Interpellé par l’honorable Bakary Koné sur le scandale des engrais dits de mauvaise qualité importés au Mali, le ministre du Développement Rural, Bocari Treta s’est longuement expliqué sans arguments solides. C’est du moins, ce que l’on peut retenir de la séance de questions orales qui lui ont été adressées par le député Adéma élu à Koutiala. C’était à l’Assemblée nationale, lors de la séance plénière de ce jeudi 18 juin 2015.
Ces questions orales adressées au ministre du Développement Rural concernaient le problème d’environ 40 000 tonnes d’engrais dits de mauvaise qualité importés au Mali pour la campagne agricole 2015-2016. Cette affaire a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive. Avant les questions orales de l’honorable Bakari Koné, des questions écrites ont été adressées au ministre par l’honorable Bafotigui Diallo, député RPM, élu en Commune VI du district de Bamako.
En interpellant le ministre du Développement Rural sur l’affaire des engrais frelatés, le député interpellateur attendait des réponses claires et concises surtout par rapport à la quantité d’engrais de mauvaise qualité introduite au Mali ; la perte que peut engendrer ces engrais sur la production agricole ; les effets de ces engrais sur les hommes , le sol et les plantes ; les conditions d’attributions des marchés ; les dispositions prises par le ministre pour remplacer les engrais de mauvaise qualité afin de sauver la campagne agricole en cours, etc.
La réponse à ces questions, pour nombre d’observateurs, allait permettre aux populations maliennes et surtout les agriculteurs d’avoir une idée nette sur les engrais dont il est question. Mais à la surprise générale, le ministre du Développement Rural a préféré ne pas répondre, on ne sait pour quelle raison, aux questions à lui poser par son interpellateur. Bocari Treta s’est contenté d’affirmer qu’il n’est pas impliqué pas l’affaire des engrais, ni dans l’attribution des engrais encore moins dans sa distributions sur le terrain. Pour lui, le dossier faisant état de la présence d’engrais de mauvaise qualité au Mali est un faux dossier. Bref, il s’agit, ajoute –t-il, d’une guerre de concurrence entre les producteurs ou importateurs d’engrais.
Le ministre d’ajouter que les différentes analyses d’échantillons d’engrais faites par son département ont prouvé qu’il n’y a pas d’engrais «frelatés » au Mali. Selon lui, son département a, pour la première fois, prélevé et analysé 163 échantillons d’engrais dans zone CMDT et OHVN. A l’issue de ces analyses, tous les engrais soupçonnés d’être de mauvaise qualité ont été retirés des zones CMDT et OHVN.
Ces explications de Bocari Treta n’ont pas convaincu l’honorable Bakari Koné qui a répliqué que le ministre n’a répondu à aucune des questions qui lui sont posées.
L’honorable Bakari Koné a, à son tour, fait savoir que 40% des 250 000 tonnes d’engrais introduits au Mali sont de mauvaise qualité, soit environ 80 000 tonnes d’engrais. Si ces engrais de mauvaise qualité ne sont retirés à temps, cela entrainerait, poursuit-il, une perte de 500 Kg de coton graine à l’hectare et 260 000 hectares seront affectés. Pire, cette situation va engendrer, une perte d’environ 30 milliards FCFA pour la campagne en cours.
Le moins que l’on puisse dire c’est que cette séance de questions orales n’a pas permis d’édifier l’opinion nationale sur le scandale des engrais dits « frelatés » lequel demeure entier.
Le ministre Bocari Treta, sachant qu’il n’a pu convaincre les députés, a souhaité la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur la question. Cette commission d’enquête parlementaire parviendra-t-elle à faire la lumière sur le dossier ? La question demeure.
En entendant, les regards sont à présent tournés vers le Premier ministre Modibo Kéita et le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, qui ont tous assuré qu’il n’y aura pas d’impunité dans cette affaire d’engrais de mauvaise qualité.
Abou Berthé
Source: Autre presse