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Le cinéma n’est-il pas un art sans le son ?

Des techniciens du cinéma m’ont exprimé le souhait de voir, de temps à autre, figurer dans cette chronique des développements sur la technique du cinéma. En particulier un jeune stagiaire de prise de son qui ambitionne d’être une référence et qui se voit un jour sollicité par les plus grands réalisateurs du continent, voire au delà. Il souhaite garder l’anonymat pour des raisons qui lui sont propres.

Nous saisissons la perche tendue dans un domaine, le cinéma, qu’il définit comme l’ensemble des techniques permettant la reproduction du mouvement photographié par projection lumineuse. Et, de considérer que le cinéma sans le son, c’est-à-dire le cinéma muet, n’est que le précurseur du septième art. Il n’en fait donc pas véritablement partie, selon lui, le considérant comme ayant plus d’affinité avec le théâtre.

L’insistant interlocuteur n’a sans doute d’yeux que pour le cinéma sonore et parlant. Pour cause, son domaine d’activité est le son qu’il considère comme l’ensemble des éléments sonores que sont les dialogues, la musique et les bruitages. Il soutient que l’art cinématographique est une longue histoire qui a abouti à ce que nous voyons aujourd’hui sur les écrans. Le son, selon lui, a donné plus de vitalité au cinéma muet en faisant appel aux musiciens pour jouer simultanément avec la projection du film sur l’écran. Pour cela, les réalisateurs faisaient appel à un orchestre ou un pianiste. L’astuce consistait à caler les effets musicaux sur l’action du film.

il fallut attendre 1928 pour obtenir une solution pratique et industrielle au délicat problème de l’enregistrement, de la reproduction du son et de l’image synchrones, par impression photographique du son sur la pellicule image. C’est l’avènement du cinéma sonore où l’enregistrement et la reproduction se faisaient au départ sous forme de pistes photographiques ; la qualité du son était très moyenne. L’enregistrement magnétique apparaît dans les années 1950 et modifie profondément les habitudes, tant à la prise de son qu’au mixage.

Voilà que nous nous étendons sur l’histoire du son au cinéma sur laquelle notre interlocuteur est intarissable. Nous nous évadons de ce rappel historique pour parler de la technique de prise de son, objet de sa sollicitude. Il s’est laissé trahir par l’étendue de son savoir sur l’histoire et la technique du cinéma, comme vous avez pu le constater. À cette remarque que je lui ai faite, il a fini par m’avouer que le but de sa démarche était de parler du son au cinéma pour susciter une vocation pour des jeunes qui voudraient se lancer dans les activités cinématographiques afin qu’ils se rendent compte que le cinéma, ce n’est pas seulement le réalisateur et le caméraman, mais qu’il y a d’autres vocations toutes aussi intéressantes à vivre comme la fonction de technicien ou ingénieur de son.

Dévoilé dans ses intentions cachées, il s’est laissé emporter dans des explications techniques qui montrent l’étendue de son savoir dans le domaine. C’est ainsi qu’il affirme qu’entre le son et l’image, il existe trois types de rapports. Ce sont, primo, le “son in” dans lequel la source du son est visible à l’écran, secundo, le “son hors-champ” qui situe la source du son hors de l’image, tertio, le “son off” qui émane d’une source invisible, par exemple les musiques, les voix off dont les interprètes n’appartiennent pas à l’histoire.

L’enregistrement des sons peut se faire en prise de son directe au moment du tournage ou en postsynchronisation, dans un studio, après le tournage. Le mixage des sons en studio combine les deux formules précédentes. Le son et l’image peuvent être associés de trois manières : en synchronisme qui voit le son synchronisé avec l’image, en asynchronisme quand il y a non-correspondance, totale ou partielle, entre le son et l’image.

En définitive, mon interlocuteur a fini par lever le voile sur un pan de sa personnalité. Il est sorti d’un institut de technique du cinéma à Moscou et a trainé sa bosse un peu partout notamment en Russie, en Angleterre, en Algérie, en participant, en qualité de stagiaire, à des tournages de films. Un aventurier ? Au sens positif du terme, oui!

Source: Essor
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