Un procès inhabituel s’est tenu ce vendredi 26 avril 2013 devant le tribunal correctionnel de Paris. Pour la première fois, la justice devait se prononcer sur une affaire présumée de violences accompagnées d’injures racistes anti-Blancs pour lesquelles un homme est jugé. Les faits qui lui sont reprochés se sont produits en 2010 dans le métro parisien.
L’affaire devait être jugée en octobre 2012, mais le procès a été reporté à la demande de l’avocate du plaignant qui estimait que les conditions de « sérénité » dans lesquelles la justice devait être rendue, n’étaient pas réunies. À l’époque, on était en pleine campagne pour la présidence de l’UMP au cours de laquelle Jean-François Copé s’était emparé du thème du racisme anti-Blancs avec la fameuse anecdote du « pain au chocolat ».
L’agression qui est finalement jugée ce vendredi, s’est produite en septembre 2010. Un jeune homme, Terence, attend son métro sur un quai de la station Gare du Nord quand surgissent deux individus qui vont le rouer de coups et le traiter de « sale Blanc, sale Français » pour une banale affaire de cigarette.
Une agression gratuite puisque la victime et ses agresseurs ne se connaissaient pas et qu’il n’y a eu aucune demande d’argent, précise Me Mario Pierre Stasi avocat de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), qui est partie civile pour la première fois dans un dossier de ce type. Seul un agresseur sur les deux a été retrouvé et il comparaît devant la 13echambre correctionnelle du tribunal de grande instance.
Dix ans de prison
Cet homme, Arnaud, âgé aujourd’hui de 30 ans se voit reprocher d’avoir porté des coups entraînant une interruption temporaire de travail de 39 jours. Trois circonstances aggravantes ont été retenues à son encontre par le parquet : l’attaque en réunion (les agresseurs présumés étaient deux), l’utilisation d’une arme, à savoir un tesson de bouteille et le caractère raciste de l’agression. Pour ces faits, le jeune homme encourt jusqu’à dix années de réclusion criminelle et 75 000 euros d’amende. Le jugement devrait être mis en délibéré.
Le prévenu conteste le caractère raciste de l’attaque malgré le témoignage de plusieurs témoins qui disent l’avoir entendu crier à sa victime « sale Blanc, sale Français ». Par ailleurs, il affirme n’avoir frappé le plaignant que pour défendre son camarade, lequel n’a pas été identifié. Son avocat, Me Grégoire Etrillard, dénonce une instrumentalisation de ce procès. « Il n’y a absolument aucun élément qui établisse que mon client a prononcé la moindre insulte à caractère raciste, et encore moins (…) anti-Blancs, ce qui serait absurde puisqu’il est lui-même Blanc », a-t-il dit à la presse.
Même si la Licra souligne que le racisme anti-Blancs est marginal, elle n’en demeure pas moins déterminée à lutter contre toute forme de racisme. « Il y a là un phénomène social, quelque chose qui est plus fréquent que ce que l’on pense et beaucoup moins que ce que disent un certain nombre d’extrémistes qui essayent d’instrumentaliser cette affaire », a ainsi expliqué Alain Jakubowicz, le président de la Licra.
Le racisme anti-Blancs est en effet un concept aussi délicat à manier que la dynamite. « Certains nous reprochent de faire le jeu de l’extrême droite, mais je ne veux pas abandonner ce combat aux extrémistes», ajoute encore le président de la Licra. Une position que ne partagent pas toutes les associations antiracistes comme SOS Racisme qui refuse tout net l’appellation « racisme anti-Blancs », estimant que la notion de racisme tout court se suffit bien à elle-même. Pour la Ligue des droits de l’homme (LDH), « le racisme anti-Blancs, en soi, cela n’existe pas ». Quant au MRAP, s’il a adopté le vocable de racisme anti-Blancs, il se positionne avant tout sur une action « contre tous les racismes ».