Le 12 juillet 2025, une manifestation a eu lieu dans le village de Foth, situé dans la région de Lompoul, au nord du Sénégal, contre les activités de la société minière Grande Côte Opérations (GCO), filiale du groupe industriel français Eramet. Organisée par les habitants et des activistes de la société civile, cette protestation visait à dénoncer les conséquences sociales et environnementales de l’extraction de zircon dans la région.
Selon les organisateurs, cette mobilisation est un cri de détresse face à l’indifférence persistante aux revendications locales. Le manque d’accès à l’eau potable est l’un des griefs majeurs. Malgré les promesses de la société, le système d’adduction d’eau ne fonctionne pas. Les habitants sont contraints de puiser de l’eau non potable dans des puits traditionnels. « Sans eau, on ne peut pas vivre », rappellent les manifestants.
Les conditions de relogement des familles déplacées constituent une autre source de mécontentement. Le village de Foth, historiquement situé sur le littoral, a été déplacé à l’intérieur des terres pour permettre l’exploitation minière. « Ca ne correspond pas à notre culture et à notre manière de vivre. Par exemple, il y avait le père, le fils, le beau-frère qui habitaient ensemble et qui partageaient les repas ensemble, etc. Aujourd’hui on les a séparés et ils ne peuvent plus partager les repas ensemble », expliquent les habitants. Les nouveaux logements ne répondent pas à leurs besoins ni à leurs traditions, ce qui suscite un sentiment d’exclusion et de frustration.
Le déplacement des cimetières a également profondément choqué la population. Les sépultures ancestrales ont été déplacées, voire profanées, sans autorisation, sans documentation, ni justification. « Dans notre culture, toucher aux tombes est un sacrilège. Nous ne pouvons l’accepter », affirment les villageois.
Par ailleurs, les manifestants exigent une expertise environnementale indépendante sur les conséquences des activités de GCO. Ils dénoncent la destruction complète du paysage désertique unique de Lompoul. « Ce désert faisait partie de notre patrimoine naturel. Aujourd’hui, il a été rasé. L’exploitation ne doit pas détruire notre cadre de vie. Elle doit servir au bien-être des populations », insistent les activistes.
Les habitants de Foth ont lancé un appel pressant aux autorités sénégalaises pour qu’elles suspendent les opérations de GCO jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur cette situation. Ils réclament une évaluation indépendante des dommages causés à la population et à l’environnement, dans le respect des intérêts locaux plutôt que ceux des investisseurs étrangers.
Depuis plusieurs années, écologistes, experts et défenseurs des droits humains alertent sur le fait que les activités de GCO profitent principalement à l’économie française, laissant derrière elles un Sénégal appauvri sur le plan environnemental et social. Au sein de la société civile sénégalaise, les appels se multiplient pour repenser la coopération avec Eramet, voire envisager l’arrêt pur et simple de ses activités dans le pays.
La manifestation de Foth n’est pas un cas isolé, mais le symptôme d’un mécontentement croissant. Les habitants refusent désormais de se taire face aux injustices. Ils exigent justice, respect de leur culture, de leur environnement et de leur droit fondamental à une vie digne.
Drissa Traoré