Dans sa dernière parution, le journal « Le Challenger », un des plus constants de la place, appelait à un débat à travers une tribune intitulée «Café de la corruption : conformez-vous à la loi !». Et, puisque les contributions sont attendues pour alimenter le débat sur la lutte contre la corruption sous l’impulsion de Mamadou Sinsy Coulibaly, voici donc la mienne !
Je salue et reconnais volontiers le courage de Coulou. J’ai suivi dans les médias les prises de position, les réflexions et même l’ébauche d’une certaine stratégie de lutte contre la corruption au Mali. Je tire bien le chapeau à M. Coulibaly. Sauf que je m’interroge sur son combat. Lequel porté jusque-là par une stratégie de dénonciation publique, prendra du temps pour combler mes attentes dans ce domaine. En effet, Coulou dénonce les «gros poissons» en matière de corruption au Mali, alimente les débats sur ses méfaits et montre à suffisance en quoi la corruption sape l’efficacité du secteur privé. Elle est de ce fait contre-productive sur la création de l’emploi, le développement du monde rural, en un mot, un frein au développement économique du pays.
Une stratégie de dénonciation qui demeure affectée. En ce sens qu’on n’admet guère le statut de corrompu. Ce qui explique la médiation sociale suite à la première intervention de Coulou, incriminant le président de la Cour Suprême. Un acte qui tente, d’une manière ou d’une autre, de démontrer que la dénonciation de Coulou est fausse. Le second fait relatif à cela, est la confusion entretenue par les généraux accusés par Coulou. Eux, ont semé une mauvaise perception du marché gré à gré au sein de l’opinion nationale.
A cela, s’ajoute une autre interrogation tout autant pertinente. Elle est relative à la capacité de Coulou à mener à bout ce combat. Dans ce pays, des patriotes comme Coulou ne manquent pas. Parmi eux, certains se sont engagés dans des combats nobles comme lui le fait présentement. Mais ils ont fini par abandonner, ranger les armes. Loin de moi l’idée de mettre en cause la volonté de Coulou à conduire le combat contre la corruption au Mali. Dans ses sorties, on peut penser que les motivations s’expliquent par son engagement pour le pays et surtout par sa vocation de privé. Coulou, comme on sait, évolue dans le privé et se battra contre tout ce que peut affecter la promotion du secteur privé. C’est bien là une question de survie. On ne peut alors que saluer sa démarche. Une démarche portée par une stratégie qui présente du reste des avantages. Elle nous renforce dans notre conviction que la corruption est partout au Mali et est pratiquée à des niveaux les plus élevés. Elle mobilise aussi le citoyen sur la pratique qui, de plus en plus, devient objet de débat public. Il est vrai que le citoyen bien informé constitue une arme, devenant à la fois un sujet de droit et de devoir.
A ce résultat à long terme de la stratégie de Coulou, il faudrait bien que celle-ci s’accompagne d’un profit à court terme. Il s’agira alors que la dénonciation publique de Coulou soit accompagnée d’un acte de justice, devant permettre à moyen terme de renforcer les caisses du Trésor. Qui sait, si en ce moment-là, nous, nos pensions seront augmentées. Je termine ma contribution par des encouragements à Coulou et attends d’adhérer plus à son combat dès que celle-ci laisse entrevoir des retombées sur le développement économique du pays. Je l’encourage à porter plus son combat au-delà de la dénonciation. Il est attendu que Coulou devra nous convaincre qu’il le portera jusqu’au bout.
Bouna Maiga, Retraité / Bamako