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Le Centrafrique : et de 3

 Jean-Yves Drian base armée Gao opération Centrafrique différente Mali

L’opération Sangaris est à haut risque pour la France.

Après le Mali, la Syrie (projet avorté), voici la Centrafrique avec l’opération armée Sangaris, du nom d’un petit papillon rouge. A qui le tour prochain ? Niger, Ouganda, Cameroun ?

La France depuis 18 mois connait une inflation fiscale qui met à bas la consommation et les investissements.Le chômage a explosé.Et pourtant le gouvernement envoie 1500 hommes pour rétablir l’ordre dans un pays africain, ex colonie.

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Certains observateurs disent que la République Centrafricaine jouxte les 2 Congo, les 2 Soudan, le Tchad et le Cameroun avec des intérêts français puissants dans au moins 3 de ces pays.

L’intervention française fait preuve aux dires des analystes les plus pertinents,d’un amateurisme dangereux avec une incapacité des autorités à tirer les leçons de l’intervention au Mali où aucun des problèmes posés à la région n’a été résolu. Aqmi en ressort renforcé, désigné par la France comme l’ennemi dangereux. Le gouvernement français avait même dit craindre un nouvel Afghanistan au Sahel.

En Centrafrique pays de 4,6 millions d’habitants, tous les 10 ans une grave crise intervient.

En 2003 François Bozizé a renversé le président Patassé. En 2013 il est renversé par la coalition de la Séléka et fuit au Cameroun. Michel Djotodia le remplace.

Entre temps des élections scandaleuses par la fraude généralisée avaient permis à F. Bozizé d’être réélu en 2011, malgré le népotisme.

“Sangaris” veut servir naturellement un président français, sans expérience du continent africain, pour contrebalancer une politique intérieure rejetée par 80% de la population.

Des photos de tueries distillées dans la presse essayent de préparer l’opinion publique.A la “Une” du “Monde” une photo pleine page et couleur montre les soldats français en attente d’intervention.

Les médias sont appelés à simplifier à outrance une situation des plus complexes : d’un côté les musulmans de la Séléka, de l’autre les chrétiens des anti-balaka en réaction aux exactions à la machette des premiers.Comme dans de nombreuses crises africaines on retrouve les incendies de maisons, les mutilations,la kalachnikov,les armes blanches.De part et d’autre les pillages vont bon train, les groupes se payant sur l’habitant.

Or la religion n’est pas l’essentiel.

L’islam centrafricain est pluriel, peu politisé, avec les Peuls, le Nord du pays marginalisé. L’islam c’est 15% de la population. Même F. Bozizé s’est appuyé sur les musulmans malgré un ressentiment populaire fort, plus teinté de xénophobie que de religion (les musulmans sont les allogènes ou les étrangers). A Bangui les jeunes recrutés depuis quelques mois par les partisans de F. Bozizé sont essentiellement des chrétiens.

Et on parle de génocide. Laurent Fabius dramatise à outrance et les violences redoublent.

Le pays est en grande difficulté depuis longtemps. Les entreprises privées ont fermé, ont licencié. Les cours du café, du coton, du tabac ont chuté. Grâce à des frontières poreuses des bandes de brigands, des coupeurs de route font la loi.

Si l’intervention française réussit la Séléka repartira vers le nord et le premier pouvoir musulman d’Afrique chassé par les français sera alors victimisé et pourra recruter plus facilement encore.

L’intervention française se fait sans qu’il y ait de gouvernement digne de ce nom à Bangui.

Et l’objectif final, d’une élection libre et démocratique, est d’une naïveté totale,ou d’une erreur d’appréciation catastrophique. Les manifestations “casseroles” d’hier, se satisfaisant du départ imminent du président Djotodia l’attestent.

La Mission Internationale de Soutien en Centrafrique, la MISCA ne veut pas tomber dans le “marigot”comme l’exprime un diplomate. On attend toujours au Mali l’autre moitié des contingents africains annoncés.

Contrairement à ce que dit J.M.Bockel, ex secrétaire d’état, il n’y a pas d’attente de l’Afrique pour une intervention française. L’ex puissance coloniale n’est plus la bien venue dans une Afrique 2013 .

Et l’Europe ne veut pas s’engager dans une situation complexe et perdue d’avance.

En mars F. Hollande face à la prise du palais présidentiel par la Séléka n’avait eu qu’un mot d’ordre, répétitif chez lui :”on va attendre”. La France, il le savait, était déjà intervenue plusieurs fois en Centrafrique. Il est dommage que pour freiner sa dégringolade dans l’opinion, il ne s’en soit pas tenu là.

L’enlisement en Centrafrique sera le même qu’au Mali. Au Mali c’était l’affaire de quelques semaines….

Sécuriser Bangui c’est possible, mais le reste du pays…

Des diplomates interrogés annoncent déjà une mission impossible avec la faiblesse des équipements et le manque cruel de financements.

Le fait que les seuls pays émergents de l’Afrique fassent partie de l’Afrique anglophone (Afrique du Sud, Nigéria, Botswana, Ethiopie, Kenya), devrait nous faire réfléchir pour mettre en place une politique envers ce continent, digne de ce nom.

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