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Alliance JNIM-FLA: Iyad fait-il peur ?

Une double-page s’ouvre encore contre notre pays engagé depuis plus de 10 ans dans la guerre contre le terrorisme et le séparatisme. Face à deux ennemis irréductible et irrédentiste, nos forces de défense et de sécurité doivent désormais compter avec l’Alliance opportuniste et instrumentalisée du JNIM (Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin) et du FLA (Front de libération de l’Azawad), mais aussi avec les nouveaux outils de la guerre électronique que les sponsors ont équipé les terroristes lâchés contre notre pays et ceux du Sahel.


Les offensives coordonnées de début juin et juillet de cette année entrent dans ce cadre. Les combattants du JNIM ont attaqué en coordination avec les forces résiduelles du FLA, mais équipés de technologie de pointe notamment les drones kamikazes par l’Ukraine.
Après la cuisante défaite qu’il a essuyé face à nos hommes le 1e juillet 2025, pour donner l’impression d’être ce qu’il n’est pas, le Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) met en scène des combattants prétendument au Nigéria. Et les relais médiatiques, répétiteurs automatiques, se sont empressés de partager l’affabulation selon laquelle le JNIM a achevé son contrôle sur le sahel, maintenant il se redéploye au Nigeria. La stratégie de communication de guerre ne doit tromper personne. Car, il s’agit d’une grotesque diversion pour nous endormir afin de pouvoir frapper comme à son habitude de manière traitresse, à l’aube ; de manière éclair et s’enfuir comme dans une razzia.
Après plus de dix ans de confrontation, face aux mêmes ennemis, faudrait-il craindre le pire ou au contraire que ce soit les mêmes qui nous attaquent avec les mêmes stratégies ? Quand est-ce qu’il faut espérer une sortie de notre nation de ce bourbier sanglant ?

e JNIM, ou Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin, est une organisation jihadiste affiliée à al-Qaïda. Elle est active principalement dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, Niger, Burkina Faso et d’autres pays de la zone.
Crée en 2017 par la fusion de plusieurs groupes militants locaux, dont Ansardine et le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin est formé par l’ancien rebelle du MPA (Mouvement populaire de l’Azawad) devenu djihadiste Iyad Ag GHaly pour renforcer la lutte contre les forces gouvernementales et les forces internationales présentes dans la région.
L’objectif principal du JNIM est d’instaurer un Kafifa islamiste selon une interprétation djihadiste des préceptes de l’islam, en utilisant fondamentalement la violence et des actes terroristes. Depuis le début de sa lutte armée contre notre pays, le groupe terroriste mène régulièrement des attaques contre les forces de défense et de sécurité, les populations civiles accusées d’apporter appui et renseignement aux FAMa. De même, il opère contre les intérêts étrangers au Mali et aujourd’hui dans tout le Sahel et progressivement dans les pays côtiers.
À partir de juin 2025, le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) a intensifié ses activités dans notre pays avec deux grandes offensives coordonnées contre les forces armées maliennes (FAMa). Toutefois, malgré l’utilisation de nouveaux moyens de guerre, dont les drones kamikazes fournis par ses sponsors, le maillage sécuritaire sur l’ensemble du territoire national tient bon. Mieux, les FAMa ont à leur actif l’élimination de plusieurs terroristes dans les rangs du JNIM. Est-ce pour ne pas être complètement décimé par les frappes de l’armée de l’air du Mali que le JNIM se redéploye dans des nouvelles zones présentées comme des théâtres d’extension du conflit ?

