Des filles tunisiennes sont retournées en Tunisie enceintes, œuvre de combattants salafistes qui ont mis la Syrie à feu et à sang. Après avoir servi au “repos du guerrier”, désormais légitimé par quelques cheikhs wahhabites, elles se retrouvent avec des enfants à charge, nés de pères inconnus [le djihad de ces jeunes filles consiste à coucher avec autant de djihadistes qu’elles le peuvent].
Le ministre de l’Intérieur tunisien lui-même, Lotfi Ben Jeddou, a publiquement affirmé le 19 septembre que près d’une centaine de djihadistes leur passaient dessus sur leur chemin de Damas. Et les voici aujourd’hui à rentrer avec le fruit de ce djihad al-nikah, cette sorte de prostitution aux accents religieux.
Quel sera le sort de ces nouveau-nés, dans un contexte social où les mères célibataires sont durement stigmatisées ? A ce sujet, Lina Ben Mhenni, blogueuse engagée, a interpellé la ministre de la Femme, Sihem Badi, par l’intermédiaire de Facebook : “Quel sera votre programme pour les encadrer et pour sauver leurs enfants ?”
“Faudrait-il les jeter à la mer ?”
Lina questionne également Souad Abderrahim, l’élue du parti Ennahda à l’Assemblée nationale constituante, qui s’était illustrée en novembre 2011 en affirmant que “les mères célibataires ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits”. Pour rappel, Mme Abderrahim n’avait pas hésité à déclarer que ces filles mères constituaient “une infamie pour la société tunisienne”.
Ben Mhenni apostrophe la députée et lui demande s’il convient de qualifier ces jeunes femmes de retour de Syrie de “mères célibataires”, dans la mesure où il s’agit de “moudjahidates” ? Lina martèle : “Faudrait-il les honorer, les encadrer, et protéger leurs enfants, ou les jeter à la mer ?”
Des questions d’une brûlante actualité, qui soulèvent un pan du voile sacré qui tend à les escamoter. Comble du paradoxe, ce seront les fatwas de cheikhs salafistes, appelant au djihad al-nikah, qui permet des rapports sexuels hors mariage avec des partenaires multiples, qui mettront cette fois-ci sur le tapis un sujet de société considéré comme un tabou. Même si, selon les chiffres divulgués en 2010 par des associations de protection de l’enfance, pas moins de quatre bébés naissent chaque jour, en Tunisie, hors du cadre du mariage. Et il aura donc fallu attendre le retour des “djihadistes sexuelles”, pour exhumer le sujet. Provoquera-t-il une nouvelle fois l’opprobre des extrémistes religieux alors qu’ils sont pour le moins coupables de complicité ?