“Le gouvernement nigérien a donné son accord pour l’installation d’une base temporaire à Madama”, qui sera opérationnelle “dans les prochaines semaines”, a précisé cette source.
Cette base, située à 130 km de Dirkou, dernière implantation militaire nigérienne au nord du pays, comptera environ 50 militaires français.
Elle s’inscrit dans la mise en place du dispositif français Berkhane de lutte contre le terrorisme au Sahel, qui compte au total 3.000 hommes, six avions de chasse, quatre drones et vingt hélicoptères répartis sur cinq pays (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso). Madama pourra bénéficier du soutien ponctuel de ces moyens pour des opérations dans sa zone.
“Le but est de rayonner jusqu’à la frontière (libyenne) et de perturber le plus possible les lignes logistiques d’armements”, a-t-on relevé.
La Libye est devenue un havre pour les jihadistes, refoulés notamment du Mali par l’opération française Serval en 2013. Ils peuvent s’y reposer, note-t-on au ministère. Les lignes d’approvisionnement de nombre de groupes de la région – y compris Boko Haram au Nigeria – remontent jusqu’au Sud libyen via le Niger.
Un convoi logistique est en route pour l’aménagement de la base à Madama, qu’il devrait atteindre en fin de semaine. Il va notamment falloir aménager une piste d’atterrissage de 1.800 mètres afin d’y poser du fret lourd.
La France va aussi renforcer son soutien à la force de maintien de la paix Minusma qui a perdu 21 hommes au nord Mali depuis l’été (onze Tchadiens, neuf Nigériens et un Sénégalais), victimes d’opérations de harcèlement de groupes jihadistes.
Elle mène des opérations dans la région pour contrer le regain jihadiste, a-t-on indiqué, sans plus de précisions. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian est attendu vendredi au Mali pour s’en entretenir avec ses responsables.
– Action militaire et politique –
Le nombre de jihadistes encore actifs dans l’extrême-nord du Mali est estimé à environ 200.
Depuis le 10 octobre, l’armée française a stoppé au Niger un convoi de trois tonnes d’armes destiné à des islamistes maliens – dont des missiles sol-air pour certains en état de fonctionnement – et arrêté les trois commanditaires d’une attaque contre un camp de la Minusma à Kidal (nord).
Elle aide aussi les militaires tchadiens déployés au Mali, notamment à Tessalit, à renforcer la protection de leurs sites et de leurs opérations sur le terrain.
La Minusma va également installer un état-major de secteur à Kidal, ville qui échappe à l’autorité de Bamako et reste un point de tension majeur, et renforcer sa présence de quelques centaines d’hommes dans cette zone. Elle compte au total 8.200 hommes au Mali, y compris les forces de police.
“La stabilité au nord Mali passe par des coups portés aux jihadistes et par un règlement politique”, qui repose sur les négociations en cours à Alger entre le gouvernement malien et six mouvements armés du nord, notamment touareg, relève une autre source au ministère.
Certains acteurs peuvent avoir “intérêt à faire dérailler ce processus” ou “à se positionner sur le terrain pour négocier en force leur participation aux négociations”, poursuit cette source, dans une allusion aux attaques récentes contre la Minusma.
Si la France entend favoriser le processus de négociations en contribuant à la stabilité du nord Mali, il n’a pas décidé pour l’heure d’un renforcement de son dispositif Barkhane – de 3.000 hommes actuellement à 4.000 potentiellement -, évoqué dans la presse.
Paris réfléchit à la façon d’aider le Cameroun et le Tchad dans la lutte contre le groupe Boko Haram, qui déborde des frontières nord du Nigeria.
Le président du Niger Mahamadou Issoufou a estimé que le conflit “qui oppose les démocraties africaines à certains mouvements armés ne se terminera jamais autour d’une table”, soulignant qu’il est “hors de question de discuter avec les jihadistes”, dans un entretien au journal français Le Parisien Magazine à paraître vendredi.