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Acquisition des équipements militaires : Déclarations et controverses

Après avoir traité le volet de l’avion présidentiel, la Cour a entamé, ce lundi 9 juin 2025, la seconde partie du procès consacrée à l’acquisition des équipements militaires.

À cette occasion, les magistrats s’efforcent de déterminer les conditions dans lesquelles ces équipements ont été obtenus, en interrogeant les principaux acteurs de l’affaire : Bouaré Fily Sissoko, Mahamadou Camara, Nouhoum Dabitao et Moustapha Drabo.

 

À la reprise du procès ce lundi matin, le président de la Cour, Bamassa Sissoko, a donné la parole à Mme Bouaré Fily Sissoko, l’une des figures clés du dossier, afin qu’elle réagisse aux témoignages de Moussa Mara et Boubacar Ben Bouillé.

Mme Bouaré a insisté sur le fait que l’achat de l’avion présidentiel avait été largement discuté en Conseil des ministres, en contradiction avec les affirmations de l’ancien chef du gouvernement. Concernant le déblocage de 15 milliards de FCFA par l’ex-directeur du Trésor sur son ordre le jeudi 13 mars 2014, elle précise que son autorisation n’a été donnée que huit jours plus tard, c’est-à-dire le vendredi 21 mars 2014, réfutant ainsi l’idée d’une régularisation a posteriori.

Le conseil de Mme Bouaré, Me Tounkara, a sollicité la Cour afin d’interroger Mahamadou Camara, ex-directeur de Cabinet du président IBK, sur une réunion où l’acquisition de l’avion présidentiel aurait été évoquée. M. Camara a confirmé y avoir assisté, expliquant que les voyages présidentiels affrétés coûtaient excessivement cher aux contribuables maliens, atteignant parfois 300 millions FCFA.

Suite à cette déclaration, le parquet général, dirigé par Koké Coulibaly, a demandé à la Cour d’ajouter aux charges pesant sur Mahamadou Camara des faits d’atteinte aux biens publics. Cependant, après délibération, la Cour a rejeté cette requête, estimant qu’elle était mal fondée à ce stade du procès.

 

L’affaire des équipements militaires : surfacturation et garanties financières

À 11h, la Cour a abordé le volet relatif aux matériels et équipements militaires. Mme Bouaré a expliqué son rôle dans cette transaction, précisant que l’État malien s’était engagé à fournir aux Forces armées maliennes des équipements pour un montant de 69 milliards FCFA.

Cependant, elle a révélé que Guo Star n’avait pas pu mobiliser les fonds nécessaires auprès de la Banque Atlantique, qui exigeait des garanties. En réponse à cette difficulté, le ministère de l’Économie et des Finances, à la demande du ministre de la défense, a accordé à la Banque Atlantique une garantie autonome de 100 milliards FCFA, largement supérieure au montant initialement prévu.

Face à cette situation, la Cour s’est interrogée sur la légitimité de cette garantie disproportionnée, alors que le protocole d’accord stipulait que Guo Star devait elle-même trouver les financements nécessaires.

Le rapport du Vérificateur général a mis en lumière une surfacturation notable, notamment sur des gilets pare-balles vendus par les fournisseurs traditionnels du ministère de la défense à 200 000 FCFA, mais facturés à 600 000 FCFA.

Mme Bouaré a rejeté ces accusations, affirmant que la fixation des prix dépend du marché libre et que l’État dispose d’un mécanisme d’homologation des prix. Au vu de ces éléments, la Cour estime que certains acteurs ont abusé des ressources publiques, dénonçant ainsi « des manœuvres dolosives » dans la conclusion du contrat avec Guo Star.

En outre, la signature successive de deux protocoles d’accord, l’un avec Sidi Mohamed Kagnassy et l’autre avec Amadou Kouma, véritable propriétaire de Guo Star, soulève de lourdes interrogations. Le parquet général va plus loin en évoquant un dol caractérisé, voire une fraude organisée ayant causé un grave préjudice financier à l’État.

