La journaliste et blogueuse nigérienne, Samira Sabou, est emprisonnée depuis le 10 juin 2020 sur plainte de Sani Issoufou Mahamadou, fils du président de la République, non moins directeur de cabinet de la Présidence.
Notre consœur est poursuivie en diffamation pour avoir mis en cause le fils du Chef de l’Etat sur les réseaux sociaux le 26 mai, dans une affaire de surfacturation de commandes passées par le ministère de la Défense. Visiblement, la justice nigérienne a contourné la Loi du 4 juin 2014 interdisant, dans son article 67, les mesures privatives de liberté pour les délits de presse pour se rabattre sur la Loi sur la cybercriminalité, adoptée en 2019, prévoyant en revanche des peines allant de six mois à trois ans de prison pour diffamation par moyens de communication électronique.
Suivie par plus de 38. 000 personnes sur les réseaux sociaux, Samira Sabou est connue, selon Reporters sans frontières (RSF), pour ses prises de position critiques à l’égard des autorités nigériennes. RSF dénonce une arrestation illégale et demande la libération immédiate de la journaliste-blogueuse influente. «Sans juger du fond de l’affaire, aucun journaliste poursuivi pour des faits relevant sans ambiguïté de son activité professionnelle ne devrait se retrouver privé de sa liberté. Cette arrestation constitue un recul très dangereux et vide de sa substance la Loi sur la presse de 2010 dans laquelle, l’interdiction des détentions préventives pour les journalistes avait constitué une avancée majeure. Nous demandons instamment aux autorités nigériennes de ne pas saper les efforts engagés ces dernières années en matière de liberté de la presse. Cette journaliste doit être libérée», souligne Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Dans un communiqué diffusé jeudi 11 juin 2020, la Maison de la Presse du Niger a fait part de son indignation avant de condamner la détention de notre consœur. Selon Amnesty International, elle doit être libérée immédiatement et sans condition.
Entre Samira Sabou et le régime de Mahamadou Issoufou, ce sont des relations difficiles. En 2017, elle a été inspirée par une pose du président nigérien Mahamadou Issoufou dans un magazine australien : « les bras posés sur deux chaises et les pieds croisés ». Après avoir posté sa photo parodique sur les réseaux sociaux, elle a été licenciée par l’organisme gouvernemental, l’Office national d’édition et de presse (ONEP) du Niger.