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La ministre des finances à propos du contrat de Guo-Star ; «Nous ferons tout pour ne pas paraître un État voyou»

Après plus de six mois de relations glaciales, le Mali et ses partenaires techniques et financiers ont finalement convenu de dépasser les malentendus et s’inscrire dans une dynamique de reprise. Ce retour consiste pour les Ptf à passer l’éponge sur les malentendus, tandis que les autorités maliennes peuvent en jubiler et prendre une revanche sur les vagues de critiques drainées par l’épisode.

ministre Economie  Finances madame  Mme Bouare Fily Sissoko

Ce sont des représentants du gouvernement décomplexés jusqu’au triomphalisme qui sont apparus, vendredi, aux côtés du chef de file des Ptf, lors de la conférence de presse consécutive à la rencontre du happy-end. Aux yeux de la ministre de l’Economie et des finances, Bouaré Fily Sissoko, il y a de quoi jubiler après une délivrance qui consacre la mainlevée des bailleurs sur les appuis budgétaires gelés suite aux commandes scandaleuses de l’avion présidentiel et des fournitures militaires. Avec le retour de Ptf, le Mali pourra disposer, pour l’année 2015, de plus de 95 milliards Fcfa, une manne déjà décaissée ou en voie de l’être, depuis le déblocage annoncé par le Fmi un appui d’environ 6 milliards Fcfa.

En tout état de cause, le retour des Ptf est plus important que les sept mois de suspension d’aide budgétaire qui ont causé des soucis à l’économie malienne qui, selon la ministre des Finances, n’a dû son salut qu’à un recours au marché sous-régional. Et d’ajouter que toutes les mesures correctives exigées par les partenaires ont été satisfaites, du moins pour celles qui ne tiennent qu’à des procédures. Quid des sanctions auxquelles les autorités maliennes ont souscrit ? La volonté de passer l’éponge sur le passé est telle que les parties ont pu convenir de les laisser, qu’elles sont tributaires des procédures judiciaires sur lesquelles les autorités n’ont logiquement aucune prise dans un Etat de droit.

Pour le représentant du chef de file des Ptf, le partenariat avec le Mali n’a du reste jamais été rompu au-delà de l’appui budgétaire. Et M. Paul Noumba Houm de renchérir et laisse entendre que l’épisode aura mis en exergue la grandeur des autorités maliennes et leur attachement à la transparence.

Sans lever les équivoques et zones d’ombre, le retour des bailleurs est quand même perçu comme un motif d’exulter pour les deux représentants du gouvernement. Avec des accents trop triomphalistes, Mme Bouaré Fily Sissoko et Mahamane Baby n’ont pu se retenir de gloser sur la posture très peu bienveillante de la presse tout au long du malheureux épisode. Le porte-parole du gouvernement compte même sur un rachat de la part des media maliens, tandis que la ministre de l’Economie et des Finances pousse le dépit au point de rappeler à la presse qu’elle est redevable d’une attitude plus reconnaissante envers un Etat qui la gratifie annuellement d’une aide publique. Au demeurant, sans les directives du président de la République, a-t-elle laissé entendre, certaines attaques médiatiques auraient pu déboucher sur des actions judiciaires contre leurs auteurs.

Tous admettent pourtant la réalité des 29 milliards Fcfa imputés aux surfacturations et que le Fmi a exigé de déduire du marché de fourniture des armements des 69 milliards Fcfa. Mme Bouaré Fily Sossoko a d’ailleurs daigné dissimuler la grande confusion qui entoure la question ainsi que la gêne qu’en éprouve l’Etat malien face à des fournisseurs qui ne renoncent au moindre rotin, ni du capital investi ni de leur marge bénéficiaire. Qui se chargera alors de régler le gap ? La ministre de l’Economie et des Finances a rassuré que le gouvernement fera tout son possible pour ne pas paraître «un Etat voyou» irrespectueux de ses engagements. Faute d’orientations claires et précises du côté Fmi, le gouvernement envisage de se rabattre sur la Cour des comptes afin de conférer un fondement légal à la démarche qui sera retenue. Et pour cause, approché par les autorités maliennes après une lettre des avocats du fournisseur, le Fonds monétaire se serait débiné, selon Fily Sissoko.

«Il s’agit d’un véritable piège», a reconnu la ministre, qui estime que de la voie de règlement choisie pourrait en découler d’autres malentendus avec le chef de file des Ptf.

Quoi qu’il en soit, la crédibilité du Mali et de ses autorités sera sauve, a-t-elle promis, précisant néanmoins que leur bonne disposition à l’égard des fournisseurs ne vaut que pour leurs factures justifiables.

A.KEITA

SOURCE: Le Témoin  du   8 déc 2014.
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