«L’argent n’a pas d’odeur pour l’État». C’est la phrase lâchée par le ministre des Domaines et des affaires Foncières, Alioune Badara BERTHE, devant la représentation nationale, le vendredi 25 octobre. C’est un véritable camouflet pour un ministre, de surcroit un juriste, qui exclut le minimum de décence à la recherche de l’argent.
Le ministre des Domaines et des affaires Foncières Alioune Badara BERTHE répondait aux questions orales de l’honorable Zoumana N’Tji DOUMBIA, le vendredi dernier. Elles se rapportaient aux conditions de cession des immeubles de l’État à des particuliers. Lors de cette plénière, le ministre BERTHE, répondant aux questions de son interpellateur, a enchainé les bourdes et provoqué de vives indignations des députés. En effet, au cours de cet exercice, l’honorable, élu à Bougouni, a accusé l’Etat de percevoir l’argent d’un immeuble illégalement vendu. Alors, voulait-il savoir pourquoi l’État a voulu accepter l’argent issu de l’illégalité et continue de l’inscrire dans le budget de l’État ? Sans aller chercher loin, le ministre répond tout simplement : « L’argent n’a pas d’odeur ». Donc, pour celui qui a été chargé de cours de droit constitutionnel et de fiscalité à la faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université de Bamako, l’essentiel et le plus important est d’avoir de l’argent. Le reste, peu importe, comme l’a laissé comprendre M. BERTHE. Ainsi, il écarte le minimum de décence à la recherche d’argent.
La phrase crée une vive émotion et l’indignation des députés qui se croyaient finalement dans une cour de récréation. Aussitôt, le président de la séance, l’honorable Moussa TIMBINE, exige au ministre de retirer ses mots avant de le recadrer. « L’argent a bel et bien de l’odeur », rétorque Moussa TIMBINE. En tout cas, dans un pays qui se respecte, cela ne doit pas être la règle, affirme-t-il. Le combat de tous les responsables doit être d’apprendre à la population que l’argent a de l’odeur. Un véritable camouflet pour le ministre des Domaines et des affaires Foncières qui s’est rapidement excusé, à la demande du président de la séance.
On ignorait ou du moins le ministre ignore qu’il a été interpellé à un moment où la croisade contre la corruption et la délinquance financière est à un tournant décisif dans notre pays. D’ailleurs, à ce jour, des dizaines de personnalités politiques et du secteur privé sont arrêtées pour des raisons de détournements de fonds publics, d’usage de faux, etc. Quel sens le ministre donne-t-il à ce combat pour oser affirmer publiquement que l’argent n’a pas d’odeur ?
Ce n’est pas tout, ce ministre gaffeur a osé laissé entendre le ministre ne travaille pas les dossiers. Selon lui, ce sont les services techniques qui font le boulot auquel il se contente. En tous cas, pour cette 1re sortie, le ministre Alioune Badara BERTHE a étalé ses lacunes dans la défense des actions du gouvernement en général et de son département en particulier.
Par Sikou BAH
Source : Info Matin