1. Offensive des 1e et 2 juin 2025
Cette offensive coordonnée, selon un communiqué, s’inscrit dans une série d’attaques menées par le groupe armé terroriste, JNIM, pour affaiblir les forces armées maliennes (FAMa) et leurs alliés russes de l’Africa Corps. Elle a ciblé les 1e et 2 juin des installations militaires stratégiques dans le centre et le nord de notre pays.
En effet, le 1e juin 2025, le JNIM, principalement à travers sa branche de la Katiba Macina, a attaqué un camp militaire de Boulkessi près de la frontière avec le Burkina Faso. Environ 200 combattants terroristes ont envahi la base, pillant des armes et détruisant les infrastructures. Selon des sources locales, des soldats maliens ont été tués, certains blessés, des biens de l’armée emportés. Mais après leur forfait, les combattants du groupe armé terroriste ont pris la clé des champs pour échapper aux représailles des drones des FAMa.
Le lendemain 2 juin 2025, à Tombouctou, le JNIM a lancé une attaque complexe simultanée contre un camp militaire, trois points de contrôle autour de la ville et l’aéroport de Tombouctou, où les instructeurs russes de Africa corps étaient basés. L’opération a utilisé des véhicules piégés, des infiltrations et des tirs de roquettes. Bien que l’armée malienne ait revendiqué avoir repoussé l’attaque, neutralisé 14 militants et arrêté 31 suspects, elle a aussi enregistré des pertes et des blessés dans ses rangs.
Si à priori ces attaques laissent à une soudaine capacité du JNIM en pleine débandade à coordonner des assauts complexes sur plusieurs fronts, exploitant de prétendues faiblesses des FAMa, notamment leur manque de ressources (comme des missiles pour drones), ont plutôt mis en évidence la résistance et la capacité de l’armée malienne à faire face à l’ennemi sur plusieurs fronts simultanément. À L’actif de nos hommes, aucun camp militaire, aucun check-point tenu par les FAMa, aucune localité où les FAMa sont déployées n’est tombée suite à cette attaque terroriste complexe.

2. Offensive du 1er juillet 2025
Un mois après les attaques terroristes contre les FAMa à Boulkessi et à Tombouctou qui ont provoqué une valse de couvre-feu comme un effet de mode, le JNIM a revendiqué une série d’attaques coordonnées qui a visé sept localités dans les régions de Kayes et Ségou, pour donner l’illusion qu’il s’agit d’une expansion géographique du terrorisme vers l’ouest de notre pays, frontalière du Sénégal, une zone jusque-là moins touchée par la violence jihadiste. Mais en réalité, il s’agit d’une technique aussi vieille que le monde : celle de la terre brulée. Sinon, pourquoi s’en prendre aux unités industrielles et les bruler ? L’objectif du groupe armé terroriste, au-delà de perturber les lignes de ravitaillement de Bamako, est de trouver en vérité un refuge dans la zone frontalière de la Mauritanie et du Sénégal où il pense que les FAMa sont faiblement déployées.
Chacun se rappelle, en effet, que les attaques ont visé les villes de Kayes, Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli, et Gogui. A Kayes, les tirs ont été particulièrement intenses près du camp militaire, du poste de police et des dégâts au siège du gouverneur. À Diboli, proche de la frontière sénégalaise, et Nioro, près de la Mauritanie, les attaques terroristes ont visé des cibles militaires et douanières et se sont soldés par une bérézina pour les combattants djihadistes qui ont perdu environ 40 morts.
Si le JNIM a revendiqué le contrôle temporaire de trois casernes et de dizaines de points de contrôle militaires, avoir tué une dizaine de soldats à Niono. La vérité est un échec cuisant du plan d’invasion de notre pays appuyé par des sponsors connus, depuis les bases arrière et de repli généreusement offert aux terroristes contre notre pays. De manière vérifiable, comme à son habitude, l’armée malienne a déclaré avoir neutralisé plus de 80 « terroristes », saisi un arsenal important.
Si par mesures de prévention, un couvre-feu a été instauré dans plusieurs régions, avec des restrictions de circulation, l’armée malienne et ses partenaires russes de Africa Corps ont mené une riposte encore plus coordonnée et plus efficace contre les assaillants les forçant à battre en retraite après plusieurs heures de combats en empruntant le Haoussa-Train, plus rapide à leurs yeux que les motos.
Ces offensives terroristes coordonnées mâtées comme il se doit par les FAMa montrent une évolution dans la stratégie du JNIM, qui passe d’attaques éclair à des opérations plus complexes visant à contrôler temporairement des zones urbaines et à détruire les infrastructures économiques.
Jusqu’à ces traitresses attaques coordonnées, le JNIM menait l’essentiel de ses opérations au Sahel, notamment la zone des trois frontières (Burkina-Faso, au Mali et au Niger).
Malgré, la suprématie des FAMa sur le terrain, sur toute l’étendue du territoire national, faut-il s’inquiéter du nouveau soutien matériel au JNIM affiché par des sponsors étatiques ? Comment expliquer la volonté du groupe armé terroriste d’ouvrir de nouveaux théâtres d’opérations, notamment au Nigéria en plus des pays côtiers (Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana) ? Faut-il prendre au sérieux cette campagne de communication djihadistes ?
Faudrait-il rappeler que le JNIM n’a jamais attaqué les forces de sécurité nigérianes auparavant, cette communication qui entre dans la stratégie de guerre a tout l’air d’une provocation, un alibi. Mais elle renforce pour qui sait lire entre les lignes un aveu de taille : le JNIM indique que le Nigeria ne sera pas seulement une « base arrière » comme la Mauritanie et le Ghana, et que le début des attaques contre l’armée nigériane n’est plus qu’une question de temps. En français sahélien : la Mauritanie et le Ghana servent de base arrière au JNIM pour attaquer l’ouest et le contre du Mali et une partie du Togo.

