Le ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian
Pour leurs hélicoptères, les Français seraient tombés à court de carburant dans les Ifoghas sans l’aide secrète des Algériens.
Au plus fort de l’opération conduite par les chasseurs parachutistes et les légionnaires dans l’Adrar des Ifoghas, en mars dernier, l’opération Serval a connu de très sérieux problèmes pour organiser ses énormes flux logistiques.
Elle a lourdement manqué d’hélicoptères pour monter en urgence plusieurs centaines d’hommes sur ce front depuis Gao, à tel point qu’il a fallu bricoler des “sièges” en palettes de bois, sacs de sable et sangles d’accrochage posés à la diable sur des plateaux de camions tactiques. Un chauffeur de porte-conteneurs TRM 10 000, le plus gros camion de l’armée française, a ainsi expliqué au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qu’il avait transporté 25 hommes lourdement chargés avec leur ravitaillement et tout leur armement sur le plateau du camion pour une expédition routière de 10 heures sous le cagnard.
Le général Bernard Barrera, commandant les forces terrestres de l’opération Serval, a précisé au ministre que les soldats étaient immédiatement partis au combat, dès la descente du camion !
511e régiment du train
Durant la visite ministérielle, la brigade logistique actuellement organisée autour du 511e régiment du train d’Auxonne lui a été présentée. Le chef de corps du “511”, le colonel Jean-Louis Vélut, a expliqué durant cette présentation – la seule à laquelle les journalistes ont pu assister – un aspect méconnu de l’opération.
Les camions-citernes du service des essences des armées intégrés à la brigade logistique se sont rendus à cinq reprises à la frontière algérienne, par la piste partant de Tessalit, pour aller prendre livraison de centaines de mètres cubes de carburant livré par l’Algérie.
À raison de cinq rotations permettant de transporter à chaque fois 72 mètres cubes, ce sont plus de 350 mètres cubes d’hydrocarbures que les Algériens ont livrés : “C’était du kérosène de la meilleure qualité”, a précisé l’officier, ajoutant qu’un additif permettait de transformer le cas échéant en gasoil ce carburant initialement destiné aux hélicoptères.
Concrètement, les citernes vides françaises se sont rendues sur un point de la frontière algéro-malienne tenu secret, où les attendaient des gendarmes algériens accompagnant des camions-citernes civils algériens. Sans ce précieux apport algérien, que les Français n’avaient jusqu’alors pas rendu public, les opérations dans les Ifoghas n’auraient sans doute pas pu être conduites de la même façon. Ni aussi vite.
Sans être aujourd’hui terminées, elles ne rencontrent plus de résistance, et si les militaires français poursuivent le ratissage pour trouver des caches d’armes ou de carburant, ils ont également commencé leur désengagement.
Source: Le Point