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Laurent Gbagbo sera-t-il bien accueilli par son ennemi juré Alassane Ouattara ?

Cela fait plus d’une semaine que la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé l’acquittement de l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Laurent Koudou Gbagbo, mettant ainsi fin à une décennie de problèmes juridiques pour l’homme politique de 75 ans qui avait été accusé, entre autres, de meurtres et d’abus sexuels dans le cadre des violences post-électorales.

 

Après que le président de la CPI, le juge nigérian Chile Eboe-Osuji, a déclaré le 31 mars que « la Chambre d’appel, à la majorité, n’a trouvé aucune preuve qui aurait pu affecter de manière substantielle la décision de la Chambre de première instance », Laurent Gbagbo a sans doute poussé le plus profond soupir de soulagement. Il a toujours clamé son innocence, mais l’empressement avec lequel Gbagbo a été jugé a été salué comme la meilleure façon possible de traiter les hommes puissants dont le règne est le théâtre de délits inhumains indescriptibles.

Laurent Gbagbo a été libéré en même temps que le ministre de la jeunesse de sa présidence, Charles Blé Goudé, accusé par les loyalistes de l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara, d’avoir dirigé l’organisation des offensives contre les alliances rebelles du nord et contre les civils.

Le juge Eboe-Osuji a également abrogé toutes les conditionnalités liées à la libération des deux hommes. Mais comme tout observateur de la politique en Côte d’Ivoire pourrait vous le dire, il s’agit d’un moment de tension sans précédent qui mettra à l’épreuve la paix fragile dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Un retour attendu ?

Mercredi, le président Ouattara a annoncé que M. Gbagbo et Blé Goudé étaient libres de rentrer dans leur pays s’ils le souhaitaient. Les autorités ivoiriennes, peut-être en prévision du moment présent, ont remis à Laurent Gbagbo un passeport ordinaire ainsi qu’un passeport diplomatique, selon la vie qu’il choisira de mener après la procédure de la CPI.

Les frais de voyage de l’ancien président, ainsi que ceux de sa famille, seront pris en charge par l’État ivoirien. Mais l’annonce de ces avantages par Ouattara ne fait pas allusion de la peine de 20 ans de prison qui attend Gbagbo dans une affaire liée à des détournements de fonds. Il a été jugé et condamné par contumace en 2019. On ne sait pas non plus si le gouvernement ivoirien acceptera les demandes financières de Gbagbo en en tant qu’ancien président.

Jeune Afrique, le magazine francophone panafricain, rapporte que M. Gbagbo demande « une allocation mensuelle de 17 000 dollars à laquelle s’ajoutent 13 500 dollars pour les frais de transport, de gaz, d’électricité et de téléphone. »

Ces montants sont les mêmes que ceux auxquels il avait droit lorsqu’il a été arrêté par la CPI en avril 2011.

Les partisans de la paix et les sympathisants se réjouiront de l’engagement de M. Ouattara à impliquer l’État dans l’accueil de Laurent Gbagbo. Cependant, on peut s’attendre à ce que le président aille plus loin que cela. L’influence de Gbagbo n’est peut-être pas négligeable malgré son absence depuis une dizaine d’années.

On ne peut oublier que les tensions religieuses et ethniques sont encore très présentes. La Côte d’Ivoire a toujours du mal à définir ce qu’elle entend par nation après 60 ans.

Il y a même des raisons de douter des efforts de réconciliation annoncés par le gouvernement de Ouattara en décembre dernier, lorsque Gbagbo s’est vu remettre les deux passeports. Un rapport d’African Intelligence a noté au début de cette année que les deux hommes ne s’étaient pas parlés, l’un attendant que l’autre appelle.

Source : Facetofaceafrica

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