Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui s’apprête à 68 ans à faire campagne pour les régionales en Bretagne, s’est imposé depuis plus de trois ans comme un “ministre de la guerre”, mais aussi comme un bon VRP.
Dans son parcours presque sans faute, un dossier lui a donné du fil à retordre, celui du logiciel de paie des armées Louvois hérité de son prédécesseur, qui a bugué avec de nombreux retards de soldes, notamment pour les militaires en opérations.
Dans un autre registre, beaucoup plus lourd, il s’est vu reprocher d’avoir tardé à dévoiler des accusations de viol contre des soldats français en Centrafrique même s’il avait saisi la justice dès qu’un rapport de l’ONU était arrivé sur son bureau.
S’il est en prise directe avec nombre de dirigeants, Jean-Yves Le Drian, visage avenant, oeil et humour vifs, agit toujours de concert avec le président socialiste François Hollande, dont il est très proche et qu’il a plusieurs fois par jour au téléphone.
“C’est un homme sécurisant, loyal au président. Ce n’est pas un homme d’esbroufe”, résume Bernard Poignant, un autre proche du chef de l’Etat, qui connaît depuis 50 ans ce Breton passionné de football et de cyclisme.
Selon des sondages, c’est le ministre préféré des Français, et dans l’opposition ses adversaires vont jusqu’à lui prêter volontiers main forte au Parlement quand Bercy menace de grignoter le budget des armées.
L’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (Les Républicains), aujourd’hui président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat, a même publiquement souhaité qu’il reste ministre.
Quant aux industriels du secteur, ils jubilent devant les exportations d’armements qui s’envolent, avec un record attendu de 15 milliards d’euros en 2015. “C’est le meilleur ministre de la Défense depuis 40 ans”, s’enthousiasme le patron d’un grand groupe.
Sous sa houlette, l’avion de combat multirôles Rafale, qui n’avait jamais trouvé preneur à l’étranger au point de susciter les sarcasmes, s’est vendu en Egypte, au Qatar et des négociations sont en cours avec l’Inde et les Emirats Arabes Unis.
– Discrétion et liens personnels –
En politique comme à l’international, Jean-Yves Le Drian déploie la même méthode, faite de discrétion, de liens personnels et de confiance, souligne un militaire qui l’a côtoyé au cabinet.
A chaque déplacement en Afrique, il est reçu au sommet de l’Etat loin du protocole et des caméras.
“Il a régulièrement Idriss Deby (Tchad), Sassou N’Guesso (Congo), Ali Bongo (Gabon), IBK (Mali) au téléphone, de même que l’émir du Qatar, le prince héritier des Emirats…”, souligne un proche.
En Arabie saoudite, il a rencontré une dizaine de fois le nouveau roi Salmane, notamment quand ce dernier était encore ministre de la Défense, et négocié plusieurs milliards d’euros de contrats avec lui.
Au Caire, il a eu directement affaire au président Abdel Fattah al-Sissi et son entourage pour la vente de 24 Rafale puis des deux Mistral initialement prévus pour la Russie.
Chez les militaires, il est aussi respecté pour sa maîtrise des dossiers et la défense des intérêts des armées face à Bercy.
Depuis sa prise de fonctions en mai 2012, le ministre a organisé le retrait français d’Afghanistan, mené l’opération Serval au Mali contre les jihadistes, envoyé 2.000 hommes en Centrafrique, déchirée par des affrontements inter-religieux.
Depuis l’automne 2014, des chasseurs français interviennent en Irak contre le groupe Etat islamique (EI). Le front antijihadiste s’est encore étendu à la Syrie en septembre, sous son impulsion, selon des sources diplomatiques et militaires. Des “guerres” sans précédent en nombre et en intensité sous la Ve République.
Sans oublier l’opération Sentinelle, avec le déploiement permanent de 7.000 soldats sur le territoire national depuis les attentats de janvier pour faire face à la menace terroriste.
“La Défense c’est une de ses passions depuis toujours”, souligne un proche. Et d’ajouter que la Bretagne en est une autre. “Il est profondément Breton, attaché à sa terre, à ses compatriotes bretons”.
Source: Boursorama
