Le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta a déclaré samedi à Bamako espérer que le président gambien sortant Yahya Jammeh, qui refuse de céder le pouvoir, va comprendre que “la Gambie n’a pas besoin d’un bain de sang”.
“Nous avons posé un acte fort. D’abord, nous avons reçu le président” gambien élu, Adama Barrow, a déclaré M. Keïta lors d’une conférence de presse avec le président français François Hollande, à l’issue du 27e sommet Afrique-France vendredi et samedi à Bamako.
C’est “une reconnaissance de facto et de jure” du président Barrow, invité spécial du sommet.
“Le 19 janvier, j’ose espérer que la sagesse africaine inspirera notre frère (Yahya Jammeh), que le bon musulman qu’il dit être comprenne l’intérêt supérieur de la Gambie qui n’a pas besoin d’un bain de sang”, a ajouté M. Keïta, après des menaces de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) d’une intervention militaire en Gambie.
Yahya Jammeh doit quitter le pouvoir le 19 janvier, après l’expiration de son mandat, et Adama Barrow doit être investi le même jour.
Samedi, une réunion de la Cédéao sur la Gambie s’est tenue à Bamako en marge du sommet Afrique-France, en présence de M. Barrow, selon une source à la présidence malienne.
La rencontre a notamment réuni les présidents nigérian Muhammadu Buhari et libérien Ellen Johnson Sirleaf ainsi que l’ex président ghanéen John Dramani Mahama, a affirmé à l’AFP cette source.
Venu de Banjul en compagnie de la présidente libérienne, Adama Barrow a assisté samedi matin au sommet Afrique-France à Bamako.
Une mission de la Cédéao s’était rendue vendredi à Banjul pour tenter de convaincre Yahya Jammeh de céder le pouvoir.
Par ailleurs, de hauts responsables militaires de l’organisation régionale, venant notamment du Sénégal, du Liberia et du Ghana, se sont récemment réunis dans la capitale fédérale nigériane Abuja pour discuter de “l’impasse politique” en Gambie, selon l’état-major nigérian.
La Gambie est plongée dans une crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu’il ne reconnaissait plus les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.
Outre la Cédéao, de nombreux pays et organisations, dont l’ONU, font pression sur M. Jammeh, qui a de son côté saisi la justice pour faire annuler les résultats de l’élection et se dit déterminé à rester président tant qu’elle n’aura pas statué sur ses recours.
Source : AFP