Le conseil d’administration de Microsoft vient de porter à la direction du géant informatique un homme du sérail. Satya Nadella, qui a rejoint le groupe en 1992, a pour mission de réorienter en douceur les activités de l’entreprise phare des Etats-Unis, tout en assurant sa pérennité. Né en Inde, l’homme s’est toutefois nourri des légendes des entrepreneurs pionniers de l’informatique américaine.
Satya Nadella est le nouveau patron du géant informatique américain Microsoft. La nomination de cet Américain originaire de l’Inde a été annoncée le mardi 4 février par le conseil d’administration du groupe fondé par Bill Gates il y a 39 ans. Entré dans le groupe en 1992, Nadella devient le troisième directeur général de Microsoft, après Bill Gates et Steve Ballmer. La désignation de ce quarantenaire, apprécié par ses pairs pour son acuité intellectuelle et sa grande capacité à mobiliser les équipes, met un terme à la recherche laborieuse d’un nouveau patron par le groupe de Redmond.
A la recherche d’un successeur
La quête d’un successeur à Steve Ballmer a commencé il y a cinq mois lorsque ce dernier a annoncé à la surprise générale son intention de prendre sa retraite. Les actionnaires souhaitaient initialement recruter une personnalité extérieure à l’entreprise afin de changer radicalement ses orientations stratégiques. A cet effet, le comité de recrutement avait identifié une centaine de candidats potentiels et en avaient auditionné plusieurs dizaines, avant de se prononcer pour un candidat interne. Nadella, qui a occupé différentes fonctions tant dans le marketing que le développement de produits au sein du groupe, était bien positionné parmi les derniers restés en lice. Spécialisé dans les services en ligne, il a été étroitement impliqué dans le développement du moteur de recherche Bing. Patron des activités de serveurs et d’outils depuis 2011, il a supervisé avec succès la transition de ces activités back-end vers le cloud. C’est son « excellente connaissance de l’énorme portefeuille de produits de Microsoft » qui aurait emporté le choix.
Après avoir travaillé un temps pour Sun Microsystems, Satya Nadella a rejoint Microsoft en 1992. Il incarne une nouvelle génération d’ingénieurs chez le géant américain, même si on le dit proche du fondateur Bill Gates. Selon les rumeurs, c’est à sa demande que ce dernier laisse son fauteuil de président du conseil d’administration pour assumer un rôle de « conseiller en technologie » de la nouvelle direction. Les observateurs américains pensent que le nouveau patron de Microsoft voudrait mettre l’accent sur la croissance à long terme, tout en poursuivant la stratégie de réorientation du groupe vers les services aux entreprises, le jeu vidéo ou encore la téléphonie.
Né en Inde
La presse indienne a salué haut et fort la nomination à Microsoft de Satya Nadella qui rejoint le club très select des patrons des groupes étrangers nés en Inde. Indra Nooyi, présidente du géant américain PepsiCo, Vikram Pandit, président de la première banque mondiale Citigroup, Vinod Khosla, fondateur de Sun Microsystems, Arun Sarin, président du groupe de téléphonie britannique Vodafone et Anshu Jain, président de la Deutsche Bank basée à Francfort sont quelques-uns des membres les plus connus de ce groupe.
Né à Hyderabad, dans le sud de l’Inde, Satya Nadella a étudié l’électrotechnique dans une université indienne avant de s’expatrier aux Etats-Unis pour des études supérieures en informatique et en administration des entreprises. Il retourne régulièrement en Inde où vivent encore ses parents. Interrogé par les médias locaux pendant l’un de ses séjours dans sa ville natale, il a rappelé combien il a été indélébilement marqué par les qualités de leadership d’un Bill Gates, d’un Steve Ballmer ou d’un Doug Burgum (fondateur de Great Plains) qu’il a croisés en faisant son propre apprentissage dans l’univers de la haute technologie. «Ce qui m’a surpris le plus chez ces hommes, c’est de constater combien ils étaient tous ambitieux pour les équipes qu’ils dirigeaient tout en étant totalement enracinés et humbles ».
Précisément des qualités que le nouveau patron de Microsoft aura à cultiver pour que son entreprise puisse renouer avec son inventivité d’antan et rattraper son retard par rapport à ses concurrents les plus proches que sont Apple et Google.