Lors de sa visite à Paris, le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga a accordé une interview à des médias français, notamment TV5 et RFI, dans laquelle il rassure le monde entier que la crise malienne n’est pas inquiétante. Cela relève d’une mauvaise foi de la part du dirigeant qu’il est.
« Le Mali n’est pas un pays en guerre ». Voici les propos tenus par le chef du gouvernement malien face à la communauté internationale. Alors, les guerres intercommunautaires qui viennent de faire près de 60 victimes en une semaine dans la région de Mopti relèvent du bon cœur des habitants ; les écoles fermées au centre du pays aussi bien qu’au nord ne sont aux yeux du PM que traductions du bon vouloir des populations victimes. Tout ceci, traduit-il la paix qui règne sur le territoire national ?
Ces propos de Soumeylou Boubeye Maiga relèvent d’une mauvaise foi. Si le « Mali n’est pas un pays en guerre », pourquoi les administrateurs civils ont-ils déclenché une grève d’une semaine en paralysant toutes les distributions de cartes d’électeurs ? Le PM fait mine d’oublier peut-être la cause de cette grève qui n’est autre qu’une dénonciation de l’insécurité à laquelle ils [les administrateurs civils] se trouvent exposés dans leurs zones de travail. Il n’y a pas de guerre au Mali, et pourtant, les préfets, les sous-préfets, les véhicules des travailleurs de l’État se trouvent enlevés à chaque fois. Des examens n’ont pas pu se tenir à Kidal ainsi que dans certaines zones du centre. Des écoles sont brûlées, des civils sont tués tous les jours, des soldats tombent chaque jour. Tout ceci ne constitue-t-il rien aux yeux du Premier ministre qui se permet de remuer le couteau dans la plaie en soutenant que le « Mali n’est pas un pays en guerre ». Or, ce qui se trouve sur toutes les bouches aujourd’hui au Mali et qui traduit une certaine crainte, c’est bien cette situation conflictuelle aussi bien au nord qu’au centre. Chacun se demande, société civile comme partis politiques, si l’élection présidentielle pourrait avoir lieu dans cette situation. Un pays qui perd davantage chaque jour le contrôle de son territoire, n’est-il pas un pays en guerre ? Un pays où l’armée s’adonne à des exécutions sommaires des populations civiles, à des enlèvements, n’est-ce pas encore un pays avec lequel il importe de s’inquiéter ? Une fois de plus, le Premier ministre vient de montrer aux Maliens et à la communauté internationale que la crise qui prévaut dans son pays n’est pas son inquiétude. Mais aussi, à travers ce propos, il a démontré son ignorance face à la situation qui prévaut actuellement sur toute l’étendue du territoire national.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays