Vendredi 19 décembre à la paroisse Notre-Dame de Fatima, le Bureau de la sensibilisation de la Cour pénale internationale (CPI) en République démocratique du Congo, représenté par sa coordonatrice Margot Tedesco et son porte-parole Paul Madidi, a échangé avec les membres du Réseau des journalistes pour la justice transitionnelle (RJJT) sur la situation de la justice en RDC et dans certains coins du monde.

Justifiant cette rencontre, le modérateur du jour, le président du RJJT Désiré-Israël Kazadi, a fait remarquer que la RDC a fait face à beaucoup de conflits qui ont engendré plusieurs crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.

Faisant un tour d’actualité de la situation qui prévaut en RDC, Paul Madidi a, entre autres, donné la position de CPI par rapport à l’opération « Likofi », l’affaire Thomas Lubanga où la chambre d’appel a confirmé les décisions déjà prises en 2012, le cas de Mathieu Ngudjolo qui a été acquitté, mais où l’on attend la décision d’appel. Il a aussi rappelé la confirmation des charges pour Bosco Ntaganda, et fait savoir qu’il n’y a pas de procédure d’appel pour Germain Katanga.

Concernant l’affaire de Beni, il a fait savoir que « le Bureau du procureur suit de près cette situation, mais aucune enquête n’est en cours. Il en est de même pour l’Opération « Likofi ». Il a aussi parié d’une question qui revient tout le temps: la mode de saisine. Ici, il a expliqué premièrement, c’est l’Etat partie qui saisit la Cour, deuxièmement; c’est le Conseil de sécurité des Nations unies, troisièmement, c’est le Procureur qui prend l’initiative dans un Etat membre.

A la question de savoir pourquoi la CPI n’enquête-t-elle que sur l’Afrique, mais non dans les pays occidentaux, et si le Bureau du procureur enquête aussi sur les autres régions du monde telles que l’Irak, l’Afghanistan ou la Syrie, il a dit que c’est une erreur de parler des tendances néo-colonialistes. A ce sujet, il a expliqué que c’est l’Afrique qui connaît des violences extrêmes, et ce sont les pays africains eux-mêmes qui ont saisi le Bureau du procureur. En bref, il n’existe pas de politique de deux poids, deux mesures ; et ce n’est pas à la CPI qu’il faudrait reprocher un champ d’action limité. Il faut élargir le champ et rendre de plus en plus illégitime l’impunité. Concernant la Syrie, il a dit que c’est le Conseil de sécurité des Nations unies qui doit saisir la cour, mais ce dernier ne fait que tergiverser. En passant, il a relevé que si l’Irak avait ratifié le Statut de Rome, les choses ne seraient pas passées ainsi. Et, il a ainsi renchéri « La Coalition pour la CPI souhaiterait qu’il y ait une ratification universelle du Statut de Rome ».

Au sujet du principe de la complémentarité, il a expliqué que la CPI n’intervient que si la justice locale n’intervient pas ou est dans l’impossibilité de le faire. Sur ce point. Il a fait remarquer que le système judiciaire est globalement plus efficace dans le Nord. Et le Statut de Rome est clair : « La justice internationale d’un côté, et les justices nationales de l’autre. Il a lâché pour finir: « Ceux qui reprochent à la CPI d’être instrumentalisée par le Nord ont la réponse dans leurs mains ».

Donatien Ngandu Mupompa/Le Potentiel