Les Etats-Unis ont déployé une quarantaine de soldats au Soudan du Sud pour la sécurité de leurs ressortissants, dont une partie a été évacuée. Trois casques bleus de l’ONU ont été tués. L’Ouganda voisin a déployé des troupes.
le Soudan du sud risque de sombrer dans la guerre civile après les affrontements entre factions rivales de l’armée sud-soudanaise qui ont fait près de 500 morts entre dimanche et mardi. A Juba, la capitale, de nombreux habitants prenaient d’assaut les bus pour gagner leurs villages ou l’Ouganda voisin. Près de 20.000 habitants sont réfugiés dans les deux bases de l’ONU dans la capitale.
Des soldats ougandais à Juba
Des soldats ougandais ont été déployés à Juba en réponse à une demande du Soudan du Sud, a rapporté ce vendredi le quotidien gouvernemental soudanais New Vision. Le journal précise qu’un premier détachement de forces spéciales ougandaises a contribué à assurer la sécurité de l’aéroport et aidé à l’évacuation de ressortissants ougandais. Le porte-parole de l’armée ougandaise, Paddy Ankunda a affirmé que leur mission se limitait à l’évacuation des Ougandais.
Des morts dans l’attaque d’une base de l’ONU
Trois Casques bleus indiens ont été tués dans l’attaque d’une base de l’ONU à Akobo dans l’Etat de Jonglei (est du pays), selon l’ambassadeur indien aux Nations unies. L’ONU a envoyé quatre hélicoptères pour évacuer son personnel.
Washington a déployé 45 soldats pour sécuriser son personnel
Le président américain Barack Obama a appelé jeudi le Soudan du Sud, en proie à des combats meurtriers entre factions de l’armée, à “cesser immédiatement toutes les violences qui visent à déstabiliser le gouvernement” du jeune Etat, “au bord du précipice” de la guerre civile. Des combats ont fait près de 500 morts entre dimanche et mardi dans le pays.
Les Etats-Unis ont déployé “environ” 45 soldats mercredi dans le pays pour la sécurité de leurs ressortissants. Les soldats, “bien qu’équipés pour le combat, ont été déployés dans le but d’assurer la protection des citoyens et des intérêts américains” et resteront au Soudan du Sud tant que la situation le réclamera, a fait valoir le président américain.
Washington a suspendu les activités de son ambassade et évacué jeudi 130 personnes après avoir fait de même la veille pour plus de 150 personnes, a annoncé le département d’Etat.
L’Union africaine (UA) a de son côté envoyé jeudi une mission de paix composée de plusieurs ministres est-africains au Soudan du Sud.
L’ancien vice-président appelle au renversement du président Salva Kiir
L’ancien vice-président Riek Machar a appelé jeudi au renversement du président Salva Kiir. Ce dernier avait accusé Riek Machar de tentative de coup d’Etat -ce que celui-ci avait démenti- avant de se dire prêt, mercredi, à discuter avec lui.
“S’il veut négocier les conditions de son départ du pouvoir, nous sommes d’accord. Mais il doit partir”, a répondu Riek Machar sur l’antenne de Radio France Internationale (RFI), accusant Salva Kiir de tenter “d’allumer une guerre ethnique”.
Riek Machar avait assuré la veille que la tentative de coup d’Etat était un prétexte pour se débarrasser de ceux contestant l’autorité du président à la tête du parti au pouvoir (SPLM) et de l’Etat.
Crainte de conflit ethnique
La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, estimait jeudi que le risque de conflit ethnique était “extrêmement élevé”. “Je suis profondément inquiète pour la sécurité des civils pris entre deux feux”, a-t-elle dit.
Human Rights Watch a également accusé les belligérants d’avoir commis des meurtres sur des bases ethniques, à Juba et à Bor.
Le scénario d’une guerre civile “apparaît désormais terriblement possible”, estime enfin l’International Crisis Group (ICG) qui s’inquiéte de l’extension des violences à des régions déjà en proie à de vives tensions ethniques.
Le passif des violences interethniques des années 1990
Selon Joseph Contreras, un porte-parole de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss), environ 3000 civils étaient réfugiés jeudi à la base onusienne de Bor et un nombre moins important à Pibor, également au Jonglei.
Bor est une localité à fort symbole dans la longue rivalité Kiir-Machar, qui trouve racine dans les années de rébellion sudiste contre Khartoum (1983-2005).
En 1991, les troupes – majoritairement d’ethnie Nuer – de Machar, qui venait de faire défection de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), la rébellion sudiste historique, y avaient massacré quelque 2000 civils Dinka, l’ethnie de Salva Kiir.
Un champ pétrolier attaqué
Au moins cinq employés ont toutefois été tués mercredi soir dans un champ pétrolier de l’Etat d’Unité (nord) attaqué par des hommes armés non identifiés, selon un responsable du consortium GNOPC – contrôlé par le géant public chinois CNPC – qui exploite le champ Unité visé. Ce responsable était réfugié avec environ 200 employés du secteur pétrolier à la base de l’ONU de Bentiu, capitale de l’Etat. Une autre attaque – non confirmée – y a été signalée sur un champ pétrolier différent.
Il n’était pas possible de savoir si ces attaques étaient liées au conflit politico-militaire ni quelles étaient les conséquences sur la production de pétrole, qui assure 98% des ressources du pays.
Source : l’Express