré un carcan institutionnel exceptionnellement rigide, l’italien n’hésite pas à transgresser les tabous de la zone euro.
D’un point de vue strictement économique et disposant du pouvoir monétaire européen, Mario Draghi est l’homme le plus puissant d’Europe.
Angela Merkel
Nicolas Goetzmann : Au pouvoir depuis près de 10 ans en Allemagne, la Chancelière poursuit son troisième mandat avec un degré de pouvoir sans précédent au sein de la zone euro. Angela Merkel a notamment su placer « ses » hommes lors du renouvellement des institutions européennes, le Polonais Donald Tusk au conseil Européen, Martin Schulz préside la Parlement, et Martin Selmayr, chef de cabinet de Jean-Claude Juncker est considéré comme « le patron caché de Bruxelles ». Depuis l’entrée en crise, le « tandem franco-allemand » a laissé place à une position dominante allemande.
Jens Weidmannn,
président de la Bundesbank
Nicolas Goetzmann : Le patron de la Bundesbank est le deuxième homme fort de la Banque centrale européenne. En défenseur permanent de la stricte orthodoxie monétaire, Weidmann est le parfait contrepouvoir de Mario Draghi au sein du conseil des gouverneurs. Ce qu’il a pu prouver à plusieurs reprises en s’opposant publiquement aux actions mises en place par son Président. Les rumeurs persistantes faisant état d’une démission de Mario Draghi en juin 2015, le laissant reprendre la présidence italienne, font de Jens Weidmann son successeur potentiel. Une telle occurrence donnerait à l’Allemagne un contrôle économique total de la zone euro
Jan Hatzius,
économiste en chef de la banque d’investissement Goldman Sachs
Nicolas Goetzmann : Rien n’arrête la progression du discret chef économiste de Goldman Sachs, Jan Hatzius. Après avoir intégré la célèbre banque en 1997 à Francfort, cet économiste allemand a bâti sa réputation sur la fiabilité de ses prédictions, et notamment à ses mises en garde d’avant crise. Considéré comme l’économiste de marché le plus « précis » en 2009 et en 2012, Hatzius est également pressenti comme un probable futur membre de la réserve fédérale des Etats Unis. Il est aujourd’hui la voix la plus respectée de Wall Street.
Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud,
roi d’Arabie saoudite
Fabrice Balanche : Indépendamment des événements actuels, l’Arabie saoudite est le plus grand exportateur de pétrole au monde, c’est elle qui régule les cours, en vert des liens établis avec les Etats-Unis depuis 1945, date à laquelle le roi saoud a négocié pétrole contre protection. Le roi d’Arabie saoudite est le principal allié des Etats-Unis au Moyen-Orient, avec Israël. Cependant le pays a pris ses distances avec les Américains, notamment sur la question du rapprochement avec l’Iran. L’Arabie saoudite a par exemple refusé de prendre son siège tournant au Conseil de sécurité en 2013. Depuis, les choses, sont quelque peu tassées. Les saoudiens ont financé Al-Nosra et l’Etat islamique, et aujourd’hui la créature leur échappe. Les Etats-Unis tentent de clarifier la situation au travers de la coalition, mais pour les saoudiens les djihadistes ne sont la principale menace, mais l’Iran.
Sur le long terme la stratégie de l’Arabie saoudite est claire et durable, à l’inverse de celle du Qatar, qui varie en fonction des changements d’Emirs. Les rois d’Arabie saoudite qui se sont succédé n’ont jamais introduit de grands changements, car il s’agit d’une gérontocratie. Les rois se succédant entre frères, on ne peut pas attendre beaucoup de changement d’un nouveau roi de 70 ans.
Sur le plan du quotidien, l’Arabie saoudite influe sur les prix à la pompe, mais aussi sur notre politique étrangère. L’Arabie saoudite est notre premier client en armement dans la région, par conséquent la France mène la politique de ses clients. A chaque fois que la signature d’un contrat s’est rapprochée, François Hollande ou Laurent Fabius ont tenu des propose allant dans le sens de la politique saoudienne : soutien aux rebelles modérés contre Assad, refus des négociations avec ce dernier. C’est aussi Fabius qui est sorti en novembre 2013 des accords entre les occidentaux et les Iraniens sur le nucléaire, parce que Hollande se rendait juste après pour signer des contrats d’armement, qui allaient indirectement profiter au Liban et à l’Egypte. La France de Hollande est donc plus alignée sur l’Arabie saoudite que sur le Qatar. En favorisant l’Etat islamique et en faisant en sorte que notre ministre des affaires étrangères parle de “résistants” au lieu de “terroristes”, l’Arabie saoudite a en quelque sorte donné un blanc-seing à des jeunes Français pour aller rejoindre les rangs des djihadistes.
Abou Bakr al-Baghdadi,
“Calife” de l’Etat islamique
Alain Rodier : Au même titre qu’Oussama Ben Laden, Abou Bakr al-Baghdadi est l’homme qui a mis en scène les plus grandes horreurs de l’Histoire. Pour Ben Laden, c’étaient les attentats contre les ambassades américaines dans la Corne de l’Afrique en 1998 et surtout, la tragédie du 11 septembre 2001. Pour Baghdadi, ce sont les massacres et les décapitations relayés sur le net pour avoir un retentissement mondial. Même Hitler (qui a fait massacrer des millions d’êtres humains, ce qui est incomparablement plus important en nombre que pour Ben Laden et Baghdadi réunis), avait tenté de dissimuler l’abomination. Baghdadi, lui, s’en régale en diffusant largement ses crimes et en les revendiquant haut et fort.
La création d’un califat mondial où toutes les autres religions (autres que sa vision très “personnelle” de l’islam djihadiste), croyances, systèmes politiques (présidentiels, parlementaires, socialistes, communistes -ils les a tous détaillés-) doivent disparaître de la surface du globe. Il refuse même la notion musulmane des “gens du Livre” qui dit que les chrétiens et les juifs doivent être protégés. En effet, il considère que ce concept était valable uniquement quand l’islam était trop faible pour s’imposer par la force. En Irak, il s’en prend même aux représentations terrestres de l’islam sunnite. Pour lui, la “religion d’amour” ne sera possible que lorsque le monde entier aura été converti. Inutile de préciser que toutes les autorités musulmanes mondiales condamnent sa vision religieuse apocalyptique. D’ailleurs, en ce qui concerne les musulmans, il proclame que les chiites sont des apostats et que tous les dirigeants sunnites des corrompus. En résumé, il hait presque toute l’humanité.
Il est un danger immédiat car il parvient à entraîner dans son sillage de nombreux adeptes qui le rejoignent dans sa folie meurtrière, comme lorsque l’on entre dans une secte. Beaucoup le font parce qu’ils ressentent un profond sentiment d’injustice mais ces personnes sont trompées par la propagande qu’il sait diffuser de manière remarquable.
Par contre, ses succès risquent d’avoir atteint leurs limites géographiques en Irak mais pas encore totalement en Syrie et au Liban. Première signe de faiblesse, comme les nazis en 1945, il commence à faire exécuter ses propres partisans qui montrent des signes de découragement. Il fait même assassiner les sunnites qui, selon lui, peuvent représenter un risque pour son califat. Mégalomane et paranoïaque, il est certainement aujourd’hui l’ennemi numéro un, non seulement des Occidentaux, mais aussi et peut-être surtout, de tous les musulmans.
SOURCE /atlantico