Ah ! le Mali du Président IBK, le Mali de tous les paradoxes ! Au moment où le monde entier, avec en première ligne des pays qui se croyaient jusqu’ici maîtres du monde, puisque imbus de leur supposée puissance, se cherchait et se cherche encore dans le désespoir le plus total face à la pandémie de la maladie à coronavirus qui a déjà décimé plus de 200.000 âmes sur la terre, le Président IBK et son gouvernement, confortés en cela par la classe politique, la société civile et les leaders d’opinion, étaient préoccupés par la tenue des élections législatives au Mali, et cela au mépris de la vie de millions de Maliens ! Et ça y est !, ils ont tenu leur élection, mais à quel prix, vu que nous-nous trouvons aujourd’hui avec plus de 560 cas, pour 27 décès dans notre pays ?
Si à l’apparition des premiers cas avérés de COVID-19 dans notre pays, beaucoup avaient cru qu’on allait enfin surseoir aux élections pour préserver la vie des Maliens, c’était vraiment mal connaitre le régime en place qui, il faut oser le dire, n’a que faire des préoccupations les plus essentielles du peuple malien. Le conflit au nord propagé dans le centre du Mali avec son cortège de morts tant civils que militaires, avec son lot de désolation, de famine et de précarité pour les populations déplacées ; la crise de l’Ecole qui s’enlise depuis bientôt trois ans avec des années scolaires tronquées pour de millions d’enfants pauvres des écoles publiques ; la précarité économique pour la plus grande majorité des Maliens… sont bien là pour l’attester !
Et quand le COVID-19 s’est signalé à nos portes, beaucoup étaient aussi ceux qui avaient cru, surtout avec la convocation du Conseil supérieur de la Défense nationale que le Président IBK et son gouvernement auraient fait preuve d’humanité en usant de tous moyens pour que les Maliens soient préservés contre le coronavirus… Les mesures issues de ce conseil furent si inconséquentes qu’on s’est permis de les violer en autorisant l’atterrissage de près d’une vingtaine d’avions à l’Aéroport de Sénou, tous remplis de gens venant des pays-foyers de la maladie à coronavirus, avec comme seule mesure sécuritaire en termes de prévention, la simple prise de température des passagers. Ceux parmi eux qui présentaient de la fièvre ont été retenus pour quelques heures, le temps de tester les prélèvements effectués sur eux, avant d’être autorisés à rentrer chez eux sans aucune autre forme de procès. Si bien que le protocole de prévention contre le coronavirus voudrait qu’ils soient tous mis en quarantaine au moins pour 14 jours avant d’être libérés !
Toujours suivant les mesures du Conseil supérieur de la Défense nationale, on procédera à la fermeture des commerces, des bars et restaurant, à l’interdiction des regroupements de plus de 50 personnes… mais en maintenant toujours la tenue des élections ! Un premier couac qui prouve que la santé des Maliens est bien le dernier souci de nos gouvernants. La confirmation des deux premiers avérés donna ensuite l’occasion au président de la République de s’adresser à la nation. Là également, la désillusion fut grande, car on s’attendait certes à voir le président prendre des décisions fortes comme l’instauration d’un couvre-feu et d’un état d’urgence sanitaire, mais le commun des maliens pensait également que c’était pour surseoir aux élections législatives. Mais contre toute attente, les élections sont maintenues, malgré les risques de propagation du coronavirus dans notre pays.
Comme conséquences, les élections nous ont ouverte grande la porte pour commencer à compter nos malades par dizaines… Comme quoi, quand la politique nous tient, point de place pour l’humanité ! Le fait que ces élections se soient tenues alors que l’honorable SoumailaCissé, figure emblématique de la scène politique nationale et chef de file de l’opposition soit toujours entre les mains des inconnus, et cela avec la caution de la classe politique, en est l’illustration la plus parfaite ! Mais comme l’a dit l’autre, autant le COVID-19 ne choisit pas ses cibles, autant nous sommes tous mortels… Que Dieu sauve le Mali et les Maliens ! Que nul n’en doute, la protection des Maliens viendra de Dieu, non pas de ces dirigeants pour qui nos vies sont si insignifiantes !
Oumar Ouatt.
Le Matinal