3. Contre la stratégie djihatiste
La stratégie d’implantation et d’expansion récente de Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), dans le Sahel et, au-delà, avait reposé jusqu’ici sur une combinaison de tactiques militaires, de gouvernance locale, d’exploitation des failles étatiques et d’activités économiques illicites.

1. En matière d’expansion géographique et de ciblage des zones fragiles, à l’origine, le groupe armé terroriste a étendu son influence au-delà de ses bastions traditionnels au Mali (nord et centre) vers le Burkina Faso, le Niger, et les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest comme le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Ghana et potentiellement le Sénégal. Cette expansion exploite les failles sécuritaires, mais surtout les tensions ethniques, notamment entre les Peuls et autres groupes comme les Dogons.
Ensuite, il a ciblé des régions où l’État était faiblement redéployé, comme les régions de Kayes et Nioro où les tensions liées à l’esclavage par ascendance offrent un terreau fertile pour le recrutement.

2. Dans sa stratégie de gouvernance et intégration communautaire, le JNIM adopte une approche de « populisme pastoral » pour gagner le soutien des communautés locales, notamment les Peuls, Touaregs, Songhaï, Bambara, et autres groupes ethniques. Cette stratégie inclut la distribution de ressources matérielles (nourriture, aide financière et logistique). L’organisation djihadiste se sert aussi la signature d’accords locaux pour asseoir une proto-gouvernance islamique. Par exemple, le groupe impose la zakat (taxe islamique), des codes vestimentaires stricts, et établit des barrages pour contrôler les populations et collecter des fonds.
En intégrant des leaders locaux et en s’appuyant sur des griefs communautaires, comme les conflits fonciers ou les frustrations envers les gouvernements légaux, JNIM se positionne comme une alternative à l’État, tout en évitant parfois les exactions massives contre les civils pour maintenir un certain soutien populaire, contrairement à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS).

3. Sur le plan de la Guerre économique et financement illicite, le JNIM s’appuie sur des activités criminelles pour financer ses opérations, notamment l’exploitation de l’or illicite, le trafic de drogue (cocaïne transitant du Sahel vers l’Europe), et les enlèvements contre rançon. Ces ressources permettent au groupe terroriste de maintenir ses capacités opérationnelles et d’attirer des recrues. Par ailleurs, en facilitant les économies illicites locales, comme le commerce informel ou le banditisme, JNIM gagne la loyauté de certaines communautés qui dépendent de ces activités pour leur survie, renforçant ainsi son implantation.

