La salle de délibération de la mairie de Kati a servi de cadre à la conférence-débat organisée par la jeunesse de Kati animée par le Pr .Clément Dembélé, le dimanche 2 Février 2020.
Au cours de cette rencontre, Mme Kéita Djenné Kéita, présidente nationale des veuves de militaires du Mali a déploré le retard accusé pour informer les proches des décès de leurs parents militaires tombés sur le champ de bataille. Lui succédant au pupitre, Mme Diallo Nasa Koné, femme militaire a, elle aussi, dénoncé l’absence de cimetière militaire au Mali. » Ce sont nos enfants, nos époux, nos pères et frères, qui sont tués sur les champs de guerre et enterrés dans des fosses communes. Hélas, aucun de leurs enfants, frères ou épouses, ne pourra distinguer la tombe pour se recueillir dessus » déplore-t-elle. Avant de proposer qu’ » à défaut de remettre leur corps à leurs parents, il faut ériger à leur mémoire un cimetière permettant de distinguer la tombe de tout un chacun « .
Ces propos interviennent dans un contexte où il y a un véritable malaise quant au sort réservé aux dépouilles des militaires morts aux combats. Très souvent, comme ce fut le cas lors de l’attaque du camp de Sokolo (Ségou) le dimanche 26 janvier, les corps des militaires ont été enterrés dans une fosse commune sur les lieux où les attaques se sont produites, dans l’anonymat le plus total. Ce, alors que des avions militaires devant être mobilisés pour le rapatriement de ces corps sont utilisés à d’autres fins.
Le dernier cas en date remonte au mois de décembre passé lorsque des proches du riche et controversé homme d’affaires Seydou Kane ont été transportés par un avion de l’armée de l’air malienne afin de se rendre au mariage de l’un de ses fils à Nioro du Sahel. Les explications données par le député Karim Keïta, président de la commission défense à l’Assemblée nationale et fils du président malien Ibrahim Boubacar Keïta ainsi que la hiérarchie militaire n’ont pas convaincu grand monde. Cela a même donné lieu à une grande confusion puisque Karim Keïta parlait de « locations » tarifées permettant « d’avoir des rentrées financières » alors que la hiérarchie militaire soutenait qu’il s’agit d’un affrètement auquel a droit tout citoyen si l’avion est disponible. Pourtant, dans les autres pays, y compris chez nos voisins, les militaires morts aux combats ont droit à tous les honneurs dus au sacrifice qu’ils ont consenti dans la défense de la patrie contre les ennemis. Une telle démarche devrait nous inspirer au moment où les plus hautes autorités ne cessent de rappeler que » nous sommes en guerre « .
Massiré DIOP
Source: l’Indépendant