 

Contestations et tensions autour des équipements militaires

Le mardi, la Cour a repris les auditions avec Bouaré Fily Sissoko, cette fois sur un avenant signé le 23 juillet 2014 d’un montant de 5,9 milliards FCFA, ainsi que sur une mobilisation de 15 milliards FCFA destinée à l’achat d’armes létales.

Sur ces points, Mme Fily Sissoko réfute catégoriquement les allégations, niant avoir engagé l’État dans cet avenant, d’autant que le fournisseur bénéficiait déjà d’une garantie autonome de 100 milliards FCFA auprès de la Banque Atlantique.

 

Mahamadou Camara à la barre : un mandat controversé

À 15h, l’ancien directeur de Cabinet de la présidence, Mahamadou Camara, accusé de faux et usage de faux en écriture dans cette procédure a été appelé à la barre pour livrer sa vérité sur le dossier des équipements militaires.

En effet, c’est lui qui avait préparé et signé un mandat exclusif au nom de la présidence pour Sidi Mohamed Kagnassy, conseiller spécial du président plus tard, en vue du préfinancement du protocole. Dans sa déclaration, M. Camara s’est réjoui de pouvoir s’exprimer devant cette Cour d’assises spéciale pour crimes économiques et financiers.

« M. le président, j’ai été mandaté verbalement par feu IBK pour établir un document administratif confiant à Sidi Mohamed Kagnassy, ainsi qu’aux sociétés qu’il représente, le traitement des affaires d’équipements des Forces de défense et de sécurité du Mali. Le président m’a précisé que M. Kagnassy rencontrait des difficultés dans l’exécution de ses missions. Ainsi, en tant que directeur de Cabinet, j’ai rédigé et signé ce mandat », dit-il.

Cependant, la Cour remet en cause l’authenticité de ce mandat, soulignant que son signataire, M. Camara, s’est attribué des prérogatives sans délégation de pouvoir ni délégation de signature du président de la République.

Face à cette mise en cause, M. Camara rétorque : « J’ai agi exclusivement sous les ordres du président de la République et dans l’intérêt général. En aucun cas, je n’ai agi en mon nom, et je ne me sens coupable de rien », ajoute-t-il.

Suite à cette déclaration, le parquet général a déposé une requête spéciale auprès de la Cour, demandant l’ajout d’une nouvelle infraction aux charges existantes : « association de malfaiteurs ». Selon le ministère public, Bouaré Fily Sissoko et ses coaccusés se seraient constitués en coalition de fonctionnaires en violation des lois et de la Constitution malienne, au détriment de l’État.

Cette requête a suscité de vives tensions entre le parquet et les avocats de la défense. Ces derniers ont vivement critiqué Koké Coulibaly, procureur général, l’accusant d’extrapoler les faits et de prolonger les débats sans fondement valable. Après délibération, la Cour a « réservé aux dépens », la décision.

 

Témoins clés : Oumar Tatam Ly et Madani Touré absents

L’ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly et Madani Touré étaient attendus comme témoins à charge et à décharge, mais n’ont pas encore comparu. Ce mercredi, à la reprise de l’audience, les avocats ont informé la Cour que M. Ly se trouve au Canada pour raisons familiales, tandis que M. Touré est en mission à Moroni (Comores) pour la Banque mondiale.

Son conseil a indiqué qu’il ne pourrait témoigner avant six semaines. Face à cette situation, la Cour a ordonné au ministère public de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer leur comparution d’ici au 19 juin 2025, estimant que leur témoignage est crucial pour la dignité des accusés.

Les auditions se poursuivent en cette fin de semaine avec le général Moustapha Drabo et le colonel-major Nouhoum Dabitao.

Nous y reviendrons en détail dans notre prochaine parution.

Ousmane Mahamane

Source: Mali Tribune

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