4. Pour ce qui est des opérations militaires complexes et de ses rivalités avec l’EIGS, le JNIM a démontré une certaine capacité non négligeable à mener des attaques coordonnées et complexes, comme l’attaque du 7 septembre 2024 contre le camp d’entraînement de la Gendarmerie de Faladie et l’aéroport de Bamako, les attaques simultanées du 1e et 2 juin contre Boulkessi et Tombouctou, et celles du 1e juillet 2025 contre les régions de Kayes, Nioro et Ségou.
Quant à l’ISGS pour le contrôle territorial et les ressources, il convient de noter qu’alors que ce groupe privilégie les attaques indiscriminées contre les civils, JNIM cherche à les limiter pour maintenir une image plus « modérée » et ancrée localement, en ligne avec la stratégie globale d’Al-Qaïda.

5. En matière de communication de guerre, le JNIM utilise son organe médiatique, Al-Zallaqa, pour revendiquer ses attaques et diffuser sa propagande via des plateformes comme ChirpWire et Telegram. Cette communication renforce son image de groupe structuré et légitime, quoique terroriste, aux yeux de ses partisans et de l’opinion internationale, tout en défiant les autorités étatiques.

L’alliance entre le Front de Libération de l’Azawad (FLA) et le Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) contre notre pays se fonde sur les dimensions stratégiques, les implications régionales, les dynamiques internes aux deux groupes, et les perspectives de résolution de cette guerre imposée à notre peuple. L’alliance entre le Front de Libération de l’Azawad (FLA) et le Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) est une réponse tactique à la pression exercée par l’armée malienne.

4. Contexte stratégique et historique
L’alliance entre le FLA et le JNIM s’inscrit dans la longue histoire de crises sécuritaires de notre pays, marquée par des rébellions séparatistes (1962-1964, 1990-1995, 2006, 2012) et l’émergence de groupes jihadistes depuis le GSPC (Groupe salafiste pour la prédiction et le Coran, algérien) et notamment après l’effondrement de l’État libyen en 2011.
Le FLA (Front de libération de l’Azawad), créé le 30 novembre 2024 à la suite de la dissolution du Cadre Stratégique Permanent pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA), regroupe des factions rebelles (MNLA, HCUA) et arabes (dissidences MAA, GATIA) avec pour objectif l’indépendance ou l’autonomie de l’Azawad, comprenant les régions de Kidal, Gao, Tombouctou et de Ménaka.
Le JNIM, formé en 2017 par la fusion de groupes comme Ansar Dine, AQIM (branche saharienne), Al-Mourabitoun et Katiba Macina et GSIM, est une coalition salafiste-jihadiste affiliée à Al-Qaïda, cherchant à établir, Emirat, pardon un État islamique dans le Sahel.
•Sur le plan de la Convergence tactique, malgré leurs objectifs divergents (indépendance séculière pour le FLA, califat islamiste pour le JNIM), les deux groupes partagent une opposition viscérale à l’armée malienne et à ses alliés russes de l’Africa Corps (ex-Wagner). La fin des accords d’Alger en 2023 et la reprise de Kidal par l’armée malienne, forçant les rebelles à se replier vers Tinzaouatène (Algérie où ils ont le gîte et le couvert ainsi que la protection) renforcent cette convergence stratégique.
Pour beaucoup d’observateurs, les affrontements comme celui d’Alkite de ce 14 juillet 2025 montrent une coordination accrue entre les deux groupes terroristes, le FLA revendiquant des embuscades contre des convois des FAMa (forces armées maliennes) et leurs partenaires russes, potentiellement avec le soutien logistique ou tactique du JNIM.

Bémol. Par le passé, une coopération similaire a existé entre les deux groupes, notamment en 2012, lorsque le MNLA (précurseur du FLA) s’était brièvement allié à Ansar Dine, un groupe qui va plus tard se fusionner avec d’autres pour devenir le JNIM. Cette alliance s’était en quelques jours effondrée en raison de divergences idéologiques, mais aussi des pressions de France poussant le MNLA a rejeté l’idée d’imposition de la charia par Ansar Dine. Ce dernier, à son tour, s’oppose à la partition du pays. De ce précédent, il ressort que l’alliance actuelle entre le JNIM et le FLA est plus opportuniste, motivée par la nécessité de contrer un ennemi commun plutôt que par une vision partagée à long terme.

5. Dynamiques internes de l’alliance
Le FLA bénéficie d’une légitimité locale parmi certaines communautés touarègues et arabes, grâce à son discours sur l’autodétermination et à son ancrage dans les revendications historiques de l’Azawad. Cependant, il est affaibli par ses divisions internes (par exemple, entre factions pro et anti-gouvernementales avant sa formation), par ses pertes face aux FAMa et par un manque de ressources militaires comparé à l’armée malienne et à l’Africa Corps. Sa dépendance au JNIM pour des armes, des financements ou une expertise en guérilla pourrait compromettre son autonomie et sa crédibilité auprès des populations locales, qui valorisent souvent des traditions culturelles contraires à l’idéologie jihadiste.
Quant au JNIM, il est une force militaire bien organisée, avec entre 1 000 et 2 000 combattants selon les estimations, capable de mener des attaques complexes (bombes en bord de route, embuscades, attentats suicides). Sa capacité à s’intégrer dans les dynamiques communautaires, en recrutant dans toutes les communautés, renforce son influence. Cependant, son affiliation à Al-Qaïda et son objectif d’imposer la charia limitent son acceptation par les populations maliennes. Toutefois, selon des rapports récents (juin 2025), le JNIM tenterait de se distancer publiquement d’Al-Qaïda pour faciliter des alliances tactiques avec des groupes qui exigent cette rupture.
Mais de plus en plus, on remarque que les deux groupes attaquent les mêmes cibles ou partagent les mêmes communiqués comme celui du 11 juillet dernier. En effet, une rencontre clé tenue le 29 mars 2025 à Kidal, rapportée par African Perceptions, a vu le FLA, via sa Commission des érudits de l’Azawad, accepter partiellement l’application de la charia et rejeter le sécularisme, signe d’un compromis pour consolider l’alliance. Cependant, plusieurs observateurs sont d’avis que des erreurs passées (comme en 2012) rendent une fusion complète improbable, le JNIM ayant appris à laisser les fronts locaux prendre la tête pour éviter les tensions.

6. Innovations militaires : la guerre par drones
Un développement significatif est l’adoption de la guerre par drones, une tactique qui a transformé la dynamique du conflit. D’après un rapport du Policy Center for the New South (14 juillet 2025), le JNIM, en collaboration avec le FLA, a été le premier groupe armé en Afrique à utiliser systématiquement des drones pour des opérations militaires. Depuis leur première frappe armée en septembre 2023, ils ont mené plus d’une douzaine d’opérations coordonnées jusqu’en juin 2025, incluant des frappes kamikazes, des missions de surveillance et de reconnaissance (ISR), et de la propagande visuelle pour affirmer leur dominance.
Le FLA a été un précurseur dans l’utilisation de drones VTOL (Vertical Take-Off and Landing) et FPV (First Person View), comme rapporté par Military Africa (17 février 2025), avec des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrant des combattants opérant avec ces appareils. Il est probable que cette expertise ait été transmise au JNIM via des opérations conjointes et l’intégration de personnel du FLA, selon le même rapport. Les drones utilisés sont souvent des modèles commerciaux modifiés avec des outils accessibles au grand public et de l’intelligence artificielle hors ligne, ce qui a fait chuter la barrière technique à l’entrée, comme souligné dans le rapport du Policy Center.
Les attaques de drones incluent des frappes contre des positions militaires, comme 6 opérations au Burkina Faso en avril 2025 (ACLED, 4 avril 2025), et des incidents notables comme le prétendu abattage d’un hélicoptère malien par le FLA en février 2025 (The Defense Post, 13 février 2025). Cette escalade a accru la létalité des opérations, avec une augmentation de 46 % des décès en 2024 par rapport à 2023, et une moyenne de 10 décès par attaque en 2025, selon Grey Dynamics (25 juin 2025). Les régions les plus touchées incluent Koulikoro, Ségou et Tombouctou, avec une majorité d’attaques cinétiques dans l’ouest du Mali, comme indiqué dans le rapport.

