L’aide apportée par la France aux Irakiens confrontés à la poussée de l’organisation appelée “Etat islamique” n’est pas uniquement un acte de générosité, a rappelé samedi Laurent Fabius alors qu’il accueillait 150 chrétiens irakiens à Paris.
Ces réfugiés ont été accompagnés par des militaires français à bord d’un avion qui avait acheminé vendredi dix tonnes d’aide humanitaire.
Si la France a fait savoir qu’elle pouvait étudier des demandes d’asile pour les personnes menacées par les islamistes, Laurent Fabius a souligné que son action avait d’abord lieu en Irak, en coordination avec les autorités locales.
“Ils ont besoin qu’on les aide militairement”, a-t-il dit à Reuters.
“On a decidé de les aider avec le soutien aérien, pas de troupes au sol. Je pense que si les choses se déroulent comme je l’espère, Daech (l’acronyme arabe pour l’Etat islamique-NDLR) va beaucoup reculer”, a-t-il ajouté.
Interrogé sur le coût d’un nouvel engagement militaire et humanitaire alors que les finances publiques sont mauvaises et que la France est déjà intervenue au Mali ou en Centrafrique notamment, Laurent Fabius a insisté sur le caractère mondial de la menace.
“Cela n’a pas un coût énorme mais c’est vrai que ça pose un problème”, a-t-il dit. “Mais la question, c’est qu’il faut bien se défendre parce que Daech, les égorgeurs, bien sûr ils ont fait des massacres en Irak, en Syrie, mais ça concerne toute la région et nous aussi. Au fond, nous nous défendons nous-mêmes. Ce n’est pas uniquement un acte de générosité mais un acte de défense.”
Le chef de la diplomatie française, qui s’était rendu en août à Erbil, a accueilli personnellement samedi, peu avant 10h00, les quelque 150 personnes venues trouver refuge en France après avoir quitté la capitale du Kurdistan irakien.
“On a ramené 150 personnes qui sont pour l’essentiel des chrétiens et aussi des Yazidis, qui ont été menacés dans leur vie”, a-t-il dit à la presse.
“On ne peut pas accueillir tout le monde bien sûr (…)” a-t-il ajouté, alors que le consulat de France à Erbil a reçu 10.000 demandes d’asile depuis juin.
“Si on accueillait tout le monde, ce serait un succès pour les terroristes”, a-t-il expliqué, disant qu’ils auraient ainsi réussi à chasser tous ceux qui ne leur font pas allégeance.
“Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour débarrasser l’Irak des égorgeurs de Daech afin qu’un jour, certains de ces gens puissent rentrer chez eux si la situation est meilleure”, a-t-il conclu.
(John Irish, édité par Gregory Blachier)