Il est rare qu’un divorce politique se transforme en véritable opportunité de renouvellement et de réinvention. Mais c’est exactement ce que semble offrir le retrait des trois pays du Sahel – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Un divorce consommé, certes, mais un divorce qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle forme de coopération et d’intégration régionale, plus respectueuse des aspirations profondes des populations.
Bamada.net-Ce dimanche dernier, à Ouagadougou, les ministres des Affaires étrangères de la Confédération des États du Sahel (AES) se sont réunis pour poser les jalons de ce qui pourrait bien être le nouveau modèle sous-régional. Un modèle qui ne cherche pas à se substituer à l’ancienne Cedeao, mais plutôt à offrir une alternative fondée sur la souveraineté, la paix et une prospérité partagée entre les peuples du Sahel. La réunion, qui a réuni Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères malien, Karamoko Jean Marie Traoré, pour le Burkina Faso, et Bakary Yaou Sangaré pour le Niger, a permis d’établir les bases de futures relations entre les États membres de l’AES et la Cedeao, qui, rappelons-le, se rétrécira désormais à 12 membres.
Le leadership sahélien : une vision pour les peuples
Lors de cette rencontre, l’accent a été mis sur la vision commune des dirigeants du Sahel : le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Burkina Faso, le Général Assimi Goïta, Président du Mali, et le Général Abdourahamane Tiani, Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie du Niger. Ces leaders, qui ont choisi de faire de la Confédération AES une entité de souveraineté et de paix, ont également mis en avant l’engagement des peuples sahéliens à soutenir cette initiative. Ce n’est pas un simple changement politique, mais un véritable projet de société visant à restaurer la dignité des populations.
À Lire Aussi : CEDEAO – AES : Une période transitoire pour éviter le divorce ?
L’adhésion populaire, d’ailleurs, est l’une des clés de ce projet. Les peuples sahéliens semblent avoir trouvé dans l’AES un espoir nouveau, loin des ingérences extérieures et des manipulations politiques qui ont, trop souvent, miné l’efficacité des anciennes structures sous-régionales.
Un retrait stratégique de la Cedeao : pour un Sahel libre et solidaire
Mais pourquoi ce divorce avec la Cedeao, une organisation qui a pourtant joué un rôle majeur dans la construction de l’Afrique de l’Ouest ? La réponse, en partie, réside dans le désir des États membres de l’AES de rompre avec une certaine forme de domination politique et économique. Le ministre malien, Abdoulaye Diop, l’a exprimé clairement : le retrait de la Cedeao est une opportunité de bâtir une véritable fraternité, libre de toute ingérence. Un retrait, donc, non pour isoler les États du Sahel, mais pour les libérer des contraintes d’une organisation où certains pays, plus puissants, ont souvent imposé leur agenda.
Le chemin qui s’ouvre devant l’AES est celui de la coopération, mais d’une coopération respectueuse des souverainetés et des réalités de chaque pays. Loin de se couper du reste de l’Afrique, l’AES entend dialoguer avec la Cedeao de manière plus équilibrée, fondée sur des intérêts communs et une vision partagée de la paix et de la prospérité.
Les premiers pas d’une nouvelle ère : les passeports AES et la manifestation populaire
Ce mercredi 29 janvier 2025 marque un tournant symbolique dans cette aventure sahélienne. À partir de ce jour, les passeports frappés du logo AES seront mis en circulation, facilitant ainsi les déplacements des citoyens de cette nouvelle organisation. C’est un signe fort de la souveraineté retrouvée des trois pays, mais aussi de l’intégration régionale réinventée, où les citoyens seront au cœur de la dynamique.
À Lire Aussi : Retrait des pays de l’AES de la CEDEAO : Un sommet historique à Abuja le 15 décembre 2024
Et pour couronner cette étape historique, une grande manifestation est prévue à Ouagadougou, où les citoyens du Mali, du Burkina Faso et du Niger viendront célébrer leur sortie de la Cedeao. Ce ne sera pas juste une fête politique, mais un véritable acte de solidarité et d’unité populaire. Un signal fort envoyé au reste du continent : l’intégration africaine ne doit pas se faire au détriment des peuples, mais avec eux, pour eux.
Vers un nouveau modèle d’intégration sous-régionale
Au-delà de la symbolique de ce retrait, ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la construction d’un nouveau modèle d’intégration régionale. Un modèle fondé sur le respect mutuel, l’égalité des États et la coopération volontaire. La Cedeao, bien qu’elle perde trois membres, ne disparaît pas pour autant. Mais les relations entre les deux entités devront se redéfinir, en fonction des intérêts réels des peuples sahéliens et ouest-africains.
L’avenir semble donc prometteur pour les États du Sahel. Ce divorce, loin d’être une rupture définitive, pourrait bien être le catalyseur d’une nouvelle dynamique. Les dirigeants sahéliens, en parlant d’une seule voix et en construisant un espace de coopération respectueux, ont peut-être trouvé la formule gagnante pour relever les défis du Sahel. La clé du succès résidera dans la capacité de l’AES à rester fidèle à ses engagements envers ses populations, et à travailler main dans la main avec les autres nations africaines pour un avenir prospère et solidaire.
NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.
MLS
Source: Bamada.net