7. Implications régionales
Sur le plan de l’expansion de l’instabilité régionale, le JNIM, actif à l’origine seulement au Mali, mais aujourd’hui au Burkina Faso, au Niger, et récemment au Bénin (attaques en avril 2025), représente une menace transfrontalière. Son alliance avec le FLA pourrait amplifier cette menace en ouvrant de nouveaux fronts dans le nord du Mali, notamment près des frontières algérienne et mauritanienne.
Cette alliance a des répercussions au-delà du Mali, avec des opérations de drones s’étendant au Burkina Faso et au Togo, comme rapporté par ACLED (Armed Conflict Location & Event Data) en mai 2025. Cela menace la stabilité régionale, notamment près des frontières algérienne et mauritanienne. L’absence de forces internationales (retrait de la MINUSMA en 2023, fin de Barkhane) et les tensions avec l’Algérie compliquent les efforts de paix. Les autorités de la transition, soutenues par l’Africa Corps et des drones turcs, privilégient une approche militaire, mais ses conséquences alimentent la rébellion, rendant une résolution durable difficile sans dialogue inclusif et réformes structurelles.
L’absence de forces internationales (retrait de la MINUSMA en 2023, fin de l’opération Barkhane) n’a pas créé un vide sécuritaire qu’on espérait et l’Algérie, qui héberge des rebelles du FLA, est accusée par les États de l’Alliance des États du Sahel (AES) de soutenir le terrorisme et les séparatistes. Quant à la Mauritanie, elle est accusée comme l’Algérie d’être une base arrière des terroristes pour attaquer le Mali. Toutes choses qui compliquent les relations régionales.
Des incidents comme la perte d’un drone malien près de la frontière algérienne en avril 2025, revendiquée par l’Algérie (Military Africa, 1er avril 2025), montrent l’implication croissante d’acteurs externes, compliquant les efforts de stabilisation.

8. Comment s’en sortir ?
En 2020, le JNIM et le gouvernement avaient exprimé un intérêt pour le dialogue, mais les conditions du JNIM (notamment l’exigence du retrait des forces étrangères) et l’opposition française à tout dialogue avec les djihadistes ont bloqué les progrès. La rencontre de mars 2025 entre le FLA et le JNIM suggère une volonté de réduire les violences via des accords locaux, mais la position intransigeante du Mali (rejet de l’indépendance de l’Azawad) et l’absence de médiateurs neutres limitent les perspectives.
L’armée malienne, en s’appuyant sur des drones turcs (Bayraktar Akıncı) et de nouveaux partenariats en matière de défense, privilégie une approche militaire, mais ses ressources limitées de notre pays et le soutien des sponsors extérieurs aux terroristes (comme à Tinzaouatène ou ailleurs) alimentent la rébellion. Faut-il en avoir peur ? Que nenni. Le FLA, en s’alliant au JNIM, risque de perdre sa légitimité auprès des populations locales, tandis que le JNIM pourrait être tenté d’imposer ses propres objectifs jihadistes, répétant l’échec de 2012.
Une résolution durable nécessiterait, outre la consolidation des armées nationales fortes dans la lutte contre le terrorisme pour vaincre l’ennemi, une réduction au strict minimum sa capacité de nuisance.
Une résolution durable nécessiterait un dialogue inclusif impliquant le FLA, le JNIM, les communautés locales et les États voisins, ainsi que des réformes politiques et économiques pour répondre aux griefs des populations du nord, comme suggéré dans un rapport de The Conversation (11 juillet 2025).
Cependant, l’absence de médiateurs neutres et la polarisation régionale, notamment les accusations contre l’Algérie pour son soutien aux rebelles, compliquent les efforts de paix. Le retrait du Niger du G5 Sahel en janvier 2025 (The Conversation) a affaibli les initiatives régionales de contre-terrorisme, rendant une coopération efficace plus difficile.
En somme, l’alliance FLA-JNIM, bien qu’efficace sur le plan tactique grâce à l’innovation en matière de drones, reste fragile et expose les civils à des risques accrus. Sa durabilité est incertaine, et une résolution durable nécessiterait un dialogue inclusif et des réformes structurelles, mais les défis régionaux et l’absence de coopération internationale rendent cela difficile à court terme.

EL HADJ SAMBI TOURE

Source : Info Matin
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