Après le coup d’Etat de mars 2012, on assista à un pillage systématique des services publics, le palais présidentiel et le secrétariat général de la présidence de la République à Koulouba par des militaires et des membres de la junte. De mémoire de Malien, il n’y a jamais eu pareil pillage ni en 1968 lors du coup d’Etat de Moussa Traoré, ni pendant la révolution de mars 1991 qui a abouti à l’avènement de la démocratie dans notre pays.
Après avoir pris le pouvoir en mars 2012, les membres de la junte basée au Camp Soundjata de Kati se sont lancés dans une course effrénée vers l’enrichissement illicite. Et quotidiennement, des chefs d’entreprises privées, des patrons d’établissements publics, des directeurs de banques étaient convoqués à Kati pour subir des intimidations et des chantages afin qu’ils la main à la poche.
Ainsi, l’on apprend que le directeur d’une grosse boîte publique siégeant au quartier ACI 2000 de Bamako a été obligé d’amener 100 millions de nos francs aux putschistes. Et combien d’autres directeurs d’établissements, particulièrement bancaires, ont apporté à Kati de sommes colossales pour avoir la paix? Et ce conseiller à la présidence qui a été arrêté au moins 4 fois, ou encore le cas de cet ancien Premier ministre qui a reçu la visite chez lui de militaires à la solde de l’ex-junte ? Le tout se faisait sous la menace d’armes.
Par ailleurs, le trésor public était sollicité pour l’approvisionnement d’une autre caisse noire près la junte. Ainsi, on apprend que cette caisse était ravitaillée avec 148 millions, une somme qui devait être destinée à l’entretien des hommes à Kati, à l’allocation de PGA (Primes alimentaires générales), de frais de mission et de primes de servitude, notamment au niveau des check-points érigés pour protéger la Camp Soudjata.
Cette somme servait-elle les hommes? Comment était-elle gérée? Nul ne sait. Pendant plus de 15 mois, ces pratiques de détournement et autre vols déguisés ont surtout profité à une poignée de militaires regroupés au sein de l’ex-junte. Ce n’est pas un secret, à Bamako les principaux responsables de l’ancienne junte sont subitement devenus des propriétaires fonciers. Ils ont honteusement construit des maisons à travers la ville, et particulièrement dans des zones huppées comme l’ACI 2000 et Baco Djicoroni ACI.
A la même époque, certains sous officiers et hommes de rang ont fait de même, et ils possèdent aujourd’hui des bâtiments et autres richesses dont nul ne sait la quantité. Cependant, tous les soldats ne profitaient pas de ce vol organisé. Copié sur maliweb. D’où beaucoup de frustrations au sein de la troupe. Ce qui provoqua aussi les premiers accrochages entre les membres de la junte.
Avec l’évolution de l’affaire dite de disparition de soldats, il y a lieu de s’interroger également sur cet autre crime relatif au putsch du 22 mars 2012: le crime économique. En effet, il serait intéressant que la justice s’intéresse à ces nombreux détournements perpétrés en cette période.
CH. Sylla
SOURCE: L’Aube